Cette condamnation, pour détention d’explosifs, d’un gosse de seize ans, c’est déjà assez joli. Pourtant il y a mieux. Lorsque Almereyda passa aux assises, en 1908, l’avocat général Frémont cru devoir lui rappeler une condamnation pour recel. Mais laissons la parole à l’accusé :
Voici les faits j’avais 17 ans. Un enfant, oui, un enfant, je ne cache rien, ne voulant pas paraître me faire meilleur que je ne suis, un enfant déroba à sa famille une pièce de 20 francs et me confia cet or. J’eus tort, sans doute, j’eus tort, non au point de vue de la morale bourgeoise, mais suivant ma propre morale à moi. Dans le moment de l’affolement, les parents, lorsqu’ils apprirent que j’avais reçu cette somme, portèrent plainte. C’est alors qu’il y eut une explication. Et lorsque les victimes du larcin virent la puérilité du fait, ils s’empressèrent de retirer leur plainte...
Malgré cela, Almereyda fut condamné à deux mois de prison, sans sursis.
Cinq minutes suffirent à mon aréopage pour m’octroyer deux mois de prison sans sursis. Sans sursis ! La faveur qu’on accorde à l’apache, on me la refusait. Pourquoi ? parce que les rapports de police, lus par le tribunal, disaient de moi : anarchiste dangereux, habitué de réunions publiques.
On conçoit sans peine que de tels procédés n’étaient pas faits pour réconcilier le révolté avec la société. Bientôt Almereyda qui, tout en s’efforçant péniblement d’assurer son existence, complétait son éducation philosophique et politique, donnait ses premiers articles au Libertaire.