La jeune Amparo était un scandale ambulant, le « spectre de Saragosse ». Elle se promenait riant la rue en pantalon, veste et cravate. Elle fut l’une des premières femmes en Espagne à étudier la médecine et obtint son diplôme en 1929.
Dès l’âge de 16 ans, Poch y Gascón a noué des contacts avec le mouvement anarchiste. Bientôt, elle fréquenta régulièrement les athénées où elle finit par donner des cours d’alphabétisation. En tant que gynécologue et pédiatre diplômée, elle a mis en place des consultations spéciales gratuites pour les ouvrières.
Lorsqu’elle s’est installée à Madrid en 1934, elle a rejoint le syndicat de la santé de la CNT (Confederación Nacional del Trabajo). Elle mena un inlassable travail d’information et dirigea un groupe qui militait pour des méthodes de contraception gratuites et naturelles. En mai 1936, elle fonda, avec d’autres, les Mujeres Libres (Femmes libres) anarchistes.
Pendant la guerre civile espagnole (1936-1939), elle était sous-secrétaire à l’aide sociale aux côtés de la ministre anarchiste de la santé Federica Montseny. Après la défaite de la Révolution espagnole, elle a fui en France et n’est jamais retournée en Espagne. Elle est décédée le 15 avril 1968. Depuis 2002, la salle de réception centrale de son ancienne université porte son nom.
Cependant, sa prise de position politique la plus inhabituelle est peut-être qu’Amparo Poch est restée une antimilitariste non violente et une opposante à la guerre. En février 1936, peu après la victoire du Front populaire aux élections du parlement espagnol, elle était devenue présidente de la Liga Española de Refractores a la Guerra (Ligue espagnole des réfractaires à la guerre) nouvellement créée, affiliée à l’organisation mondiale War Resisters’ International (WRI/IRG Internationale des résistants à la guerre). Pendant la guerre civile, les membres de la Ligue ont clairement pris parti pour le côté républicain, voire révolutionnaire. Ils refusaient toutefois catégoriquement de participer à des actions violentes. La CNT a soutenu le travail de la Ligue jusqu’à la fin de la guerre civile.
Amparo Poch a publié ses idées progressistes sur l’éducation des enfants dans une série d’articles dans Mujeres Libres. Elle a initié et dirigé plusieurs « écoles-fermes » qu’elle avait créées, appelées ainsi parce qu’elles étaient généralement installées dans de vieilles fermes. Les enfants étaient d’abord accueillis dans ces crèches, puis envoyés à l’étranger. Elle a également fait pression sur le gouvernement républicain pour qu’il ferme complètement les anciens orphelinats qui fonctionnaient comme des prisons.
Les Mujeres Libres étaient en outre opposées à la prostitution et s’efforçaient, par le biais de leurs Liberatorios de la Prostitución (ateliers de libération de la prostitution), de faire sortir les femmes de la rue. Elles bénéficiaient de soins de santé gratuits, de psychothérapies et aussi d’une formation professionnelle.