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Kropotkine : Un géographe novateur

Dessin de Fred Sochard

jeudi 15 août 2024, par Philippe Pelletier (CC by-nc-sa)

Le théoricien et le militant anarchiste Pierre Kropotkine (1842-1922) fut un géographe réputé, comme son compagnon Elisée Reclus (1830-1905). Leurs contributions furent cependant oubliées par leurs pairs scientifiques. Les raisons en sont multiples, liées d’une manière générale à leur engagement politique.

Reclus reste le plus connu des deux parmi les géographes d’aujourd’hui. Il le doit à son œuvre immense, davantage consacrée à la géographie qu’à l’anarchisme proprement dit. Non que Kropotkine ait moins écrit : mais, incontestablement, ses travaux échappent à un champ académique trop précis. Kropotkine avait une marge de manœuvre beaucoup plus grande. Il fut moins soumis aux exigences des universitaires ou des éditeurs que Reclus (qui pratiqua de fait une certaine auto censure). Son objectif était donc plus large, politico-scientifique : Donner une base scientifique à l’anarchisme par l’étude des tendances apparentes dans la société qui puissent indiquer son évolution ultérieure (1905).

Richard Peet

Plus que chez Reclus, on peut difficilement séparer chez Kropotkine la théorie géographique de la théorie anarchiste. C’est ce qui a accéléré sa marginalisation scientifique. C’est aussi ce qui en fait aujourd’hui toute la richesse, au moment où le champ de la réflexion épistémologique est définitivement ouvert à celui des idées politiques.

Du coup, Pierre Kropotkine est redécouvert par un certain nombre de chercheurs qui se revendiquent de la géographie radicale. A tel point que l’un des plus connus d’entre eux, Richard Peet, lui dédie un livre (Radical Geography, 1977).

Une vision géographique élargie

— De la géographie physique classique...

La formation initiale de Kropotkine est celle de la géographie physique. Elle s’accomplit en trois temps : d’abord sur le terrain au cours de son séjour en Sibérie en tant qu’aide de camp du gouverneur militaire de la région, de 1862 à 1867. Ensuite à Saint-Pétersbourg auprès de la Société russe des géographes, dont il refuse d’ailleurs le poste de secrétaire en 1874 par respect pour son engagement politique récent. Enfin, lors de son exil en Europe à partir de 1876, il continue d’écrire des articles sur la question, notamment par l’intermédiaire des géographes anglais avec lesquels il est très lié. Il n’adhère pas pour autant à la Royal Geographical Society (rien que le titre !).

Selon le géographe S. R. Potter, l’apport théorique de Kropotkine est triple dans le domaine de la géographie physique : l’orographie asiatique (Kropotkine suppute même l’existence d’un archipel dans l’océan Arctique qui sera confirmée), la dessication eurasienne et la glaciation. Pour la géographe Olga Alexandrovskaya, Kropotkine peut à bon droit être considéré comme le fondateur de la théorie glaciaire, c’est-à-dire la théorie de la glaciation quaternaire continentale (...) Sa section Sur les fondements de l’hypothèse de la période glaciaire dans les Etudes sur la période glaciaire est de première importance scientifique (...) Son analyse d’ensemble est encore valide aujourd’hui.

— ... à la géographie humaine pluridisciplinaire

La collègue soviétique est beaucoup plus discrète sur les autres aspects géographiques des travaux de Kropotkine. Car celui-ci ne s’en tient pas seulement à une approche étroitement géophysique. Sa vision est large. Il répugne même à tout étiquetage formel. C’est particulièrement net dans l’article pédagogique qu’il écrit sur « L’enseignement de la physiographie » (1893, Geographical Journal). Partant du concept et de la discipline proposés par Huxley (la physiographie : une sorte de sciences naturelles complètes), il en arrive finalement à la géographie pure et simple, même s’il privilégie, dans ce cas précis, l’aspect géophysique.

