Nous le retrouvons à Naples où il travaille à la résurrection de l’Internationale dans le pays, et c’est alors que naquit, dans les conversations entre amis, la conception de l’anarchisme communiste, telle qu’elle avait déjà été formulée au début de cette même année 1876 par Dumartheray à Genève, et exprimée aussi en mars à Lausanne par Élisée Reclus qui couvait probablement cette idée depuis longtemps, et qui même sans l’avoir professée publiquement n’en n’avait jamais conçue d’autre. Malatesta s’exprime ainsi plus tard : En Italie, nous fûmes quelques-uns (Cafiero, Covelli, Costa, le soussigné peut-être un ou deux autres que j’oublie) qui décidâmes d’abandonner le collectivisme, alors professé Par toute l’Internationale, et fîmes accepter le communisme aux délégués du Congrès de Florence (1876) et partant à toute la Fédération italienne de l’Internationale
. Kropotkine ne se prononça pour le communisme anarchiste immédiat qu’en mars 1880. En Italie cette question fut bien débattue entre anarchistes et collectivistes autoritaires (à Milan), mais en général les persécutions et autres difficultés des années qui suivirent 1876 empêchèrent d’abord de l’approfondir.
Nous possédons quelques impressions sur Malatesta dans le compte rendu du Congrès de Berne, octobre 76 : il y prit part, mais déjà sa véritable activité allait aux préparatifs d’une insurrection générale en Italie pour l’année suivante. Si, en 1874, l’idée de Costa avait prévalu, acceptée par Malatesta à sa sortie de prison, en 1876 le projet est discuté par Malatesta, Cafiero et autres, Costa s’abstenant de participer à l’action décidée. En 74, on avait essayé d’obtenir la coopération de partis avancés, en 76 on voulut agir seul et socialement, avec le peuple seul. Le plan adopté remonte sans doute aux conceptions de pratique révolutionnaire de Bakounine ; il s’agissait de créer un foyer d’insurrection agraire dans un district éloigné et peu accessible pour que la révolte puisse durer jusqu’à l’éveil de l’opinion publique dans beaucoup d’autres localités, villes et campagnes ; des mouvements préparés auraient alors éclaté un peu partout. Par suite de la trahison d’un paysan, il fut nécessaire de précipiter le premier mouvement local et dans des conditions défavorables. Il y eut une randonnée dans le massif du Matese, province de Benevent, et toute la petite bande fut arrêtée avril 1877. Le jugement est d’août 78 ; le jury prononça l’acquittement général.