Vassil Ikonomov, le fondateur du mouvement des guérilleros dans les années du coup d’État de 1923, était l’une des figures les plus intéressantes du mouvement révolutionnaire contemporain. Par sa capacité d’organisateur, par son audace, sa volonté et son caractère, par son dévouement à la cause à laquelle il avait consacré toute sa vie et par sa sincérité et son honnêteté la plus pure, il pourrait être comparé à Vassil Levski de l’époque de la renaissance politique avant la libération nationale de la Bulgarie.
Né à Aïtos, le 9 août 1898, où son père était employé des postes, il fut un brillant lycéen, mais la première déflagration mondiale l’empêcha de faire des études supérieures. Il fit son service militaire à l’École supérieure des officiers et fut nommé officier pendant la guerre.
Encore enfant, il est passionné de sport et de chasse. Plus tard, comme soldat et guérillero, il jouit de la réputation d’excellent tireur. Solide, énergique et dynamique, Ikonomov incarnait l’homme débordant de besoin d’activité.
Après la démobilisation, dégoûté de la guerre et du militarisme, indigné et horrifié de la misère du peuple, il chercha et trouva le milieu le plus approprié pour la manifestation de sa personnalité pleine de vie. Sa rencontre avec Michel Guerdjikov le fit adhérer à l’anarchisme, en 1919, lorsque la F.A.C.B., récemment fondée, publiait à Sofia son organe, l’hebdomadaire Réveil.
Partisan du terrorisme révolutionnaire, Ikonomov se distingua par le refus catégorique de la terreur individuelle sans motif et par son attachement exclusif aux actes collectifs, liés aux intérêts et au développement du mouvement anarchiste. Ses actes terroristes, réalisés tous sans intérêt personnel, sont innombrables et indescriptibles. En tant que terroriste, il travailla pour le rassemblement de tous les terroristes sur le plan national. Il les aida matériellement, leur fournit des armes et leur trouva des logements clandestins, etc., etc. (Une comparaison avec Durruti, de tous les points de vue, même dans son apparence physique, servirait de juste illustration.)
Tout en étant un hors-la-loi, il participa à la propagande légale et maintint des relations avec beaucoup d’hommes publics. Il se lia d’amitié même avec le leader marxiste Georges Bakalov, avec le professeur Paraskev Stoyanov, Kilifarski, et d’autres qui ne refusaient pas de lui rendre des services précieux et risqués. Comme organisateur des compagnies de guérilleros où participèrent avec les anarchistes, des communistes, des membres du parti des paysans et des sans-parti, il avait agi principalement dans la région de la montagne de Sredna-Gora, patrie de son père. Il prit une part active dans l’insurrection de septembre 1923 et participa au terrorisme révolutionnaire avant et après l’attentat à la cathédrale de Sofia, en avril 1925. (Mais il était adversaire du « Front Uni » proposé et pratiqué par les communistes.) C’est lui aussi qui organisa la tentative de capture et de prise en otage du roi Boris, avant le même attentat.
Poursuivi par plusieurs meutes paramilitaires et par l’armée, il fut tué dans des circonstances mystérieuses et par surprise (trahi, peut-être, par un communiste qui l’avait hébergé), le 20 juin 1925, alors qu’il prenait un bain dans la rivière près du village de Bélitsa, canton de Ihtiman. (A ce même endroit, une plaque commémorative fut posée sur un grand rocher par ses camarades.)