Le 31 juillet 1914, le leader socialiste Jean Jaurès est assassiné à Paris. Le lendemain, l’ordre de mobilisation générale est placardée sur les murs de France. Plutôt que d’enclencher le processus d’une grève générale, menace si souvent brandie, les leaders syndicalistes et socialistes s’empressent de reprendre les arguments de la bourgeoisie et, le 5 août, sur la tombe du tribun socialiste, Léon Jouhaux rallie officiellement la CGT à l’Union
sacrée.
La guerre est là
Au même titre que les autres composantes du mouvement ouvrier, les anarchistes seront surpris et dépassés par les événements, par le déferlement du nationalisme et du patriotisme. Impuissance, désarroi furent les sentiments qui prédominèrent. Nous
, constate Luigi Fabbri. Cependant, dès décembre 1914, le premier à réagir en France est Sébastien Faure qui imprime un « Appel aux socialistes, syndicalistes, révolutionnaires et anarchistes », intitulé Vers la
avons été vaincus avant même de nous battre
paix.
En février 1915, dans un manifeste publié à Londres en français, anglais et allemand, et titré L’Internationale anarchiste et la guerre, l’opposition antimilitariste des anarchistes est réaffirmée par trente-six compagnons parmi lesquels figurent des noms aussi connus que L. Bertoni, A. Berkman, E.GoJdman, E. Malatesta, F.D. Nieuwenhuist, A. Schapiro, P. Vallina. Rejetant comme fallacieuse toute distinction entre guerre offensive et guerre défensive, les signataires estimèrent que le rôle des anarchistes n’était pas de soutenir l’une ou l’autres des parties en présence mais de
[2].continuer à proclamer qu’il n’y a qu’une seule guerre de libération : celle qui est menée par les opprimés contre les oppresseurs. D’appeler à la révolte des esclaves contre les maîtres
Mais la lutte des anarchistes (sans oublier les autres révolutionnaires) qui s’opposèrent à la guerre n’est pas le thème de cet article. Qu’il soit seulement dit que nous n’avons pas à rougir de l’attitude majoritairement antimilitariste de ceux qui nous ont précédé et que le lecteur peut se référer à bien des ouvrages [3]. Hélas ! le virus patriotique n’épargna pas tous les libertaires et l’on vit des militants (non des moindres) apporter une caution aux massacres décidés par les bourgeoisies nationales.
Charles Malato s’écriera, dès le 5 août 1914, dans La Bataille syndicaliste devenu l’organe des militants ouvriers ralliés à l’Union sacrée : Debout, pour la liberté universelle !
et ne cessera d’exalter le rôle des soldats de l’Entente qui, à la pointe de leur baïonnettes
apportent la liberté aux peuple éveillés
. Un Charles Albert affirme à ceux qui rejoignent le front : Partez sans amertume, partez sans regret, camarades ouvriers qu’on appelle aux frontières pour défendre la terre française (...), c’est bien pour la révolution que vous allez combattre
. James Guillaume en Suisse, Ricardo Melia en Espagne, Jean Grave en France, et surtout Pierre Kropotkine à Londres prirent eux aussi position en faveur des alliés.
Comment et pourquoi l’auteur du chapitre « La Guerre » (dans La science moderne et l’anarchie) ne réfuta-t-il pas les arguments du Kropotkine du Manifeste des Seize ? Que peut-on ajouter, aujourd’hui encore, à la démonstration que ce sont toujours des rivalités pour des marchés et pour le droit à l’exploitation de nations sous-industrialisées qui sont la cause des guerres modernes ? En Russie, comme en Angleterre, en Allemagne comme en France, on ne se bat plus pour le bon plaisir des rois ; on se bat pour l’intégrité des revenus et l’accroissement des richesses de messieurs les Très Puissants Rothschild, Schneider, compagnie d’Anzin, pour l’engraissement des barons de la haute finance et
de l’industrie.
