« Aujourd’hui insoumis, demain réfractaires, plus tard déserteurs »
Sans nous consulter, l’État dispose de tous, de nos libertés, de nos vies mêmes, exigeant que nous allions faire l’apprentissage des armes de meurtre, que nous entrions, pendant deux ans, à la caserne.
Servir qui ? La patrie : nous n’en avons pas !
Nous n’étions pas même « électeurs ». Comment aurions-nous pu approuver la loi de la conscription ? Du reste, toute loi étant restrictive de liberté, nous reconnaissons les lois, toutes les lois.
Nous voulons la disparition des armées, l’abolition du militarisme ; nous ne croyons pas que ce soit en allant passivement à la caserne que nous atteindrons ce but. Contre cet attentat à notre liberté, nous protestons, au contraire, de la manière la plus énergique.
Nous refusons de nous incliner, nous refusons d’obéir.
C’est le devoir de tous les Français de défendre leur patrie, nous clament, sur tous les tons, les profiteurs de tout poil.
Les propriétaires, les patrons, les grands fonctionnaires ont une patrie : mais, nous, les opprimés, les exploités, qu’aurions-nous à défendre ?
Les privilèges de nos affameurs ? Ce serait par trop stupide ! Nous nous refusons absolument à jouer cette comédie, a forger nous-mêmes nos propres chaînes.
Nous ne désertons pas par peur de la lutte ou par lâcheté. Que nos frères de travail se dressent enfin un jour contre l’Autorité, sous toutes ses formes, alors nous répondrons « présents » !
Mais aujourd’hui, nous crions aux fils d’ouvriers, à tous ceux qui, ayant des intérêts communs, devraient agir de façon identique.
N’allez pas à la caserne ! Ne contribuez pas par votre passivité à perpétuer ce fléau : le militarisme !
Désertez.
(Affiche de la Fédération communiste-anarchiste. Groupe des conscrits. Octobre 1912.) Arch. Nat. F 7 13061.