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James Guillaume - Idées sur l’organisation sociale - Chapitre IV

dimanche 19 novembre 2023, par James Guillaume (CC by-nc-sa)

La Commune est formée de l’ensemble des travailleurs habitant une même localité.

Quelquefois les travailleurs d’une Commune peuvent être tous occupés au même genre de travail : on trouvera quelques communes habitées exclusivement par des agriculteurs, sans aucun mélange d’industriels, ou bien par des industriels appartenant tous à la même branche. Mais ce sont là des exceptions, et en général la Commune comprend une population de travailleurs appartenant a un nombre plus ou moins considérable de branches diverses. Prenant pour type la Commune telle qu’elle se présente dans la très-grande majorité des cas, et négligeant les exceptions, nous définirons la Commune : la fédération locale des groupes de producteurs.

Cette fédération locale ou Commune est constituée dans le but de pourvoir à certains services qui ne sont pas du domaine exclusif de telle ou telle corporation, mais qui les intéressent toutes, et que pour cette raison on appelle services publics.

Nous devons ajouter dés à présent que, parmi les services publics, il en est qui, par leur nature même, ne sont pas du domaine de la Commune prise isolément, et qui réclament, pour leur réalisation, le concours de plusieurs communes ou même de toutes les communes d’une région. Nous traiterons dans un chapitre spécial de ces services publics généraux dans ce chapitre-ci, nous nous bornerons à l’examen des services publics communaux, c’est-à-dire n’intéressant qu’une seule Commune.

Les services publics communaux peuvent être résumés dans l’énumération suivante :

Travaux publics. — Construction et entretien des maisons et de tous les édifices ; construction des chemins, entretien des rues, éclairage des rues et des maisons.

Échange. — Institution d’un comptoir d’échange, chargé de recevoir les produits du travail des divers groupes producteurs de la Commune, et de les écouler au dehors ; et de recevoir du dehors d’autres produits destinés à être distribués aux consommateurs de la Commune.

Alimentation. — Organisation en service public de la fabrication et de la distribution des objets d’alimentation de première nécessité, c’est-à-dire de la boulangerie, de la boucherie et de quelques autres branches du travail alimentaire.

Statistique. — Bureau chargé de la statistique de la production et le la consommation locale, de celle des habitants, de la tenue du registre des naissances et des décès, etc.

Hygiène. — Ce service comprendrait l’approvisionnement d’eau ; les égouts, le balayage des rues ; les abattoirs, les lavoirs publics, les bains publics ; le service médical ; la sépulture.

Sécurité. — Sécurité des personnes, sécurité des édifices (organisation contre les incendies, les inondations, etc.).

Éducation. — Entretien, éducation et instruction intégrale de la jeunesse des deux sexes.

Assistance. — Entretien des invalides, des infirmes, des vieillards, des malades.

Nous allons examiner avec quelque détail ce qui se rapporte à chacune des rubriques ci-dessus.

I. — Travaux publics

Toutes les maisons sont la propriété de la commune.

La Révolution faite, chacun continue à habiter provisoirement le logement qu’il occupait, à l’exception des familles qui étaient réduites à des habitations malsaines ou trop insuffisantes, et qui seront immédiatement logées, par les soins de la commune, dans les appartements vacants des maisons appartenant précédemment aux riches.

La construction des maisons nouvelles, contenant des logements sains, spacieux et commodes, pour remplacer les misérables taudis des anciens quartiers populaires, sera un des premiers besoins de la société affranchie. La Commune s’en occupera immédiatement ; et de la sorte elle pourra non seulement fournir du travail aux corporations des maçons, charpentiers, serruriers, couvreurs, etc., mais encore il lui sera facile d’occuper d’une manière utile cette foule de gens qui, vivant dans l’oisiveté avant la Révolution, ne savent aucun métier ; ils pourront être employés comme manœuvres dans les immenses travaux de construction et de terrassement qui seront alors entrepris sur tous les points de la région affranchie, et spécialement dans les villes.

