STRUCTURE GÉNÉRALE DE LA SOCIÉTÉ FÉDÉRALISTE LIBERTAIRE :
Nous avons établi l’impossibilité de réaliser, par les moyens en honneur jusqu’à ce jour, la liberté et le bien-être de tous.
Nous avons défini quels sont les principes philosophiques, économiques et sociaux qui doivent présider à toute édification sociétaire durable.
Il nous appartient, maintenant, de faire un schéma aussi précis que possible permettant de se représenter ce que serait, dans ses grandes lignes, l’organisation de la société libertaire à notre époque.
Après avoir détruit la société bourgeoise, capitaliste et étatique, après avoir rejeté les préjugés qui servaient de base à cette société périmée, la révolution triomphante, s’inspirant des principes développés plus haut, devra édifier la « seule » forme d’organisation pouvant faire régner l’harmonie entre les hommes et les acheminer vers la disparition de toutes les formes humaines de la contrainte.
Cette organisation sera une application intégrale du fédéralisme et de l’associationisme. Elle s’appuiera sur trois organismes principaux :
Activités économiques :
1 - La Coopérative de consommation ;
2 - La Coopérative de production, à laquelle se joindront les collectivités agricoles et les unions artisanales.
Activités sociales :
3 - La Commune libre.
AVERTISSEMENT SUR LES RESPONSABILITÉS :
Pour ne pas avoir à y revenir, nous précisons tout de suite que, soit qu’il s’agisse des communes, des coopératives, des fédérations ou de tous autres organismes, les fonctions administratives qui pourraient supposer une responsabilité ou un travail continu ne s’accompagneront d’aucun avantage particulier, d’aucun privilège économique ou social.
Le droit à la vie étant le même pour tous, il ne saurait être admis aucune différence dans les avantages Individuels.
Une différenciation quelconque rappellerait l’échelle des salaires, créerait des inégalités, et ce serait alors un retour au régime basé sur le profit.
Cette règle absolue et définitive, est la condition nécessaire à la disparition complète de la lutte des classes.
D’autre part, pour ne pas avoir à nous répéter, précisons que tous les représentants, membres des conseils d’ateliers, conseils d’entreprises, de coopératives, de collectivités agricoles, des communes, etc., seront choisis par l’ensemble des membres du groupement intéressé, au cours de ses assemblées générales et, cela, pour une durée déterminée.
Ces représentants seront révocables en tout temps et leur rééligibilité sera facultative.
Toutefois après expiration de leur mandat, ils pourront être appelés à demeurer un certain temps en fonction, en tant que conseillers techniques de leurs successeurs.
CONSOMMATION :
En procédant par ordre, nous sommes tout naturellement amenés à traiter, tout d’abord, de la consommation, puisque c’est elle qui fera connaître les besoins de la population et, par conséquent, orientera la production vers les produits ou objets répondant aux besoins de cette population.
Dans l’économie de demain, les activités commerciales n’existant plus, le magasin de détail, aujourd’hui centre d’une distribution mal faite des produits consommables, sera remplacé par la coopérative de consommation.
Pour constituer celle-ci, il sera tenu compte de l’étendue du territoire et de la densité de la population qu’elle devra desservir. Tous les consommateurs en seront membres et c’est sous leur contrôle qu’elle fonctionnera. Tout le monde étant consommateur, la volonté générale sera, ici, véritablement exprimée.
La coopérative aura son représentant, et l’ensemble de ces représentants formera le « conseil local » de consommation. Dans les grandes agglomérations, ce conseil pourra être divisé en sections de quartier.
A leur tour, les « conseils locaux » constitueront, par des représentants, la « fédération régionale » de consommation.
Et enfin, les « fédérations régionales », toujours par le principe de la représentation, constitueront l’« union des coopératives de consommation ».
Cette « union » embrassera l’ensemble du territoire. Son rôle sera de coordonner l’activité des « fédérations régionales ». Elle sera, dans le fond, un organe d’exécution.