Le 14 mars 1916 paraît dans La Bataille syndicaliste un manifeste dit des Seize —bien que n’étant signé que par quinze militants car une confusion fit prendre le nom d’une ville pour celui d’un signataire—, daté du 28 février et approuvé, entre autres, par Jean Grave, Kropotkine, A. Laisant, C. Cornelissen, C. Malato, P. Reclus, Ichikawa et W. Tcherkesoff. Ce texte s’élève contre les tentatives ou projets de paix [4] et prône une attitude militariste jusqu’au-boutiste : Parler de paix, tant que le parti (pangermaniste, NDA) qui, pendant quarante-cinq ans, a fait de l’Europe un vaste camp retranché, est à même de dicter ses conditions, serait l’erreur la plus désastreuse que l’on puisse commettre. Résister et faire échouer ses plans, c’est préparer la voie à la population allemande, restée saine, et lui donner les moyens de se débarrasser de ce parti
.
Le « Manifeste des Seize »
Jean Grave revendique le titre de promoteur de ce manifeste [5], mais sans aucun doute Kropotkine en est l’inspirateur réel et le rédacteur. En effet s’il s’agit d’un revirement surprenant en ce qui concerne la plupart des militants signataires, il en est bien autrement pour Kropotkine qui avait depuis longtemps développé de telles thèses. Le 2 septembre 1914, il écrivait à Jean Grave : Dans quel monde d’illusions vivez-vous pour parler de paix ? Mais pensez donc d’abord... à reconquérir la Belgique, livrée à feu et à sang, à défendre Paris... Ne laissez pas ces atroces conquérants de nouveau écraser la civilisation latine et le peuple français... Ne laissez pas imposer à l’Europe un siècle de militarisme... il faudra se défendre comme des bêtes féroces
[6].
Dire que ce manifeste constitua un traumatisme pour le mouvement libertaire français et, dans une moindre mesure, pour le mouvement international, demeure en-dessous de la réalité. De nombreux compagnons y répliquèrent et, le premier, Malatesta (par un article paru dans Freedom, puis en brochure sous le titre Anarchistes de gouvernement) [7]. Vous pourrez lire ci-après les passages essentiels de cette réponse qui développe la nécessaire attitude antimilitariste des anarchistes. Nous n’aurons donc pas la prétention de faire mieux pour réfuter les thèses des signataires du Manifeste des Seize et essaierons plutôt d’expliquer et de comprendre leurs raisons.
Dès 1905, à la suite d’un article paru dans Le Temps, Kropotkine avait développé ses positions« bellicistes » : Si les Allemands viennent envahir la France, marchant, comme ils sont sûrs de le faire, à la tête d’une forte coalition (...), alors la grève des conscrits ne suffira pas. Il faudra faire comme faisaient les sans-culottes en 1792, lorsqu’ils constituèrent dans leurs sections la commune révolutionnaire du 10 août, culbutèrent la royauté et l’aristocratie, levèrent l’impôt forcé sur les riches, forcèrent la Législative de faire les premiers décrets effectifs sur l’abolition des droits féodaux et la reprise par les paysans des terres communales, et ils marchèrent défendre le sol de France tout en continuant la Révolution. C’est aussi ce que Bakounine et ses amis essayèrent de faire à Lyon et à Marseille en 1871
[8].
Ces phrases, quelques onze ans plus tôt, contiennent l’essentiel des motivations de ceux qui signèrent le Manifeste des Seize : échec du mouvement ouvrier pour s’opposer à la guerre déclenchée ; références déphasées à la révolution de 1789, à la Première Internationale et à la Commune de Paris ; mirage du moindre mal ; primauté de la question nationale sur la question sociale.
En effet, si la Première Guerre mondiale était prévisible, si l’on avait beaucoup parlé des moyens d’y faire face, concrètement et d’un point de vue international peu de choses avait été envisagé : l’ensemble des antimilitaristes se trouvèrent donc, le jour venu, désemparés. Pour la famille anarchiste, comme pour les autres familles socialistes, la résistance à la guerre ne fut à l’origine que le fait d’isolés et c’est l’ensemble, masses et militants, qui se rallia... ou se tut
[9]. La même situation se retrouvera en 1939, et risque de se reproduire à l’avenir.