Les logements nouveaux seront construits aux frais de tous — ce qui signifie qu’en échange du travail fourni par les diverses corporations du bâtiment, celles-ci recevront de la commune les bons d’échange nécessaires pour qu’elles puissent subvenir largement à l’entretien de tous leurs membres. Et puisque les logements auront été construits aux frais de tous, ils devront être à la disposition de tous — c’est-à-dire que la jouissance en sera gratuite, et que personne n’aura à payer à la Commune une redevance, un loyer, en échange de l’appartement qu’il occupera.

Les logements étant gratuits, il semble qu’il en pourra résulter de graves discordes, parce que personne ne voudra garder un mauvais logement, et que chacun se disputera les meilleurs. Mais nous pensons qu’on aurait tort de craindre qu’il se produise, de ce chef des inconvénients graves, et voici nos raisons. D’abord, nous devons dire que ne pas vouloir habiter un mauvais logement et en désirer un meilleur est un désir assurément fort légitime ; et c’est justement ce désir, qu’on verra se produire avec beaucoup de force, qui nous donne l’assurance que partout on travaillera avec énergie et activité à le satisfaire, en bâtissant des maisons nouvelles. Mais en attendant qu’elles soient bâties, il faudra bien prendre patience et se contenter de ce qui existe ; la Commune aura eu soin, comme nous l’avons dit, de remédier aux besoins les plus pressants en logeant les familles les plus pauvres dans les vastes palais des riches ; et quant au reste de la population, nous croyons qu’il se sera développé en elle, par l’enthousiasme révolutionnaire, un sentiment de générosité et d’abnégation, qui fera que chacun sera heureux de supporter, pendant quelque temps encore, les inconvénients d’une habitation incommode, et qu’il viendra à l’idée de personne de chercher querelle à un voisin qui, plus favorisé, aura provisoirement un appartement plus agréable.

Au bout de peu de temps, grâce à l’activité avec laquelle travailleront les constructeurs, puissamment stimulés par la demande générale, les logements seront devenus si abondants, que toutes les demandes pourront être satisfaites : chacun n’aura plus qu’à choisir, avec la certitude de trouver une habitation à sa convenance.

Ce que nous disons là n’a rien de chimérique, quelque merveilleux que cela puisse paraître à ceux dont le regard n’a jamais dépassé l’horizon de la société bourgeoise : c’est au contraire ce qu’il y a de plus simple et de plus naturel, si naturel qu’il serait impossible que les choses se passassent autrement. En effet, à quoi veut-on que s’occupent les légions de maçons et d’autres travailleurs du bâtiment, sinon à construire incessamment des logements commodes et vraiment dignes d’être habités par les membres d’une société civilisée ? Leur faudra-t-il en construire pendant beaucoup d’années, pour que chaque famille ait le sien ? Non, ce sera l’œuvre de peu de temps. Et quand ils auront fini, se croiseront-ils les bras ? Non, sans doute ; ils continueront à travailler ; ils amélioreront, ils perfectionneront ce qui existe, et peu à peu on verra disparaître entièrement les quartiers sombres, les rues étroites, les maisons incommodes de nos villes actuelles : à leur place s’élèveront des palais, où habiteront les travailleurs redevenus hommes.

Ce que nous venons de dire s’applique plus spécialement aux villes ; et nous devons, à l’égard des villages de paysans, présenter une observation.

De même que nous avons déjà prévu le cas ou des paysans, encore étrangers aux procédés modernes de la grande culture, préféreront garder la propriété individuelle du sol et donner à chaque travailleur son morceau de terrain, il faut prévoir celui où, dans de petits villages agricoles, les paysans, habitant chacun avec leur famille une maison séparée, voudront conserver cette maison en propriété particulière, au lieu de remettre tous les immeubles entre les mains de la Commune comme propriété collective. Nous ne voyons à cela aucun inconvénient, pourvu qu’il ne se trouve pas de travailleurs frustrés par cet état de choses ; si chacun a sa maison et en est content, si en outre la Commune fait bâtir des maisons pour celles des familles qui peut-être n’en auraient pas, tout sera bien. Par la suite, il est probable que les idées se modifieront, et que même dans ces Communes où d’abord la propriété individuelle aura été conservée, les maisons deviendront propriété communale : ce sera au temps et à l’expérience à faire sentir les avantages de cette organisation sur l’organisation ancienne.