Ainsi, grâce à ce fédéralisme étendu, les consommateurs feront entendre leurs voix à tous les échelons, et les besoins de la population seront connus très exactement. Ces besoins seront communiqués aux services de la statistique. Et la statistique donnera, à son tour, à la production, les renseignements utiles pour savoir quels produits, ou quels objets, il importe de fabriquer, quelle culture demande à être intensifiée.
L’uniformité étant contraire à la nature humaine, il est bien évident que, dans leur assortiment, les coopératives tiendront compte de la diversité des goûts afin de satisfaire au mieux les consommateurs et sauvegarder ainsi la liberté individuelle.
Dans leur approvisionnement, il sera toujours tenu compte d’une marge suffisante pour répondre aux besoins des consommateurs passagers, membres des coopératives autres que celles du lieu où leurs occupations peuvent les appeler temporairement. Le changement provisoire du lieu de consommation se fera sans aucune formalité et sur simple présentation du carnet de consommation. Ce carnet sera le moyen par lequel chacun affirmera son droit à la consommation.
Il sera délivré à toute personne en état de produire, par les soins de la branche professionnelle dont elle ressortira.
Les personnes inaptes à travailler, du fait de leur âge ou de leur état de santé, le recevront par les soins du service de santé.
Seront exclues d’elles-mêmes de la communauté des consommateurs les personnes aptes à produire, qui se refuseraient à prendre part à l’effort commun.
Le problème de la distribution ayant été examiné, il importe maintenant de parler de la répartition, ou plutôt de l’approvisionnement des centres de distribution, c’est-à-dire des « coopératives de consommation ».
La production, qui aura tenu compte des chiffres fournis par les services de la statistique, livrera directement tous ses produits dans les entrepôts. De là, par un service spécialisé de répartition qui fonctionnera sous le contrôle des fédérations régionales de consommation, les produits et objets seront répartis dans les coopératives.
PRODUCTION INDUSTRIELLE :
Du fait de la révolution, qui supprimera le patronat et l’État, les syndicats ouvriers, aujourd’hui organisations professionnelles de lutte, perdront tout leur caractère revendicatif.
Ils n’auront plus pour mission de saper les vieilles bases de la société, mais d’en consolider les nouvelles par leur travail. Ils deviendront les organisateurs d’une production dont chacun bénéficiera. Ce ne seront plus des syndicats, mais bien des coopératives de production, ou mieux encore, des associations de producteurs.
Contrairement aux syndicats d’aujourd’hui, lesquels groupent fréquemment les travailleurs par spécialités professionnelles, la coopérative de production de demain groupera en une même organisation tous les travailleurs, sans distinction, y compris les techniciens. Mais, à l’intérieur de cette coopérative, des sections professionnelles seront constituées.
Ainsi, dans un établissement, on n’aboutira pas à la dissémination des effectifs, mais au contraire à la réunion de tout l’effectif. Et chaque section professionnelle élira son comité d’atelier ou de chantier.
L’assemblée générale de l’ensemble du personnel de l’entreprise (c’est-à-dire de la coopérative de production) se réunira périodiquement et choisira son conseil d’administration.
Dans les très grands établissements, il ne sera pas possible de réunir tout le monde à la fois, l’élection se fera selon le mode qui conviendra le mieux pour que tous les travailleurs, sans exception, soient consultés. (Le mode adopté, quel qu’il soit, ne fera pas une obligation d’être déjà membre d’un comité d’atelier pour être éligible au conseil d’entreprise.)
Les « conseils d’entreprises » ainsi constitués seront les organismes de gestion. Ils remplaceront les directions ou conseils d’administration des entreprises capitalistes d’aujourd’hui.
Dans chaque commune il sera constitué une « section locale » industrielle. Elle groupera les représentants de toutes les coopératives de production industrielle de la commune et aura pour mission de régler les questions de main-d’œuvre, de matériel, etc.
Les sections locales, par leurs représentants, constitueront les « fédérations régionales d’industrie » qui régleront les mêmes questions que les sections locales, mais sur le plan « régional ».
