Entre-temps, Malatesta reconstruisait la section napolitaine, sous le titre Federazione Operaia Napoletana, vers décembre 1871 ; le programme portait dix signatures, dont celles de Malatesta et de Cafiero, studente. Écrit avec quelque prudence, il combine les Considérants de l’Internationale, (1864) et les idées de Bakounine, dites alors anarchisme collectiviste. Sinon composé par Malatesta en entier, il peut être considéré comme le premier écrit que nous connaissions de lui. (Je l’ai reproduit dans mon livre, en italien, sur Bakounine et l’Internationale en Italie, Genève 1928, XXXI ÷ 397 pages — le numéro spécial du Semeur contient, sur Malatesta, une traduction française de ce programme). Pour des raisons que nous ignorons, Malatesta n’assista pas à la Conférence de Rimini où fut constituée la Fédération italienne, mais il fut nommé à la Commission de Statistique. En septembre 1872, il est un des dix Italiens qui se rencontrent à Zurich avec Bakounine et les délégués de la Fédération espagnole, pour constituer l’Alliance des socialistes révolutionnaires, sur la hase des anciens liens secrets datant de 1864. Le voilà donc, à moins de 19 ans, au cœur du mouvement anarchiste international, et se liant particulièrement avec les Espagnols, dont il suivait les publications périodiques depuis un an. Déjà, en mai 1871, il souscrivait à la Solidarité de Genève par l’intermédiaire de Palladino.
Il prit part, avec Bakounine, les Jurassiens et les autres anti-autoritaires au Congrès international, tenu à Saint-Imier (Jura bernois), en septembre 1872, congrès qui, comme protestation à celui de La Haye, formula, avec une netteté classique, les idées de l’Internationale véritablement indépendante, donc nécessairement anti-autoritaire (Voir l’Internationale de Guillaume, tome III).
J’omets dans cet article les indications détaillées sur la vie et les écrits de Malatesta, pour me borner à l’évolution de ses idées et à ses tentatives d’action ; on peut trouver ces renseignements dans le livre que j’ai publié, (en allemand, en 1922, 178 pages, en espagnol, 1923, 233 pages). Prison, voyages, exil à Londres se succèdent, mais toujours la propagande par l’écrit et la parole occupe son activité.