II. — Échange.

Dans la société nouvelle, il n’y aura plus de commerce, dans le sens qui est attaché aujourd’hui à ce mot.

Chaque commune établira un comptoir d’échange, dont nous allons expliquer le plus clairement possible le mécanisme.

Les associations de travailleurs, ainsi que les producteurs individuels (dans les branches où la production individuelle pourra continuer), déposeront leurs produits au comptoir d’échange. La valeur de ces divers produits aura été fixée d’avance par une convention entre les fédérations corporatives régionales et les différentes Communes, au moyen des données que fournira la statistique. Le comptoir d’échange remettra aux producteurs des bons d’échange représentant la valeur de leurs produits ; ces bons d’échange seront admis à circuler dans toute l’étendue du territoire de la Fédération des communes (on trouvera des détails à ce sujet dans un autre chapitre).

Parmi les produits ainsi déposés au comptoir d’échange, les uns sont destinés à être consommés dans la Commune même, et les autres à être exportés dans d’autres Communes, et par conséquent échangés contre d’autres produits.

Les premiers de ces produits seront transportés dans les différents bazars communaux, pour l’établissement desquels on aura pu utiliser provisoirement les locaux les plus commodes parmi les boutiques et magasins des anciens marchands. De ces bazars, les uns seront consacrés aux produits alimentaires, d’autres aux vêtements, d’autres aux ustensiles de ménage, etc.

Les produits destinés à l’exportation resteront dans des magasins généraux, jusqu’à ce que le moment soit venu de les diriger sur les Communes qui en auront besoin.

Prévenons ici une objection. On nous dira peut-être : le comptoir d’échange de chaque Commune remet aux producteurs, au moyen de bons d’échange, un signe représentatif de la valeur de leurs produits, et cela avant d’être assuré de l’écoulement de ces mêmes produits. Si les produits venaient à ne pas s’écouler, dans quelle position se trouverait le comptoir d’échange ? ne risque-t-il pas de faire des pertes, et le genre d’opération dont on le charge n’est-il pas très aléatoire ? »

À cela, nous répondrons que chaque comptoir d’échange est sûr d’avance de l’écoulement des produits qu’il reçoit, en sorte qu’il ne peut y avoir aucun inconvénient à ce qu’il en remette aussitôt la valeur aux producteurs par des bons d’échange. Nous expliquerons plus loin de quelle manière ce résultat sera obtenu.

Il y aura certaines catégories de travailleurs auxquels il sera matériellement impossible d’apporter leurs produits au comptoir d’échange : tels sont, par exemple, les constructeurs de bâtiments. Mais le comptoir d’échange ne leur servira pas moins d’intermédiaire : ils y feront enregistrer les divers travaux qu’ils auront exécutés, et dont la valeur aura toujours été convenue d’avance ; et le comptoir leur délivrera cette valeur en bons d’échange. Il en sera de même des divers travailleurs employés pour les services administratifs de la Commune ; leur travail consiste, non en produits fabriqués, mais en services rendus ; ces services auront été tarifés d’avance, et le comptoir d’échange leur en paiera la valeur.

Le comptoir d’échange n’a pas seulement pour fonction de recevoir les produits que lui apportent les travailleurs de la Commune ; il correspond avec les autres Communes, et il fait venir les produits que la commune est obligée de tirer du dehors, soit pour contribuer à son alimentation, soir comme matières premières, combustibles, produits manufacturés, etc.

Ces produits tirés du dehors figurent dans les bazars communaux, à côté des produits de la localité.

Les consommateurs se présentent dans ces divers bazars, munis de leurs bons d’échange, qui peuvent être divisés en coupures de différentes valeurs ; et ils se procurent là, sur les bases d’un tarif uniforme, tous les objets de consommation dont ils auront besoin.

