Olga Taratuta (1876-1938)

Olga Taratuta de son vrai nom Elka Ruvinskaia, est née en Ukraine le 21 juillet 1876. Sa famille est d’origine juive et son père tient une petite boutique. Elle devient professeur et s’implique dans les luttes sociales. Elle est arrêtée une première fois en 1895.

En 1901, elle se réfugie en Suisse. Elle rencontre Kropotkine et devient anarchiste-communiste. En 1904, elle revient en Russie, et se joint au groupe anarchiste-communiste d’Odessa. Elle est connue sous le pseudonyme de Babushka (grand-mère), surnom affectueux qui va lui rester tout au long de sa vie.

À partir d’octobre 1905, son action se radicalise. Elle est membre d’un groupe anarchiste fondé à Byalistok, Chernoe Znami, connu pour se livrer à de nombreuses actions terroristes. À la fin du mois de février 1908, ne reculant devant aucune difficulté, elle prépare une évasion massive des anarchistes emprisonnés à la Lukianovka, la forteresse de Kiev. La tentative échoue, le groupe étant infiltré par des indicateurs.

Nouveau séjour en prison fin 1909 ; elle échappe de peu à la peine capitale. Elle est condamnée à 21 années d’emprisonnement. Elle va rester à la Lukianovka, la prison dont elle voulait faire sauter les murs, pour en libérer les occupants, jusqu’en mars 1917.

Ces sept années de prison vont lourdement marquer cette femme qui approche la quarantaine d’années. Dès sa libération, suite aux événements d’Octobre, elle se retire de la vie politique active et prend ses distances avec le mouvement anarchiste russe, pour des raisons surtout familiales.

En Ukraine, le gouvernement soviétique éprouve de sérieuses difficultés à s’opposer à la contre-révolution menée par les Russes « blancs » du général Wrangel. Un pacte est signé entre le gouvernement moscovite et les troupes de la rébellion anarchiste guidées par Nestor Makhno. Olga Taratuta profite de ce bref printemps dans les relations entre bolchevistes et makhnovistes pour regagner l’Ukraine et rencontrer Makhno. Elle se lance dans la création d’une Croix noire anarchiste dont le siège est à Kharkov.

Mais la trahison des communistes ne tarde pas. Une vague de répression sans précédent s’abat sur les makhnovistes. La Croix noire est dissoute ; Olga Taratuta est une nouvelle fois emprisonnée. Sa vie continue, d’arrestation en libération, jusqu’en 1937.

Le pouvoir décide d’en finir : elle est arrêtée le 27 novembre 1937, jugée et fusillée le 8 février 1938. Fin d’une histoire tragique après tant d’autres.