Tentatives d’explications
Dans ces conditions, quoi d’étonnant à ce que certains se tournent vers la politique du moindre mal : choisir le camp le plus démocratique, celui qui offre une illusion de liberté plus grande. Luigi Fabbri concluait ainsi le problème : Le moindre mal sera toujours aussi néfaste pour les peuples, pour le prolétariat, pour fa liberté, et gros des mêmes horribles conséquences pour l’avenir ; et aussi pour laisser toute leur responsabilité aux gouvernants et aux classes dominantes, évitant tout acte de complicité, avec ceux-là ou celles-ci, et tâchant au contraire, de nous préparer et d’être en situation de tirer le meilleur parti des événements pour notre cause révolutionnaire
.
Il ne s’agit pas de se situer au-dessus de la mêlée
pour attendre des jours meilleurs mais, au contraire, de construire les opportunités qui vont dans un sens révolutionnaire campagne défaitiste, insurrection, maquis... (cf. l’exemple de la « makhnovtchina »). Ainsi se retourne l’argument de Marie Goldsmith [10] : Si la participation (à la guerre) viole les principes pacifistes et antimilitaristes, la non-résistance aux armées d’invasion constitue une violation au moins aussi grande du principe primordial de la résistance à l’oppression, un abandon au moins aussi grand de l’esprit de révolte
.
Le mirage du moindre mal, c’est également choisir les alliés et l’hypothétique développement du socialisme libertaire contre la victoire de l’Allemagne et du socialisme autoritaire. En tant qu’ancien adhérent de la Première Internationale, de militant révolutionnaire russe, Kropotkine se souvient de l’influence allemande dans le développement du marxisme et la perpétuation de l’autocratisme russe. Par la présence de ses armées elle (l’Allemagne) avait mis obstacle au libre développement en France de la tendance libertaire ; elle avait été
. l’aide et la protection principale de la réaction
dans l’Europe orientale et principalement en RussieIl était fermement convaincu qu’il y aurait après la guerre des changements importants en Russie, et c’était là l’une des principales raisons qu’il avait de lui donner son appui. Il ne se trompait pas ; les changements vinrent, nous le verrons, sous l’impulsion de la guerre ; mais en réaction contre elle.
[11].
Les dirigeants bolcheviks, quant à eux, furent heureux d’en tirer parti contre les anarchistes pris dans leur ensemble, en attaquant leur chef égaré
. Citons Lénine, pour ses anarchistes-patriotes
et ses anarchistes-chauvins
[12], le vieux fou
de Staline et le sénile anarchiste Kropotkine
de Trotsky [13]. Ils auraient dû pourtant, simple question de convenance, se souvenir des écrits de Marx et de sa célèbre lettre à Engels du 20 juillet 1870 : Les Français ont besoin d’être rossés. Si les Prussiens sont victorieux, la centralisation du pouvoir d’État sera utile à la centralisation de la classe ouvrière allemande. (...) La prépondérance, sur le théâtre du monde, de la classe ouvrière allemande sur la française, signifierait du même coup la prépondérance de notre théorie sur celle de Proudhon
[14]. Le patriotisme et le nationalisme sont véritablement les choses les mieux partagées au monde !