Jusqu’à présent, l’exposé que nous avons fait des opérations du comptoir d’échange n’a rien qui diffère d’une manière essentielle des usages du commerce actuel : ces opérations, en effet, ne sont autres que celles de la vente et de l’achat ; le comptoir achète aux producteurs leurs produits, et vend aux consommateurs les objets de consommation. Mais nous pensons qu’au bout d’un certain temps, la pratique des comptoirs d’échange pourra sans inconvénient être modifiée, et qu’un système nouveau se substituera peu à peu au système ancien : l’échange proprement dit disparaîtra, et fera place à la distribution pure et simple.

Voilà ce que nous entendons par là :

Aussi longtemps qu’un produit est peu abondant, et ne se trouve dans les magasins communaux qu’en quantités plus petites que celles que la population pourrait consommer, on est obligé d’apporter dans la répartition de ce produit une certaine mesure ; et la manière la plus facile d’opérer ce rationnement des consommateurs, c’est de leur vendre le produit, c’est-à-dire de n’en livrer qu’à ceux qui donneront en échange une certaine valeur. Mais une fois que, grâce au développement prodigieux de la production qui ne manquera pas d’avoir lieu dès que le travail sera organisé sur des bases rationnelles — une fois, disons-nous, que grâce à ce développement, telle ou telle catégorie de produits en dépassera de beaucoup tout ce que pourrait consommer la population, alors il ne sera plus nécessaire de rationner les consommateurs ; on pourra supprimer l’opération de la vente, qui était une sorte de frein opposé à une consommation immodérée ; les comptoirs communaux ne vendront plus les produits aux consommateurs, ils les leur distribueront à proportion des besoins que ceux-ci déclareront éprouver.

Cette substitution de la distribution à l’échange pourra avoir lieu au bout de peu de temps pour tous les objets de première nécessité ; car ce sera surtout vers une production abondante de ces objets que seront dirigés les premiers efforts des associations de producteurs. Bientôt d’autres objets, qui aujourd’hui encore sont rares et coûteux, et sont par conséquent regardés comme des objets de luxe, pourront à leur tour être produits sur une grande échelle, et entrer ainsi dans le domaine de la distribution, c’est-à-dire de la consommation universelle. Par contre d’autres objets, mais en petit nombre et de peu d’importance (par exemple les perles, diamants, certains métaux), ne pourront jamais devenir abondants, parce que la nature elle-même en a limité la quantité ; mais comme on aura cessé d’y attacher le prix que l’opinion leur attribue aujourd’hui, ils ne seront plus guère recherchés que par les associations scientifiques qui voudront les placer dans des musées d’histoire naturelle ou les utiliser pour la confection de certains instruments.

Nous avons tenu à indiquer ici notre opinion sur la manière en laquelle pourra s’opérer, dans un avenir peu distant de la Révolution, la répartition des produits mais qu’on s’en souvienne, la première condition pour arriver à cette organisation simplement distributive, c’est de tripler l’énergie de la production ; et tant qu’on n’aura pas obtenu ce résultat préalable, il faudra s’en tenir au mode que nous avons expliqué en premier lieu, à la vente et a l’achat au moyen de bons d’échange et par l’intermédiaire des comptoirs communaux.

III. — Alimentation

Le service de l’alimentation ne forme en quelque sorte qu’une annexe de celui de l’échange. En effet, ce que nous venons de dire de l’organisation du comptoir d’échange s’applique à tous les produits, y compris les produits spécialement destinés à l’alimentation. Cependant, nous croyons utile d’ajouter, dans un paragraphe spécial, quelques explications plus détaillées sur les dispositions à prendre pour la répartition des principaux produits alimentaires.

Aujourd’hui la boulangerie, la boucherie, le commerce des vins, des denrées coloniales sont abandonnés à l’industrie privée, et à la spéculation, qui, par des fraudes de tout genre, cherchent à s’enrichir aux dépens du consommateur. La société nouvelle devra immédiatement porter remède à un pareil état de choses : ce remède consistera à ériger en service public communal tout ce qui concerne la distribution des produits alimentaires de première nécessité.

