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Boris Yanev (1900-1957)

samedi 27 janvier 2024, par Georges Balkanski (CC by-nc-sa)

Abordant l’une des dernières de ces esquisses biographiques, la main de l’auteur tremble d’émotion en pensant que vingt-trois ans se sont écoulés depuis la mort de ce militant, sans annoncer cette grande perte pour le mouvement, afin de préserver la sécurité de ses proches. C’était une nécessité qui nous imposait ce silence.

Né à Pazardjik, en novembre 1900, Boris Yanev fréquenta l’école primaire et le lycée de sa ville natale et fit, par la suite, ses études supérieures d’ingénieur électricien en Allemagne. Il devint anarchiste au lycée. Pendant son séjour en Allemagne, il se lia d’amitié avec d’autres libertaires bulgares ; faisant partie de l’Union anarchiste bulgare à l’étranger et du Comité d’aide aux persécutes, ainsi qu’avec les libertaires allemands. Il fut l’un des plus actifs militants étudiants.

Revenu en Bulgarie, il résida un certain temps à Sofia et fit connaissance de Vassil Ikonomov qu’il hébergea très souvent.

Boris Yanev

Vers 1927-1928, Boris Yanev se rendit en France et travailla connue ingénieur-électricien à Paris, maintenant des relations très suivies et étroites avec les libertaires français.

Calme, silencieux et extrêmement modeste et discret, il appartenait à cette catégorie d’hommes qui, tout en étant très actifs et accomplissant des tâches délicates et responsables, passent presque inaperçus. Mais, pour les militants actifs, ils ne restaient jamais inconnus.

Après son deuxième retour en Bulgarie, l’ingénieur Yanev travailla à la centrale « Vatcha » où, si nous ne nous trompons pas, le trouva l’arrivée au pouvoir des communistes, le 9 septembre 1944.

Il participa à la conférence nationale clandestine à Lovetch, en août 1932, comme délégué de Pozardjik et assuma la tâche de protection de la conférence. Très estimé par ses collègues pour sa compétence professionnelle, on lui confia la responsabilité du poste de haute-tension au Ministère de l’électricité, qu’il occupa jusqu’à la fin de sa vie. Ses fonctions, l’obligeant à voyager souvent à travers le pays, lui permettaient d’accomplir un rôle délicat et extrêmement utile pour le mouvement libertaire clandestin. Il maintint pendant douze ans les relations clandestines avec l’étranger, envoyant et recevant souvent deux messages par semaine et facilitant la réception et la répartition de l’aide en médicaments et en argent de la Commission d’aide aux antifascistes de Bulgarie, dont le siège était à Paris. C’est justement dans ce domaine d’activités que s’exprimèrent ses mérites de militant responsable de la F.A.C.B.

Les messages codés de Boris Yanev, contenant des informations précises sur la situation, les répressions, la terreur, les arbitraires de la dictature en Bulgarie, pendant la période de 1946 à 1957 représentent un volume décrivant l’histoire du régime stalinien, sous lequel notre peuple et notre mouvement ont vécu et continuent encore de souffrir. C’est le monument qu’il s’est élevé lui-même, de ses propres mains, notre inoubliable Boris Yanev.