Les continuelles références de Kropotkine à la guerre de 1870 révèlent bien que son analyse est faussée par la comparaison avec une situation qui n’est pas semblable et Jean Maitron, fort justement, insiste sur ce point : Sans vouloir solliciter abusivement les âges, on peut dire que les tenants de l’union sacrée étaient, dans leur ensemble, tant par leur âge que par leur filiation idéologique, plus proches de la Commune de Paris et de la Première Internationale
.antiautoritaire
que les résistants
à la guerre
Ces influences se ressentent également lorsque Kropotkine déclare que la tâche essentielle du moment est de chasser les envahisseurs de la Belgique et de la France, après seulement pourrait commencer l’attaque contre les maux essentiels : le capitalisme et l’État. Ce choix stratégique lui fait abandonner l’antimilitarisme parce qu’il estime que les questions nationales doivent être résolues avant la question sociale. Aujourd’hui encore, dans les milieux libertaires, peut-on dire que le problème est tranché ? Pour notre part, nous rejoindrons Malatesta : Quant au droit des petites nationalités à conserver, si elles le veulent, leur langue et leurs coutumes, cela est simplement une question de liberté et n’obtiendra une solution réelle et définitive que lorsque, les États étant détruits, tout être humain, que dis-je ? tout individu aura le droit de s’associer avec tout groupe, et de s’en séparer
. [15]
Pour conclure, nous citerons Planche et J. Delphy : Toutefois, pas un signataire du manifeste, bien que cette position leur eût ouvert toutes les portes, ne renia son passé. Le Manifeste des Seize fut, selon nous, une erreur psychologique, ce ne fut pas une trahison. Reconstitué, le mouvement anarchiste, bien que cette séparation fut au plus haut point douloureuse, ne réadmit pas ces camarades dans le sein de son organisation. Ce qui eût pu être un schisme redoutable, une division mortelle de la doctrine et du mouvement, s’éteignit comme une flamme légère qui n’a pas d’aliment et meurt aussitôt née
[16]. Que cet épisode « tourmenté » de la grande histoire du mouvement anarchiste nous serve d’avertissement et d’exemple !
« Anarchistes de gouvernement »
( ... ) La bonne foi et les bonnes intentions de ceux qui ont signé le manifeste sont au-delà de toute question. Mais si pénible qu’il soit d’être en désaccord avec de vieux amis qui ont rendu tant de services à ce qui, dans le passé, était notre cause commune, la sincérité et l’intérêt de notre mouvement d’émancipation nous font un devoir de nous dissocier de camarades qui se croient capables de réconcilier les idées anarchistes et la collaboration avec les gouvernements et les classes capitalistes de certaines nations dans leur lutte contre les capitalistes et les gouvernements de certaines autres nations.
Durant la présente guerre, nous avons vu des républicains se mettre au service des rois, des socialistes faire cause commune avec la classe dirigeante, des travaillistes servir les intérêts des capitalistes ; mais en réalité tous ces hommes sont, à des degrés divers, des conservateurs croyant à la mission de l’État, et leur hésitation peut se comprendre quand le seul remède dont on dispose réside dans la destruction de toute chaîne gouvernementale et le déchaînement de la révolution sociale. Mais une de la telle hésitation est incompréhensible de la part d’anarchistes. (...)
Même en supposant — ce qui est loin d’être la vérité — que l’Allemagne porte seule la responsabilité de la guerre présente, il est prouvé que, aussi longtemps qu’on s’en tient aux méthodes gouvernementales, on ne peut résister à l’Allemagne qu’en supprimant toute liberté et en revivifiant la puissance de toutes les forces de réaction. La révolution populaire exceptée, il n’y a pas d’autre façon de résister à la menace d’une armée disciplinée que d’essayer d’avoir une armée plus forte et plus disciplinée, de sorte que les antimilitaristes les plus résolus, s’ils ne sont pas anarchistes et craignent la destruction de l’État, sont inévitablement conduits à devenir d’ardents militaristes. En fait, dans l’espoir problématique de détruire le militarisme prussien, ils ont renoncé à toutes les traditions de liberté ; ils ont prussianisé l’Angleterre et la France ; ils se sont soumis au tsarisme ; ils ont restauré le prestige du trône branlant d’Italie.
Les anarchistes peuvent-ils accepter cet état de choses un seul instant sans renoncer à tout droit de s’appeler anarchistes ? Pour moi, même la domination étrangère subie de force et conduisant à la révolte est préférable à l’oppression intérieure volontairement acceptée — presque avec gratitude, — dans la croyance que, par ce moyen, nous serons préservés d’un plus grand mal. (...)