Qu’on le remarque bien : ceci ne veut pas dire que la Commune s’empare de certaines branches de la production. Non : la production proprement dite reste entre les mains des associations de producteurs. Mais pour le pain, par exemple, en quoi consiste la production ? uniquement dans la culture du blé. Le laboureur sème et et récolte le grain, et t’apporte au comptoir d’échange là s’arrête la fonction du producteur. Réduire ce grain en farine, transformer cette farine en pain, ce n’est plus de la production : c’est un travail analogue à celui que remplissent les divers employés des bazars communaux, un travail destiné à mettre un produit alimentaire, le blé, à la portée des consommateurs. De même pour la viande. Le paysan élève et nourrit le bétail ; puis quand il l’a suffisamment engraissé, il l’amène au comptoir d’échange. L’opération d’abattre et de découper le bétail n’est plus l’acte d’un producteur proprement dit : la fonction du boucher est analogue à celle de tout autre tout employé d’un bazar communal, intermédiaire entre le producteur et le consommateur. De même encore pour le vin. Le producteur est celui qui cultive la vigne, qui pressure le vin et l’apporte au comptoir d’échange ; mais celui qui donne ensuite au vin les soins nécessaires à sa conservation, qui le distribue aux consommateurs, n’est plus lui-même un producteur, c’est un simple intermédiaire.

On le voit donc : au point de vue du principe, rien de plus logique que de faire rentrer la boulangerie, la boucherie, la distribution des vins, etc, dans les attributions de la Commune.

En conséquence, le blé, une fois entré dans les magasins de la Commune, sera réduit en farine dans un moulin communal (il va sans dire que plusieurs communes pourront avoir le même moulin) ; la farine sera transformée en pain dans les boulangeries communales, et le pain sera livré par la Commune aux consommateurs. Il en sera de même de la viande : les bestiaux seront abattus dans les abattoirs communaux, et dépecés dans les boucheries communales. Les vins seront conservés dans les caves communales, et distribués aux consommateurs par des employés spéciaux. Enfin, les autres denrées alimentaires seront, suivant la consommation plus ou moins immédiate qui doit en être faite, conservées dans les magasins de la commune, ou bien exposées aux halles, où les consommateurs viendront les chercher.

C’est surtout pour cette catégorie de produits, pain, viande, vin, etc., que les efforts devront tendre à substituer au plus vite au régime de l’échange celui de la distribution. Une fois qu’une alimentation abondante sera assurée à tous, les progrès des sciences, des arts industriels, et de la civilisation en général, marcheront à pas de géant.

IV. — Statistique

La commission communale de statistique aura pour tâche de réunir tous les renseignements statistiques de la commune.

Les diverses corporations ou associations de production la tiendront constamment au courant du nombre de leurs membres et des changements qui s’opèrent dans leur personnel, en sorte qu’il sera possible de connaître à tous les instants le nombre de bras employés dans les diverses branches de la production.

Par l’intermédiaire du comptoir d’échange, la commission de statistique obtiendra les données les plus complètes sur le chiffre de la production et sur celui de la consommation.

Ce sera au moyen des faits statistiques recueillis de la sorte dans toutes les communes d’une région, qu’il sera possible d’équilibrer scientifiquement la production et la consommation ; en obéissant à ces indications, on pourra accroître le nombre de bras dans les branches où la production est insuffisante, et le diminuer dans celles où la production est surabondante. La statistique permettra aussi de fixer la durée moyenne de la journée de travail, nécessaire pour obtenir la somme de produits que réclament les besoins de la société. Ce sera par elle également qu’on arrivera à pouvoir déterminer, non certes d’une manière absolue, mais avec une exactitude suffisante pour la pratique, la valeur relative des divers produits, qui servira de base aux tarifs des comptoirs d’échange.

