Louise Michel naît en mai 1830 au château de Vroncourt (Haute-Marne), où sa mère Marianne Michel était domestique. Fille naturelle du châtelain ou, plus vraisemblablement de son fils, elle jouit néanmoins de l’affection des Demahis qu’elle appelle grand-père et grand-mère. Bonne élève, elle décide dès 1845 d’être institutrice et quitte Vroncourt pour Chaumont où elle prépare son brevet d’institutrice. Elle enseigne dès 1852 à Audeloncourt. Puis, après avoir subi des réprimandes des autorités en raison des libertés qu’elle prend avec l’enseignement bonapartiste ; elle part enseigner à Paris en janvier 1857.
Le 10 janvier 1870, à Paris, les obsèques du journaliste Victor Noir, assassiné par Pierre Bonaparte, donnent lieu à une manifestation de près de 200 000 personnes où défilent républicains et révolutionnaires qui souhaitent la chute de l’Empire. Louise Michel y participe, habillée en homme, un poignard sous son manteau. Mais le pouvoir impérial tient bon, les grèves qui se multiplient sont réprimées et l’opposition révolutionnaire conduite en justice. L’Empire déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870 ; le 2 septembre, Sedan capitule et Napoléon III est fait prisonnier... La République est proclamée le 4 septembre et des républicains modérés forment un gouvernement de Défense nationale. Le 10 mars 1871, l’Assemblée nationale s’installe à Versailles, le 11 mars les journaux républicains sont suspendus et, le 18, Thiers, chef du pouvoir exécutif ordonne de désarmer la Garde nationale à Montmartre : l’insurrection se généralise à Paris où les soldats fraternisent avec le peuple et la Garde nationale. Le 28 mars 1871, la Commune est proclamée.
Louise Michel mène alors une vie de soldat et d’ambulancière, participant âprement aux combats qui opposent les communards aux versaillais. Echappée miraculeusement des derniers combats, elle apprend que les troupes versaillaises ont arrêté sa mère. Aussitôt, elle va se livrer afin de la faire délivrer. Son procès s’ouvre le 16 décembre et, durant son interrogatoire, celle qui a refusé de prendre un avocat, brave le 6e conseil de guerre de Versailles. Elle déclare, entre autres : J’appartiens tout entière à la révolution sociale et je déclare accepter la responsabilité de tous mes actes. (...) Faites de moi ce qu’il vous plaira. Prenez ma vie si vous la voulez (...) Si vous me laissez vivre, je ne cesserai de crier vengeance.
[1] La sentence tombe alors : Louise Michel est condamnée à la détention perpétuelle dans une enceinte fortifiée.
Après avoir été incarcérée près de deux années à la centrale d’Auberive, elle embarque avec tant d’autres sur La Virginie à destination de la Nouvelle-Calédonie. Le voyage, qui devait durer près de quatre mois, s’effectue dans des conditions difficiles. Débarqués sur la presqu’île Ducos, Louise Michel, Nathalie Lemel et Henri Rochefort retrouvent de nombreux autres condamnés partis dès 1872 . Sur place, elle est l’une des rares, avec Charles Malato, à s’intéresser au mode de vie, aux coutumes ou à la langue des Canaques. Aussi en 1878, lors d’une révolte qui secoua l’île, Louise Michel est la seule à prendre fait et cause en leur faveur. Le 14 juillet 1880, l’amnistie des communards est décrétée en métropole, Louise Michel se décide alors à partir rapidement —sa mère étant malade—, tout en promettant aux Canaques venus saluer son départ de revenir dans l’île. Le 9 novembre, elle arrive à la gare Saint-Lazare où l’attend une foule de militants, d’amis, de journalistes et de curieux —près de six à huit mille personnes.
Dès le 21 novembre 1880 —sous surveillance policière permanente—, elle reprend ses activités militantes, faisant de nombreuses conférences. Outre les meetings, où elle affirme ses idéaux libertaires, elle participe à de nombreuses manifestations qui lui valent parfois d’être conduite en prison. Epuisée par ses tournées de conférences, elle s’éteint entre deux réunions publiques à Marseille le 9 janvier 1905.