Pierre Kropotkine

Le cadre où Kropotkine publie ses travaux montre bien, au-delà du thème proprement dit, qu’il a une approche globale des choses. Des écrits comme L’aide mutuelle, Champs, usines et ateliers ou La science moderne et l’anarchie, plus connus des anarchistes que ses écrits classiquement géographiques, sont d’abord publiés dans la revue scientifique, pluridisciplinaire et libérale Nineteen Century, aux côtés d’articles sur « Les ressources du Canada ». Ils seront ensuite réédités sous forme de livre.

Avec ses travaux sur la Révolution française ou sur les communes du Moyen Age, Kropotkine pourrait être considéré comme un historien. Avec ses travaux sur l’entraide dans les communautés animales, il pourrait être considéré comme biologiste. Avec ses écrits de propagande : essayiste, politologue. Avec son Ethique  : philosophe. Kropotkine est tout cela mais ce qui fait indiscutablement le lien, c’est son approche géographique, son souci constant de localiser, spatialiser les phénomènes, d’établir concrètement le lien entre l’homme et la nature. Là où les marxistes échouent à force d’historicisme absolu, de moulinette dialecticienne et de déterminisme géographique posé comme condition préalable (la forme sociale dépend du mode de production, lequel est déterminé par « l’environnement naturel », cf. Marx dans Le Capital), Kropotkine réussit une approche interrelationnelle.

Il se fonde sur la méthodologie scientifique fondamentale dite inductive/déductive (traitements des faits, élaboration d’une théorie, vérification, réutilisation ; cf. le célèbre passage dans La science moderne et l’anarchie, 1913). Il opère un va-et-vient constant entre la diversité et la similitude des faits, ce qui lui permet d’établir des typologies géographiques : La première chose qui frappe le géographe lorsqu’il regarde la Terre comme un tout, ce n’est pas tant la diversité des paysages et leurs caractères particuliers que les types bien définis de certains types de paysages et de vues (On the teaching of physiography, 1893).

— ... et globale.

Le divorce entre les sciences humaines — l’histoire, l’économie, la politologie, la morale — et les sciences naturelles fut entièrement accompli par nous-mêmes, surtout au cours de notre siècle, et par l’école qui garde les étudiants de l’Homme en totale ignorance de la Nature, les étudiants de la Nature en ignorance de l’Homme. Cette séparation artificielle disparaît cependant chaque jour. Nous retournons à la Nature. Nous retournons à l’esprit des Grecs qui considéraient l’Homme comme une partie du Cosmos, vivant la vie comme un tout et trouvant le plus grand bonheur dans cette vie (ibid.).

Élisée Reclus,
par Nadar, 1889

Kropotkine ajoute plus loin : Les géographes ont particulièrement contribué à détruire les écrans qui séparaient les deux branches de la science, isolées l’une de l’autre par l’Université . Et de citer Humboldt et Reclus. Pour Kropotkine, c’est la géographie qui opère le lien nécessaire. Non pas la synthèse desséchante et impossible des marxistes (comme l’a si bien démontré Proudhon avec sa dialectique sérielle), mais la richesse et la globalité du réel.

La conception fondamentale des rapports entre l’homme et la nature

Bob Galois a donc entièrement raison lorsqu’il appréhende la géographie de Kropotkine d’après la conception que celui-ci a de la nature. Il est cependant délicat de lui attribuer après-coup des qualificatifs comme « organiciste » ou « holiste » qui sont anachroniques et qui renvoient à des terminologies scientifiques — et des querelles d’école — particulières. La question des rapports entre la nature et l’homme (l’individu, la société) est fondamentale dans toutes les sciences, et singulièrement en géographie où elle constitue le premier domaine empirique. C’est de ses observations sur le terrain, sur les populations animales en Sibérie, que Kropotkine acquiert l’intuition de « l’aide mutuelle » (ou « entraide ») comme facteur d’évolution. Il développera cette théorie par la suite en l’étendant du règne animal au règne humain.

– Une nature sociale et morale.

Pour Kropotkine, la nature n’est ni bonne ni mauvaise, elle est. Elle est d’abord sociale. Loin d’avoir été créée par l’homme, la société existait bien avant l’homme, chez les animaux (La science moderne et l’anarchie, 1913, p. 40). L’homme n’a pas créé la société. La société est antérieure à l’homme. (L’État, son rôle historique, 1906). Elle est en quelque sorte « naturelle ».