Mais ce n’est pas tout ; la commission de statistique aura encore à remplir les fonctions attribuées aujourd’hui à l’état civil : elle enregistrera les naissances et les décès. Nous n’ajoutons pas : les mariages, parce que, dans une société libre, l’union volontaire de l’homme et de la femme ne sera plus un acte officiel, mais un acte purement privé, qui n’aura besoin d’aucune sanction publique.

Bien d’autres choses encore sont du ressort de la statistique : les maladies, les observations météorologiques, tous les faits enfin qui, se produisant d’une façon régulière, peuvent être enregistrés et comptés, et du groupement numérique desquels peut sortir quelque enseignement, parfois même quelque loi scientifique.

V. — Hygiène.

Sous le nom général d’hygiène nous avons rassemblé divers services publics dont le bon fonctionnement est indispensable au maintien de la santé commune.

Au premier rang il faut placer naturellement le service médical, qui sera mis gratuitement par la Commune à la portée de tous ses ressortissants. Les médecins ne seront plus des industriels cherchant à tirer le plus gros profit possible de leurs malades ; ce seront des employés de la Commune, rétribués par elle, et qui doivent accorder leurs soins à tous ceux qui les réclament.

Mais le service médical ne nous présente que le côté curatif de cette branche de l’activité et du savoir humain qui s’occupe de la santé ; et ce n’est pas assez que de guérir les maladies, il faut encore les prévenir. C’est là la fonction de l’hygiène proprement dite.

Une quantité d’objets qui, par un de leurs côtés, dépendent d’autres domaines, comme par exemple de celui des travaux publics ou du comptoir d’échange, se rattachent pourtant à l’hygiène par l’influence qu’ils peuvent exercer sur la santé publique.

C’est ainsi que la commission d’hygiène aura à s’occuper, de concert avec celle des travaux publics, de la distribution de l’eau potable, et a veiller a ce que cette eau soit livrée aux consommateurs dans les conditions de la plus grande pureté possible ; elle surveillera aussi la construction et le service des égouts ; elle veillera à la propreté des rues. Les abattoirs, les lavoirs publics où seront nettoyés les vêtements, les établissements de bains publics, sont aussi de son ressort. Elle s’occupera également de tout ce qui regarde les derniers devoirs à rendre aux morts, et des mesures nécessaires pour éviter que les cadavres ne produisent, par leur accumulation dans les cimetières, des foyers d’infection potentielle.

On pourrait citer encore plusieurs autres choses qui devront attirer l’attention et occuper les soins de la commission d’hygiène ; mais le peu que nous venons de dire a déjà dû suffire pour donner une idée de la nature de ses fonctions et de leur importance.

VI. — Sécurité

Ce service comprend les mesures nécessaires pour garantir à tous les habitants de la Commune, la sécurité de leur personne ainsi que pour protéger les bâtiments, les produits, etc., contre toute déprédation et tout accident.

Il n’est pas probable que dans une société où chacun pourra vivre en pleine liberté du fruit de son travail, et trouvera tous ses besoins abondamment satisfaits, des cas de vol et de brigandage puissent encore se présenter. Le bien-être matériel, ainsi que le développement intellectuel et moral qui résultera de l’instruction vraiment humaine donnée à tous, rendront en outre beaucoup plus rares les crimes qui sont la suite de la débauche, de la colère, de la brutalité, ou d’autres vices.

Néanmoins il ne sera pas inutile de prendre des précautions pour la sécurité des personnes. Ce service, qu’on pourrait appeler, si ce terme n’avait pas une signification trop équivoque, la police de la Commune, ne sera pas confié, comme aujourd’hui, à un corps spécial : tous les habitants seront appelés à y prendre part et à veiller à tour de rôle dans les divers postes de sûreté que la Commune aura institués.