S’il est nécessaire aujourd’hui de travailler en harmonie avec le gouvernement et les capitalistes pour nous défendre nous-mêmes contre « la menace allemande », cela sera nécessaire après, aussi bien que durant la guerre.
Si grande que puisse être la défaite de l’armée allemande — s’il est vrai qu’elle sera battue — il ne sera jamais possible d’empêcher les patriotes allemands de penser à une revanche et de la préparer ; et les patriotes des autres pays, très raisonnablement, de leur point de vue, voudront eux-mêmes se tenir prêts de façon à n’être pas surpris par une attaque. Cela signifie que le militarisme prussien deviendra une institution permanente et régulière dans tous les pays. Que diront alors ces anarchistes qui veulent aujourd’hui la victoire d’un des groupes de belligérants ? Recommenceront-ils à s’appeler antimilitaristes, à prêcher le désarmement, le refus du service militaire et le sabotage de la défense nationale, pour redevenir, à la première menace de guerre, les sergents recruteurs des gouvernements qu’ils auront tenté de désarmer et de paralyser ?
On dira que ces choses prendront fin quand les Allemands se seront débarrassés de leurs tyrans et auront cessé d’être une menace pour l’Europe en détruisant le militarisme chez eux. Mais s’il en est ainsi, les Allemands qui pensent avec raison que la domination anglaise et française (pour ne rien dire de la Russie tsariste), ne serait pas plus agréable aux Allemands que la domination allemande ne le serait aux Français et aux Anglais, voudront d’abord attendre que les Russes et les autres aient détruit leur propre militarisme et, en attendant, ils contribueront à accroître l’armée de leur pays.
Et alors combien de temps la Révolution sera-t-elle différée ? Combien de temps l’anarchie ? Devons-nous toujours attendre que les autres commencent ? La ligne de conduite des anarchistes est clairement tracée par la logique même de leurs aspirations. La guerre aurait dû être empêchée par la Révolution, ou au moins en inspirant aux gouvernements la peur de la Révolution. La force ou l’audace nécessaire a manqué. La paix doit être imposée par la Révolution ou, au moins, par la menace de la faire. Jusqu’à présent, la force ou la volonté fait défaut.
Eh bien ! il n’y a qu’un remède ; faire mieux à l’avenir. Plus que jamais nous devons éviter les compromis, creuser le fossé entre les capitalistes et les serfs du salariat, entre les gouvernants et les gouvernés ; prêcher l’expropriation de la propriété individuelle et la destruction des États, comme les seuls moyens de garantir la fraternité entre les peuples et la justice et la liberté pour tous ; et nous devons nous préparer à accomplir ces choses.
En attendant, il me semble qu’il est criminel de faire quoi que ce soit qui tende à prolonger la guerre, ce massacre d’hommes, qui détruit la richesse collective et paralyse toute reprise de la lutte pour l’émancipation. Il me semble que prêcher « la guerre jusqu’au bout » c’est faire réellement le jeu des dirigeants allemands qui trompent leur peuple et l’excitent au combat en le persuadant que leurs adversaires veulent écraser et asservir le peuple allemand.
Aujourd’hui, comme toujours, que ceci soit notre devise : « À bas les capitalistes et les gouvernements, tous les capitalistes et tous les gouvernements ».
Vivent les peuples, tous les peuples !
Les signataires initiaux du Manifeste des Seize
Christiaan Cornelissen, Henri Fuss, Jean Grave, Jacques Guérin, Pierre Alexeiévitch Kropotkine, Charles-Ange Laisant, François Le Levé (de Lorient), Charles Malato, Jules Moineau (de Liège), Antoine Orfila (de Hussein Dey en Algérie), Hussein Dey (signature mal interprétée), Marc Pierrot, Paul Reclus, Ph. Richard (en Algérie), Sanshirō Ishikawa (石川三四郎, Japon), Varlam Tcherkezichvili.