Kropotkine définit ainsi le cadre biogéographique de l’individu et de la société. II ne fait pas des trois éléments des oppositions irréductibles mais des champs de force. Il précise d’ailleurs que l’accent mis sur l’entraide ne signifie pas qu’il n’y ait pas d’autres facteurs d’évolution. C’est un contre-poids aux théories élitistes de « la lutte pour la vie » que certains zélateurs avaient tiré, en la déformant, de la théorie darwinienne et avaient appliqué à la société humaine.

De nombreux chercheurs contemporains ont confirmé la thèse de Kropotkine, soit consciemment (Ashley Montagu), soit inconsciemment (M. Wheeler, Emerson, R. Tocquet) — sous des termes parfois différents comme « coopération » (W.C. Allee, zoologiste), « altruisme » (R.L. Trivers, généticien), « appétition sociale » (E. Rabaud, biologiste), « harmonie naturelle et principe de coexistence » (Imanashi Kenji, biologiste et anthropologue) — pour ne citer que ceux-là.

Plus que de rapports homme-nature chez Kropotkine, il faudrait donc parler, en reprenant la magnifique expression d’Elisée Reclus, de nature prenant conscience d’elle-même à propos de l’homme. L’homme est à la fois un sujet et un objet de la nature. Leur fonctionnement est similaire. De même que toutes les transformations de la nature ont des impacts sur chacun de ses éléments, tous les actes de l’homme sont interdépendants de ses autres actes et ont des répercussions sur la société entière. La conséquence est claire sur le plan politique : Il est impossible de réformer une chose sans altérer l’ensemble (La conquête du pain, 1912), c’est en considérant la société comme un tout, que tout service intimement connecté qu’elle rend à un individu est un service rendu à la société toute entière (« The coming anarchy », Nineteenth Century, août 1887).

— Relativité du déterminisme géographique.

Concrètement, les activités humaines ne sont donc que partiellement guidées par les conditions physiques. C’est en dernière instance l’homme (individu ou société) qui décide, d’autant plus que progressent les connaissances scientifiques et techniques.

Au cours de cette évolution, les produits naturels de chaque région et ses conditions géographiques seront sans doute l’un des facteurs qui détermineront le caractère des industries qui s’y développeront. Mais (...) nous nous apercevons qu’en fin de compte c’est le facteur intellectuel (l’esprit d’invention, la faculté d’adaptation, la liberté, etc.) qui domine les autres. Dans Champs, usines et ateliers (1901), d’où est tiré cet extrait, Kropotkine ne cesse de développer de manière sous-jacente cette problématique : il n’y a pas de déterminisme géophysique absolu. Avec sa conséquence : le malthusianisme tel qu’il est conçu par les classes dirigeantes n’est qu’une conséquence de la désorganisation économique, écologique et géographique actuelle. II n’a pas fondamentalement lieu d’être.

La commune et la fédération, unités géographiques

La thèse principale de Champs, usines et ateliers vise la division socio-spatiale du travail. Ajouté aux précédents, cet aspect fait de l’ouvrage une référence préférentielle des géographes radicaux, soucieux d’équilibres régionaux et d’aménagement égalitaire du territoire. C’est le cas de Richard Peet et, surtout, de Myrna Margulies Breitbart.

D’une manière générale, l’œuvre kropotkinienne est traversée par l’attaque contre la division socio-spatiale du travail et par ses incidences sur la décentralisation, le communalisme, le fédéralisme.

  La commune n’est rien sans la fédération.

Pour Kropotkine, l’unité sociale et spatiale minimale (unité géographique dans le langage contemporain), c’est la commune. Là, l’organisation autogestionnaire élimine non seulement l’extorsion de la plus-value faite par le patronat mais également le système qui en est à l’origine grâce à une organisation fondée sur la consommation, une production supprimant au maximum la dichotomie entre agriculture et industrie, et s’appuyant sur l’auto-suffisance, sur la circulation de l’information.

