En mars 1912, Louis Lecoin adhère au Foyer Populaire de Belleville, un des groupes les plus actifs de la Fédération Communiste Anarchiste (FCA). La FCA, depuis son premier congrès en juin 1911, regroupe seize groupes et 400 militants majoritairement anarcho-communistes. Elle édite et diffuse le journal Le libertaire.
Lecoin arrive dans le mouvement anarchiste auréolé de son action pendant son service militaire. Il acquiert très vite les bases de l’idéologie libertaire, grâce à l’aide de Pierre Martin, le secrétaire du Libertaire. L’ancien compagnon de Louise Michel impressionne fortement le jeune militant : Je garde à mon ami Pierre Martin, mon guide et mon modèle, un fidèle souvenir
[1].
L’activité de Lecoin est telle qu’en octobre 1912 il est élu secrétaire de la FCA. L’élection à un tel poste de responsabilité d’un militant, entré six mois plus tôt dans le mouvement, montre que l’impuissance à s’organiser [qui] est un des traits de l’anarchisme français avant 1914
[2]. Ce choix entraîne une protestation des érudits de l’organisation ; le nouveau secrétaire sait tout juste lire et écrire, il ignore, en grande partie, l’œuvre des grands précurseurs de l’anarchisme !
Heureusement que, la guerre approchant, l’époque est plus à l’action qu’à la discussion. Lecoin déploie une intense activité antimilitariste. Il organise réunions sur réunions, met au point de nombreuses initiatives et vend jusqu’à trois cents exemplaires du Libertaire par semaine. Tout cela en travaillant dix heures par jour sur des chantiers.
De plus, Lecoin et les militants de la FCA chahutent les réunions de Gustave Hervé et Miguel Almareyda. Ils n’acceptent pas que ces deux anciens libertaires fassent une propagande néo-patriotique. Les meetings se terminent souvent à coups de poings quand ce n’est pas à coups de pistolets !
L’engagement à outrance de Louis Lecoin lui vaut d’être dans le collimateur de la police. Le 15 novembre, il est arrêté pour avoir édité une affiche appelant à la désertion [3].
La FCA fait immédiatement campagne pour la libération de Lecoin. Pierre Martin écrit dans le quotidien de la CGT : Ils ne peuvent rester longtemps libres, des hommes comme Lecoin, parce que ce sont des êtres fidèles à leurs convictions et qui restent en conformité avec leurs principes dans tous leurs actes
[4].