Militant bien connu pour qui, malheureusement, les renseignements biographiques précis sont insuffisants.
Il appartenait à l’intelligentsia moyenne qui, aux années reculées de l’« aller au peuple », manifestait un rare idéalisme déchirant les diplômes pour rompre avec tout privilège et partager entièrement la vie laborieuse des travailleurs.
Très jeune encore, il prit part, en tant que guérillero. au mouvement révolutionnaire pour la libération nationale de Macédoine.
Comme libertaire, Christo Manolov est pour une organisation structurée et il ne voyait dans le révolutionnaire qu’un homme totalement engagé, entièrement « consacré à la révolution ».
Arrêté après un incident avec la police, il se jeta d’une fenêtre de la Sûreté Nationale. Par miracle, il ne mourut pas.
Pendant les sombres jours de la grande terreur policière et des « disparitions sans traces », Manolov se réfugia en Yougoslavie et rejoignit le groupe libertaire important de Veliki-Beckerek. Il y travailla, comme tous les autres, à la gare et au port, comme débardeur, jusqu’à la ré-émigration en France, en 1927-1928.
Avant, en 1926, il s’était rendu clandestinement en Bulgarie avec une mission de l’organisation : constituer un comité de secours aux camarades persécutés, emprisonnés, malades, ainsi qu’à leurs familles et aider financièrement la publication de l’hebdomadaire Ouvrier Libre qui commençait à paraitre la même année (1926).
Mission accomplie, il retourna de la même façon en Yougoslavie. En France, il demeura dans différentes villes : Paris, Toulouse, Béziers et plus longtemps à Cannes. Il changea deux fois de nom : Dobri Banov d’abord, puis Vladimir Vodenitcharov. C’est sous ce deuxième nom qu’il sera expulsé de France en 1937, à la suite d’une dénonciation. La police avait été informée de sa collaboration pour l’établissement d’un passage clandestin des volontaires de Bulgarie en Espagne.
Pendant tout son séjour en France, Christo Manolov avait organisé avec d’autres camarades des entreprises de production de chaussures tressées : à Paris, à Béziers, à Cannes, sous forme d’une coopérative dans ces deux dernières villes. Ces entreprises importantes (celles de Béziers et de Cannes faisaient des chiffres d’affaires dépassant plusieurs millions de francs) donnaient du travail à des dizaines de réfugiés (et non seulement bulgares et libertaires, mais aussi serbes, communistes, agrariens et sans parti).
Revenu en Bulgarie, après son expulsion, il reprit ses activités de militant, jouant un rôle important d’organisateur de la jeunesse dans sa région natale (Doupnitsa) au sud-ouest de la Bulgarie.
Sous le régime bolchevique, il eut pour « récompense » de ses mérites révolutionnaires plusieurs années d’internement dans les camps de concentration à son âge avancé.