On se demandera sans doute, à ce propos, comment sera traité, dans la société égalitaire, celui qui se sera rendu coupable d’un meurtre ou d’autres violences. Évidemment on ne pourra pas, sous prétexte de respect des droits de l’individu et de négation de l’autorité, laisser courir tranquillement un meurtrier ou attendre que quelque ami de la victime lui applique la loi du talion. Il faudra le priver de sa liberté, et le garder dans une maison spéciale, jusqu’à ce qu’il puisse, sans danger, être rendu à la société. Comment devra-t-il être traité durant sa captivité ? et d’après quels principes en déterminera-t-on la durée ? Ce sont là des questions délicates, sur lesquelles les opinions sont encore divisées. Il faudra s’en remettre à l’expérience pour leur solution ; mais nous savons dès à présent que, grâce à la transformation que l’éducation opérera dans les caractères, les crimes seront devenus très rares : les criminels n’étant plus qu’une exception, seront considérés comme des malades et des insensés ; la question du crime, qui occupe aujourd’hui tant de juges, d’avocats et de geôliers, perdra son importance sociale, et deviendra un simple chapitre de la philosophie médicale.

Les tribunaux actuels sont chargés de deux besognes bien différentes : ils jugent les crimes, c’est-à-dire les attentats contre les personnes ou les choses (meurtres, incendies, etc), et ils jugent aussi les contestations entre les particuliers, les procès. Comme nous venons de le dire, les cas de la première catégorie, les crimes, seront désormais du ressort du service de la sécurité, qui cherchera à les prévenir, et de celui du service médical, qui décidera des mesures à prendre a l’égard des criminels. Quant aux cas de la seconde catégorie, aux contestations entre des personnes, entre des associations, entre des Communes, ces contestations seront jugées par des arbitres désignés par les parties, comme cela se fait déjà aujourd’hui dans un grand nombre de circonstances.

Le service de la sécurité publique comprendra aussi les précautions a prendre contre les incendies, les inondations, et autres accidents de ce genre. Tous les habitants de la Commune auront du s’entendre pour concourir à l’exécution des mesures destinées a prévenir ces accidents : ainsi, par exemple, ils auront formé un corps de pompiers.

Un vaste système d’assurances complétera cette organisation. Les corporations et les Communes se garantiront un appui mutuel pour le cas ou un désastre, incendie, grêle, épizootie, sécheresse, etc… viendrait à frapper une ou plusieurs d’entr’elles. Ce pacte d’assurance et de solidarité ne formera d’ailleurs qu’un des chapitres du pacte général de fédération dont il sera parlé plus loin.

VII. — Education

Sur ce sujet très important, et qui demanderait à être traité dans un livre spécial, nous ne pourrons donner que quelques brèves indications, suffisantes toutefois pour qu’on se forme une idée générale exacte.

Le premier point a considérer, c’est la question de l’entretien des enfants. Aujourd’hui, ce sont les parents qui sont chargés de pourvoir à la nourriture de leurs enfants, ainsi qu’à leur instruction : cet usage est la conséquence d’un principe faux, qui fait considérer l’enfant comme la propriété de ses parents. L’enfant n’est la propriété de personne, il s’appartient à lui-même ; et pendant la période dans laquelle il est encore incapable de se protéger lui-même, et où par conséquent il peut être exposé à l’exploitation, c’est à la société à le protéger et à lui assurer la garantie de son libre développement. C’est à la société aussi à se charger de son entretien : en subvenant à sa consommation et aux diverses dépenses que nécessitera son éducation, la société ne fait qu’une avance, que l’enfant lui remboursera par son travail lorsqu’il sera devenu un producteur.

Ainsi, c’est la société, et non les parents, qui doit se charger de l’entretien de l’enfant. Ce principe général posé, nous croyons devoir nous abstenir de fixer d’une manière précise et détaillée la forme en laquelle il doit être appliqué : nous risquerions de tomber dans l’utopie ; il faudra laisser agir la liberté, et attendre les leçons de l’expérience. Disons seulement que vis-à-vis de l’enfant, la société est représentée par la Commune et que chaque Commune aura à déterminer l’organisation qu’elle jugera la meilleure pour l’entretien de ses enfants : ici on préférera la vie en commun, là on laissera les enfants à leur mère au moins jusqu’à un certain âge, etc.

