Après l’écrasement de la révolte de Kronstadt en mars 1921, une nouvelle vague de terreur déferla sur la Russie. Tous ceux qui refusaient de se soumettre à la dictature de Lénine, de Trotsky et de leurs camarades étaient arrêtés ou devaient s’attendre bien des ennuis. Le droit d’association et de réunion fut aboli, il n’y avait pas de liberté de presse ou de parole. la libre circulation dans le pays fut restreinte. Seuls les sociaux-démocrates et anarchistes les plus connus, dont la répression aurait révélé la réalité du régime communiste au monde entier, étaient autorisés à voyager à l’étranger. Tout comme auparavant la Russie tsariste, la Russie communiste était maintenant un pays d’émigration pour tous les combattants de la liberté. Mais le nombre de ceux qui étaient autorisés à quitter le pays était minime en comparaison des masses qui étaient obligées de rester et étaient privées de liberté.
La première étape de la nouvelle émigration était Berlin. Là arrivaient des sociaux-démocrates mencheviques, des socialistes révolutionnaires de gauche et de droite, des syndicalistes et des anarchistes et aussi des Partisans de l’opposition ouvrière communiste. Les plus connus d’entre eux furent Abramovitch, Dan, Martov, Steinberg, Emma Goldman, Alexander Berkman, Alexandre Schapiro. Pierre Archinov, Voline et plus tard Nestor Makhno. Par l’intermédiaire de ces immigrants, nous recevions les dernières nouvelles sur les persécutions des révolutionnaires en Russie, que je rendais publiques dans l’hebdomadaire Der Syndikalist. G.P. Maximov, l’un des émigrants de 1921, a publié un volumineux travail sur les persécutions politiques sous Lénine et Staline, 20 ans après à Chicago [1].