A la différence des autres militants libertaires du mouvement révolutionnaire macédonien qu’il nous reste à présenter, Jules-César Rozental eut, outre cette participation et les mérites de combattant pour la libération nationale de la Macédoine, une participation importante à la constitution des premiers groupes libertaires en Bulgarie.
D’origine polonaise, fils d’un révolutionnaire russe distingué, réfugié en Bulgarie, il était né le 14 juin 1872 en Sibérie (à Irkoutsk) où son père, le docteur Auguste Von Rozental, était déporté à vie pour ses activités révolutionnaires.
Poète talentueux comme son père, Jules laissa un recueil de vers, publié après sa mort, préfacé par l’écrivain Antan Strachimirov, en 1904, sous le titre de Chants Inachevés. Jules-César Rozental adhéra au mouvement révolutionnaire macédonien en 1903, en s’inscrivant à la compagnie de miliciens du libertaire Nicolas Detchev, de Stara-Zagora. Celle-ci passa la frontière pour entrer en Macédoine en même temps que les compagnies de Tomas Pojarliev, Enidjé Vardar et de Grigor Monassiev de Kratovo, fin août 1903. Le 10 septembre, elles rencontraient les restes éparpillés des compagnies de Christo Tchernokolev et de Nicolas Gekov. Celui-ci, très proche de Nicolas Detchev, lui conseilla de retourner, afin de ne pas donner des victimes inutiles. Et Detchev dut lui répondre : Nous savons que nos compagnies ne détruiront pas l’Empire turc. Il est sûr que nous donnerons des victimes. Mais nous sommes partis justement pour donner des victimes, n’est-ce pas ? Car telle est la route de la liberté. Le sang versé volontairement porte toujours ses fruits !
La nuit du 11 au 12 septembre, toutes les compagnies unies, liées à la population révoltée, engagèrent une bataille terrible, près du village de Loukovo. Beaucoup de victimes tombèrent des deux côtés : plus de 400 Turcs et 113 miliciens bulgares. Nicolas Detchev lui-même fut parmi eux.
Gravement blessé, Jules-César Rozental pria ses camarades de le laisser et de se sauver... C’est de cette façon héroïque qu’il expira le 14 septembre 1903.
Le père de Jules, médecin, exerça sa profession dans plusieurs localités de Bulgarie : Gabrovo, Kilifarevo, Letnitsa, Dolna-Orehovitsa, Gorna-Orehovitsa, Pleven, Razgrad, Kazanlik. Son fils Jules l’accompagnait et semait les premières graines de l’anarchie...