Ces fédérations seront établies par régions économiques. La délimitation de ces régions sera basée sur leurs ressources naturelles ou sur leur organisation industrielle. Ainsi, une région minière aura ses limites là où le sol n’a plus de minerai. De cette façon, le travail de liaison des fédérations se trouvera facilité et plus fructueux.
Les délégués des fédérations régionales de production formeront l’union des fédérations régionales de production industrielle. Son rôle sera de faciliter les travaux des fédérations régionales.
Ces délégués représenteront bien l’expression de la volonté des travailleurs, d’autant qu’ils ne pourront prendre aucune décision en leur nom sans les avoir consultés par le canal de leurs organisations de base.
PRODUCTION AGRICOLE :
L’agriculture, aujourd’hui peu organisée professionnellement, tant sur le plan revendicatif que corporatif, verra, dans l’économie libertaire, sa production s’intensifier, en même temps qu’elle verra diminuer l’effort qu’elle demande à l’homme.
Nous avons à tenir compte de deux formes actuelles de propriété :
1 - la grande propriété, exploitée par une ou quelques personnes ayant sous leur dépendance directe de nombreux salariés : journaliers, domestiques, ingénieurs, etc. ;
2 - la petite propriété, exploitée par un individu ou une famille, ou bien encore n’occupant que trop peu de main-d’œuvre pour se constituer en coopérative.
Grande propriété :
Ici, la terre, tout comme l’usine, cessera d’être la propriété de quelques-uns. Elle deviendra le bien de tous et l’instrument de travail d’une main-d’œuvre libérée de l’exploitation patronale et du joug de l’État.
La grande propriété deviendra « entreprise ». Elle se constituera en « coopérative de production agricole ». Et, selon le mode défini précédemment pour les coopératives industrielles, elle aura, elle aussi, son « conseil d’entreprise ».
Petite propriété :
Celle-ci sera intégrée à l’organisation de l’économie par le canal des « collectivités agricoles ».
Pour ne pas compliquer le travail administratif, l’étendue de la collectivité agricole se limitera au cadre communal. Par contre, dans une même commune, selon les lieux, et compte tenu des vœux des intéressés, plusieurs collectivités agricoles pourront coexister. Elles éliront leurs représentants et auront ainsi leurs « conseils de collectivité », qui équivaudra en quelque sorte au conseil d’entreprise de la grande propriété.
Le fait, pour un cultivateur, d’être membre d’une collectivité agricole n’impliquera nullement qu’il doive vivre en collectivité. Selon ses goûts personnels et ses aspirations familiales, il pourra continuer à vivre isolément si bon lui semble ; car la collectivité agricole n’aura de collectif que l’effort fourni par ses membres dans le but d’améliorer la production. Cet effort collectif rendra le travail moins pénible et évitera un émiettement des forces qui aboutit toujours à une diminution de rendement.
Il est d’ailleurs à remarquer que le paysan pratique déjà ce qui, demain, sera la règle courante. En effet fréquemment les petits propriétaires ou fermiers se prêtent mutuellement du matériel, des bêtes de trait ou de la main-d’œuvre pour certains travaux et à certaines périodes de l’année.
De même, la faculté de travailler isolément sera laissée à chaque cultivateur. Le salariat n’existant plus, il lui sera loisible d’avoir le standing de vie de n’importe quel autre travailleur, mais il ne pourra plus exploiter son prochain. Plusieurs personnes produisant ensemble ne constitueront qu’une association d’efforts et aucune d’entre elles ne pourra être exploitée. Ces isolés pourront, selon leurs besoins de producteurs, user du matériel de la collectivité agricole.
Nous avons pourtant de bonnes raisons de croire que des cas semblables seront rares et qu’ils disparaîtront les uns après les autres ; car le travail isolé, bien que ne donnant aucun avantage réel, sera beaucoup plus compliqué que celui des collectivités.
Ainsi, dans les campagnes espagnoles où, entre 1936 et 1939, des collectivités agricoles se sont formées, tous les isolés du début ont vite rejoint l’organisation, parce qu’ils ont vu clairement que dans celle-ci leur tâche était allégée.
