Au Libertaire, en contact avec d’autres militants, Almereyda modifia peu à peu ses vues. Le défaut d’organisation qui caractérise les milieux anarchistes lui apparut très clairement. La prise au tas, les groupements par affinité et autres puérilités ne lui semblèrent pas des formules satisfaisantes. Bientôt il rêva d’une action révolutionnaire plus pratique et plus active, conçue et menée avec méthode.
C’était, en germe, l’Association Internationale Antimilitariste, la Guerre Sociale et les « Jeunes Gardes ».
Rappelons succinctement et simplement les faits. Avec Miguel, nous fûmes des premiers à nous occuper du fameux congrès antimilitariste d’Amsterdam, ce congrès pour lequel Clemenceau, « tapé », donna généreusement un louis, et d’où sortit l’AIA (Association Internationale Antimilitariste). C’est à ce moment que nous rencontrâmes Hervé. Miguel revenait alors d’Amsterdam avec le titre de secrétaire de l’AIA pour la France. De cette rencontre devait naître tout le formidable mouvement antimilitariste qui aboutit à la Guerre Sociale.
Ce que fut l’AIA, la place nous manque pour l’indiquer en détail. Disons seulement qu’on comptait dans son comité des hommes comme Laurent Tailhade, Urbain Gohier, Han Ryner ; des syndicalistes comme Yvetot, Bousquet, etc. Après quelques mois d’existence plutôt pénible, l’AIA porta un grand coup avec l’affiche rouge, qui valut des condamnations variées à vingt-six de ses signataires, dont Eugène Merle et Louis Perceau. Almereyda récolta trois ans et fila sur Clairvaux.