Elise Ottesen Jensen, pionnière des droits de la femme
L’été 1919, Albert Jensen et sa compagne, Elise Ottesen Jensen, furent expulsés du Danemark. Jensen, un journaliste célèbre, était un antimilitariste conséquent, un orateur fascinant et un infatigable agitateur en faveur du socialisme libertaire. Elise était dynamique et avait une forte personnalité. Elle devint plus tard une célébrité internationale à cause de son combat pour l’éducation sexuelle, le contrôle des naissances et le planning familial.
Dix-septième enfant d’un pasteur norvégien, la jeune fille s’était préparée au métier de dentiste. Une explosion de laboratoire, dans laquelle elle perdit quelques doigts, la contraint à changer de profession. Arrivée au début de la guerre avec son compagnon Jensen à Copenhague, elle travailla comme correspondante de journaux norvégiens et traduisit des livres de Upton Sinclair. Mais l’œuvre de sa vie, le travail pour l’émancipation féminine, commença en Suède. Les débuts furent difficiles. Anton Nyström, Knut Wicksell et aussi Hinke Bergegren avaient certes préparé le terrain, mais dans les milieux bourgeois et même sociaux-démocrates, la propagande en faveur de la régulation des naissances se heurtait à de fortes résistances. Aussi, au début, « Ottar » (comme elle fut appelée plus tard) ne put exercer ses activités que dans les clubs de jeunes socialistes et dans les organisations syndicales. En plus d’une décennie de travail, furent créés en plusieurs lieux des centres de consultation sexuelle. En 1933, fut fondé à Stockholm la « société (royale) pour l’éducation sexuelle » : les conditions étaient réunies pour une législation moderne sur l’éducation sexuelle à l’école et la réglementation du contrôle des naissances. Le travail de pionnier d’Ottar et de ses collaborateurs était couronné de succès.
La Suède devint le centre du monde pour les mouvements de même nature. En 1953 eut lieu à Stockholm un congrès international, dans lequel des médecins, des économistes et des sociologues délibérèrent des problèmes de la régulation des naissances à l’échelle mondiale. Le congrès décida de fonder la « Fédération internationale pour le planning Famililal », dont Ottar fut de longues années durant la présidente, jusqu’à ce qu’elle se retire en raison de son âge. En 1958, l’université d’Uppsala éleva Ottar au rang de docteur honoris causa. Je ne connais aucun autre pays où les pionniers de la régulation des naissances furent honorés cette façon.
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