La commune kropotkinienne est le fondement d’un système décentralisé. Mais sans le relais fédéraliste, elle n’est rien. Ce relais opère à trois niveaux : fédération économique (l’idée de Proudhon, réactualisée sous sa forme de tactique révolutionnaire par l’organisation syndicale), fédération communale (ou géographique) et fédération de groupes affinitaires (dans le domaine de la science, de la culture, etc.).

Camillo Berneri.

Contrairement à ce qu’interprètent certains géographes (Richard Peet, K.R. Olwig, voire M. M. Breitbart), le système kropotkinien n’est pas que décentralisation. La relation centre-périphérie fonctionne dans les deux sens, suivant le principe cher à Bakounine. Camillo Berneri ne s’y est pas trompé lorsqu’il intitule son livre : Pierre Kropotkine, fédéraliste (1949). Affirmer, comme le fait le géographe Edward Relph, que Kropotkine fut l’un des premiers et plus forts avocats de l’État minimum est donc un non-sens vis-à-vis de cet an-archiste. Cette interprétation, placée entre des références à l’anarcho-capitaliste Robert Nozick et au jésuite défroqué Ivan Illitch, témoigne d’une confusion idéologique. Elle dénote la force des théories réactionnaires du « small is beautiful ».

 La commune kropotkinienne enracinée dans l’histoire.

Kropotkine inspirera les analyses ou les utopies urbanistes de plusieurs personnalités : Patrick Geddes (1854-1932, qui fréquentait Reclus et Kropotkine ; influencé, d’après W. lain Stevenson, par la théorie de l’entraide, en particulier dans son livre Cités en évolution, et par l’ouvrage Champs, usines et ateliers), Lewis Mumford (né en 1895, qui se réfère au communalisme médiéval et, surtout, au même ouvrage), Paul et Percival Goodman, Ebenezer Howard (1850-1928) et ses « cités-jardin ». A cette importante différence prêt que souligne avec justesse M. M. Breitbart : Kropotkine ne croyait pas que les transformations spatiales pussent se substituer à la révolution sociale.

La théorie communaliste (et fédéraliste) de Kropotkine n’est pas pur idéal ou théorie abstraite. Elle est enracinée dans une analyse de l’histoire. C’est sa force. Dans pratiquement tous ses écrits (en dehors des textes spécialisés en géographie physique), Kropotkine n’eut de cesse de se référer à la grande époque des associations libres du Moyen Age européen et de les étudier : communes, guildes, jurandes, hanses, conjurations, franchises, mutualités, chartes municipales, bref les mille et unes formes de regroupement social libre et volontaire.

Contrairement à ce que pensent de nombreux chercheurs (même s’il y a un changement récent grâce à l’effort de certains médiévistes), le Moyen Age n’est pas une période d’obscurantisme pour Kropotkine. Un Kropotkine d’ailleurs partagé entre son admiration pour la philosophie des Lumières (précurseur selon lui de la science moderne) et pour la commune médiévale (précurseur de l’organisation libertaire future, en tout cas réincarnée par certaines réalisations de la Révolution française, cf. ses nombreux travaux à ce sujet, voire par la Première Internationale).

  La géographie de l’État, la conception du progrès.

L’approche de Kropotkine semble donc plus celle d’un historien mais elle reste géographique à deux niveaux : dans la conception du progrès et dans celle de l’État.

Pour Kropotkine, la réapparition de l’État (sur le modèle de son ancêtre : l’empire romain) est relativement récente (au XVIe siècle précise-t-il dans La science moderne et l’anarchie). Elle se fait au détriment du communalisme médiéval. Historiquement épisodique, bio-géographiquement superfétatoire (la théorie de l’entraide), moralement condamnable (les conséquences éthiques de l’entraide au niveau politico-sociétaire), l’État n’est pas justifiable. Il est condamnable.

