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Si le nom et l’œuvre de Manol Vassev incarnent le militant syndicaliste de l’anarcho-syndicalisme bulgare, c’est Pano Vassilev qui représente l’anarcho-syndicalisme comme tendance de l’anarchisme en Bulgarie, introduite par lui, vers les années 1926.
Né le 17 octobre 1901, à Lovetch, d’une famille de petits artisans (son père était courroyeur-sellier). Il embrassa les idées libertaires au lycée de sa ville natale.
Cherchant des aventures, comme beaucoup de jeunes, après la Première Guerre mondiale, il partit, en compagnie de Boris Chivatchev, devenu écrivain à la suite de ce voyage, pour l’Argentine, en novembre 1920 et il resta dans ce pays quatre années, en travaillant comme manœuvre. A cette époque, la section argentine de l’A.I.T.-F.O.R.A. était très forte et menait des luttes glorieuses. C’est sous l’influence de cette organisation et en contact avec ses militants que Pano Vassilev forma sa conception de syndicaliste libertaire. De retour en Bulgarie, il s’arrêta un certain temps en France, établit des rapports avec Pierre Besnard et ses amis, lut des publications syndicalistes et enrichit ses connaissances du syndicalisme.
A partir de 1926, Pano Vassilev mena à Sofia une propagande intense et fructueuse parmi les anarchistes, les ouvriers et les étudiants, principalement par conférences, causeries et polémiques à la maison de la culture (Tchitalitché) « Christo Botev » dans le quartier ouvrier et populaire de « Utchbounar ».
Bon conférencier et polémiste, connaissant bien l’anarchisme et le marxisme, ainsi que l’histoire du mouvement ouvrier et ses luttes dans le monde, il dominait l’auditoire à toutes les réunions publiques. Par sa voix chaude et par ses arguments solides, il attirait beaucoup de sympathies et il devint la vedette dans les polémiques avec les marxistes, gagnant rapidement un nombreux public. Soutenu par un groupe de camarades qui partageaient ses conceptions, Pano Vassilev lança des revues et des journaux auxquels il collabora régulièrement. Ainsi, la propagande anarcho-syndicaliste prit de l’ampleur. Auteur du premier ouvrage en Bulgarie sur « les Soviets », il s’éleva au rang de grand militant ouvrier ; son nom et sa personne devinrent la cible de la réaction qui ne cessa pas à cette époque trouble de chercher ses victimes.
Délégué bulgare au congrès de l’A.I.T. de Madrid, en 1931, dès son retour en Bulgarie, Pano Vassilev publia une série d’articles qui informaient largement le mouvement libertaire et la classe ouvrière sur l’Internationale anarcho-syndicaliste et, en particulier, sur le mouvement syndical en Espagne. En 1933, la fédération des associations ouvrières autonomes, récemment fondée à Sofia, fit imprimer quelques semaines avant le 1er mai, un appel, afin d’éviter la surveillance de la police à la veille de cette date. Pano Vassilev se rendit à l’imprimerie le soir du 13 avril pour emporter l’appel. Suivi par un agent de police, il fut tué en plein centre de la capitale.