Avant d’en terminer avec la petite propriété, il convient que nous nous penchions avec compréhension et justice sur le cas du petit paysan attaché à la terre qu’il travaille, par des liens, quelquefois si forts, qu’ils ressortent presque du domaine de l’affection. Sans envisager pourtant la continuité de la propriété du sol, nous pouvons parfaitement admettre, sans déroger à nos principes, que le fils pourra toujours continuer à travailler le sol où il est né. Cette faculté de cultiver le sol natal n’est, bien entendu, pas assimilable aux droits de propriété.
Pour en finir avec l’organisation de la production agricole, disons en bref que, suivant le processus déjà indiqué pour la production industrielle, les représentants des coopératives et des collectivités constitueront les « sections locales » de la production agricole et que les sections locales, à leur tour, se fondront avec celles de la production industrielle pour constituer l’« union locale de production ».
Ainsi par le canal des unions locales, des fédérations régionales et, enfin, des « unions interrégionales de la production », les travailleurs de l’agriculture et leurs techniciens participeront à l’organisation de la production au même titre que ceux de l’industrie.
PROFESSIONS ARTISANALES :
Contrairement à ce qui est courant de nos jours, nous ne confondons pas en une même catégorie toute les professions pouvant être pratiquées par un ou par quelques individus. Ainsi, nous n’entendrons pas par professions artisanales les ressortissants de professions industrielles telles que menuisiers, mécaniciens, selliers, etc., car ceux-là seront en rapports avec leurs organisations professionnelles respectives, absolument comme les isolés de la commune agricole.
Nous entendons par professions artisanales celles où la machine ne peut remplacer l’homme et où, par voie de conséquence, toute industrialisation est impossible.
A des degrés divers, mais « toujours », la profession artisanale est une profession « artistique ». (L’artisan, c’est donc aussi bien le tailleur sur mesures que le compositeur de musique, le littérateur ou l’acteur.)
Ceci dit, il y a le jeu d’examiner comment les professions artisanales pourront être exercées librement tout en faisant partie intégrante de la structure économique, et de quelle manière leurs membres participeront à l’organisation de la production au même titre que tous les autres travailleurs. Très simplement, les artisans, sans distinction de professions, se grouperont dans des « unions » artisanales dont l’étendue sera celle de la commune. Et, par ce canal, elles auront leurs représentants dans l’« union locale » de la production.
Ces « unions », groupées par région, constitueront les « unions régionales artisanales », qui, groupées entre elles, formeront l’« union des fédérations artisanales ».
Enfin, les artisans pourront, sur un plan plus vaste que celui de l’union locale, se grouper par spécialités dans le but d’étudier séparément les questions propres à chaque catégorie.
Participation à la production :
Dans de nombreux cas, la profession artisanale produira un travail ne répondant pas à un besoin. La réussite en art est généralement le fait de l’appréciation du public. Il pourra donc être demandé à l’artisan dont la production ne sera pas goûtée une participation à l’effort commun. Cette participation consistera en un travail approprié à ses connaissances et à ses aptitudes.
Il est évident que dans ce domaine tout spécial il conviendra d’être circonspect et d’agir avec prudence. Il faudra tenir compte aussi que, pratiquement, l’art est difficilement définissable. Les organisations professionnelles intéressées auront donc à traiter de certains cas particuliers.
DISTRIBUTION, TRANSACTION, CRÉDIT :
La suppression de la monnaie, dans sa forme actuelle, est absolument indispensable si l’on veut détruire l’esprit de profit et de mercantilisme.
C’est l’argent qui permet la thésaurisation et le capitalisme.
C’est lui qui est la cause de tant de conflits entre les individus et aussi dans les collectivités.
Il est le facteur certain d’un abaissement du niveau moral.
Cependant, avant que la société nouvelle n’atteigne son but, c’est-à-dire avant que l’abondance ne permette une économie distributive (et nous entendons par là une distribution gratuite des produits et objets de toute nature), il est vraisemblable qu’une certaine période d’organisation et d’adaptation s’écoulera.