Errico Malatesta.
Dessin de Grégory Lê

Pire, il est déjà condamné. Le progrès va dans un autre sens. On peut bien sûr douter que cette vision paradisiaque qui fait paradoxalement écho au matérialisme dialectique historique des marxistes (l’inéluctabilité du socialisme). Malatesta avait d’ailleurs vu juste lorsqu’il relevait le fatalisme théorique et l’optimisme excessif de Kropotkine.

Mais l’analyse scientifique de l’État moderne faite par Kropotkine porte loin en géographie. Il faut se rappeler qu’à la fin du XIXe siècle et au début du XXe de nombreux géographes comme Ratzel, Kwejellen, Huntington, etc., avaient une conception organiciste de l’État. Ils le considéraient comme un produit naturel de l’homme et de la nature, issu d’un territoire physique précis et adapté à celui-ci.

Kropotkine se bat d’abord contre la confusion État et société, caractéristique de la pensée allemande (ce n’est pas un hasard si Ratzel, géographe influent, est allemand et si ses théories seront utilisées par le national-socialisme). Il aborde la question géographique de l’État de manière indirecte, par le biais de la réalité sociétaire des hommes et celui de l’entraide. Il n’évalue donc pas vraiment le rôle des conditions géophysiques dans la formation des unités politiques, tout en sous-entendant implicitement la relativité de leur déterminisme.

 L’internationalisme géographique.

Kropotkine se place en définitive à un niveau supérieur : éthique. Les préjugés nationaux ou raciaux sont non seulement absurdes, a-scientifiques, mais nuisibles. Les frontières sont non seulement incommodes mais meurtrières. Elles ne peuvent correspondre qu’à une réalité conjoncturelle, politique et autoritaire. L’État qui les dessine est l’ennemi géographique et social.

Comme le souligne S. R. Potter, la vision du monde de Pierre Kropotkine est immense — le monde est son village. Là se rejoignent la politique et la géographie. La connaissance du monde et de ses habitants conduit le géographe Kropotkine vers la fraternité universelle et les moyens que celle-ci réclame. La nature est diverse mais une (« l’écosystème », dans le langage contemporain). L’homme aussi.

Jim Mc Laughlin, qui symbolise la nouvelle (et récente) approche qu’ont les géographes vis-à-vis de Kropotkine, vise enfin juste lorsqu’il relie l’anti-social-darwinisme de Kropotkine à son antiétatisme et qu’il conclut par l’opposition entre anarchisme et nationalisme.

Rappelons qu’il ne s’agit pas que de théorie pure : le géographe Kropotkine est, comme Reclus, un voyageur, un exilé, un internationaliste par la vie. C’est le cœur qui parle avec la raison.

Avec Kropotkine, la vieille géographie scolaire en prend un coup et on ne peut s’empêcher de sourire en lisant les critiques qu’il lui porte près d’un siècle avant celles des géographes héritiers de Mai 68 :

L’enseignement de la géographie était placé très bas : la géographie politique, ou ce qui en tenait lieu, n’était qu’une simple collection de noms et un thème entièrement subordonné ; et la géographie physique une collection d’informations, trop abstraites, trop incohérentes, trop vagues, trop superficielles pour être en même temps d’aucune utilité dans l’éducation (1893).

La géographie doit rendre de plus importants services. Elle doit nous enseigner (...) que nous respirons tous le même air, quelle que soit notre nationalité (...), la géographie doit être — dans la mesure où l’école peut faire quelque chose pour contrebalancer les influences hostiles — un moyen de dissiper (..) le préjudice et de créer d’autres sentiments plus valeureux pour l’humanité (1885).

Contrairement à ce qu’écrit son ami le géographe Keltie (1840-1927) dans une nécrologie, il est décidément difficile de prétendre que la consécration de Kropotkine à ses idées politiques a sérieusement diminué les services qu’il aurait pu rendre par ailleurs à la Géographie.

 

Eléments bibliographiques :
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 Stoddart David Ross, 1975, « Kropotkin, Redus, and "relevant" geography », in Area, 7-3, pp. 188-190.

Kropotkine - De l’Entraide à l’Ethique   L’influence kropotkinienne en Asie orientale