La parution de La Révolution inconnue doit beaucoup à un individu : Jacques Doubinsky. Né le 26 mars 1889 dans une famille d’artisans juifs, il fait ses études dans une école professionnelle d’Odessa. Très jeune, il entre dans le mouvement syndical. Lorsque le soulèvement makhnoviste enflamme l’Ukraine, il rejoint les paysans insurgés. Pourchassé par les bolcheviks, Jacques Doubinsky se réfugie en Bulgarie et milite dans le mouvement libertaire jusqu’au coup d’État en 1923. Il est arrêté, torturé et réussit à s’évader. De Bulgarie, il gagne la France où il retrouve les communautés bulgares, russes et « yiddischistes » en exil ; c’est là qu’il se lie d’amitié avec Voline. Il vit de cent métiers : travail à la chaîne, tressage de chaussures, confection et dessins sur tissu (où il travaille avec Lucien Daurat [de son vrai nom Lucien Feuillade] et Charles Ridel [alias Louis Mercier Vega]). Avec sa femme Rosa, il anime la bibliothèque anarchiste juive l’Autodidacte. Ils s’occupent par ailleurs de la commission d’entraide des exilés.
Après la guerre, Jacques Doubinsky regroupe les compagnons de Voline au sein d’une association : Les Amis de Voline, qui édite son étude sur la révolution russe. A cette même époque, il s’occupe du groupe anarchiste juif La Libre Pensée, avec David et Golda Stenner. Il rédige, avec ses compagnons de la commission d’aide aux antifascistes bulgares, la brochure Bulgarie, nouvelle Espagne et s’occupe également de l’accueil des réfugiés bulgares, qui fuient la dictature communiste. Jacques Douinsky voyage à de nombreuses reprises aux États-Unis, d’où il rapporte le dernier message de Rudolf Rocker. Il meurt le 18 février 1959. Son petit-fils Sébastien publie, en 1994, un roman qui retrace son épopée : Les Vies parallèles de Nikolas Bakhmaltov.
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