Et donc, tant que l’abondance ne sera pas suffisante pour assurer cette distribution gratuite, il y aura lieu de maintenir, pour un temps, l’échange des produits consommables contre une sorte de monnaie : le carnet de consommateur.
Il est à prévoir qu’au début certaines branches de production ne pourront satisfaire toutes les demandes. Mais la consommation, par l’organe de ses coopératives fédérées, fera connaître les besoins les plus pressants. Ces productions seront alors, pour un temps déterminé, « prioritaires » et elles tendront à rendre normale dans les délais les plus brefs, la distribution des produits ou objets les plus indispensables à la vie. L’utilisation des objets rares sera donc gérée par la collectivité en tenant compte des besoins prioritaires.
Prenons, enfin, le cas difficile où la production d’un objet dépasse les besoins prioritaires sans atteindre le niveau de la distribution libre. On peut envisager alors l’utilisation « collective », par exemple, pour l’automobile, institution de garages collectifs.
Objection : Il se trouvera toujours, nous dira-t-on, des individus qui, ne voulant pas travailler, et voulant tout de même consommer, fabriqueront de faux carnets de consommateurs. Non. Il faudrait être complètement déséquilibré pour aller perdre son temps d’une façon aussi stérile, parce que le « faux-monnayeur » se livrerait à un travail plus considérable que celui que la société lui demandera pour satisfaire tous ses besoins.
D’autre part, la révolution serait inutile si elle n’amenait, à la suite des aménagements et des transformations radicales qu’elle suppose, dès le début de la transformation sociale, une élévation du niveau intellectuel, « moral » et affectif des individus. C’est sur cela, dût-on aujourd’hui en rire, que nous comptons aussi pour éviter toute entreprise du « système D » contre la communauté.
Echanges avec l’extérieur :
Dans le cas où la révolution serait localisée, pour un temps, dans un seul pays, il est à prévoir que les puissances capitalistes ne voudront pas traiter avec une société fédéraliste libertaire. Si cet événement se produisait, il n’est pas impossible d’admettre que l’échange puisse tout de même se faire sur la base du troc (les barrières douanières n’étant pas autre chose qu’un contrôle du troc à l’échelle nationale). Dans ce cas, il sera bon d’intensifier cette manière d’échange au maximum.
Cependant, il ne faut pas rejeter l’hypothèse de l’obligation d’une économie indépendante. La science peut alors faciliter ce genre d’économie. (C’est, par exemple, à la suite du blocus continental de 1806 que le sucre de betterave remplaça le sucre de canne.)
Néanmoins, cette solution, ou toute autre de ce genre, ne saurait être que temporaire.
En effet, du seul fait de son prestige auprès des peuples opprimés, une véritable révolution, profonde et sociale, ne peut que s’étendre et se généraliser.
GESTION ÉCONOMIQUE :
La consommation a donc été placée comme guide de la production.
Toutes les branches de celles-ci ont été organisées, chacune dans le cadre qui lui convient.
Nous avons examiné le système de la distribution et celui de l’échange.
Il nous reste donc à voir comment s’établira la « liaison nécessaire » entre tous ces secteurs ; à étudier ce qui sera, en fait, la « gestion de l’économie ».
C’est à l’échelon de la commune qu’elle apparaît tout d’abord.
Il existera donc d’abord un « conseil économique local ». Il sera composé de représentants des coopératives de consommation, des coopératives de production, industrielle et agricole, des unions artisanales. Les communes seront également représentées.
Le travail de ce premier conseil sera de faciliter la mission des uns et des autres ; par lui, la population entière participera à l’organisation de l’économie, et il en sera le véritable gestionnaire sur le plan local.
Groupés par régions, ces conseils locaux deviendront « conseils économiques régionaux ». Ceux-ci, groupés à leur tour, deviendront par leurs représentants « conseil économique interrégional ».
Ainsi sera réalisée une gestion économique vraiment populaire. Les décisions seront prises par les diverses organisations de la population. Les organismes régionaux et autres n’auront qu’à exécuter les tâches qui leur seront confiées et ne pourront décider quoi que ce soit sans consultation des intéressés.