Mais ce n’est là qu’un côté de la question. La Commune nourrit, habille, loge les enfants : qui les instruira, qui en fera des hommes et des producteurs ? et selon quel plan leur éducation sera-t-elle dirigée ?

À ces questions, nous répondrons : L’éducation des enfants doit être intégrale, c’est-à-dire qu’elle doit développer à la fois toutes les facultés du corps et toute les facultés de l’esprit, de manière à faire de l’enfant un homme complet. Cette éducation ne doit pas être confiée à une caste spéciale d’instituteurs : tous ceux qui connaissent une science, un art, un métier, peuvent et doivent être appelés à l’enseigner.

Sans doute, dans les premières années qui suivront la Révolution, on ne pourra pas créer de toutes pièces l’organisation de l’éducation telle qu’elle devra fonctionner dans la période normale : il y aura évidemment quelques années de transition, pendant lesquelles chaque Commune fera de son mieux, avec les éléments qu’elle possède. Mais le tableau dont nous allons tracer les lignes principales, indique le but vers lequel il faut tendre, but auquel des efforts sérieux et persévérants permettront d’arriver assez promptement.

On distinguera dans l’éducation deux degrés : l’un ou l’enfant, de cinq à douze ans, n’a pas encore atteint l’âge d’étudier les sciences, et ou il s’agit essentiellement de développer ses facultés physiques ; et un second degré ou l’enfant, de douze à seize ans, doit être initié aux diverses branches du savoir humain, en même temps qu’il apprend la pratique d’une ou de plusieurs branches de production.

Dans chaque Commune, des dispositions devront être prises pour que, sans sortir de la Commune où il habite, l’enfant puisse recevoir, dans toute son étendue, l’instruction intégrale à l’un et l’autre degré. Il va de soi, néanmoins, que si l’enfant désirait apprendre une branche de production qui n’existerait pas dans sa Commune d’origine, il serait obligé de changer de Commune et de chercher une localité où il pût recevoir l’enseignement pratique dont il aurait besoin.

En outre, après avoir terminé son éducation jusqu’à la fin du second degré, un jeune homme peut désirer — sans abandonner le travail productif auquel il est tenu — de se vouer plus spécialement à l’étude d’une science. Il trouvera alors l’occasion de satisfaire son désir dans des établissements spéciaux, qui existeront dans un certain nombre de Communes. Ces établissements seront ouverts à tous, et chacun possédant ainsi les moyens nécessaires pour continuer des études sérieuses tout en remplissant ses devoirs de producteur, les hautes études scientifiques seront accessibles à tous ceux qui le voudront.

Nous n’insisterons pas davantage sur ce dernier point : ceux qui, dans les sciences, voueront leur existence à une spécialité et enrichiront le savoir humain de découvertes nouvelles, seront probablement en petit nombre ; la majorité se contentera, au moins dans le commencement, des deux degrés d’études indiqués plus haut, qui suffiront d’ailleurs pour former des hommes complets, et sur lesquels nous allons donner quelques indications plus détaillées.

Dans le premier degré, comme nous l’avons dit, il s’agira essentiellement de développer les facultés physiques, de fortifier le corps, d’exercer les sens. Aujourd’hui on s’en remet au hasard du soin d’exercer la vue, de former l’oreille, de développer l’habileté de la main ; une éducation rationnelle s’appliquera au contraire, par des exercices spéciaux, à donner à l’œil et a l’oreille toute la puissance dont ils sont susceptibles ; et quant aux mains, on se gardera bien d’habituer les enfants à se servir exclusivement de la droite : on cherchera à les rendre aussi habiles d’une main que de l’autre.

En même temps que les sens s’exerceront, et que la vigueur corporelle s’accroîtra par une intelligente gymnastique, la culture de l’esprit commencera, mais d’une façon toute spontanée : un certain nombre de faits scientifiques s’accumuleront d’eux-mêmes dans le cerveau de l’enfant.

L’observation individuelle, l’expérience, les conversations des enfants entre eux, ou avec les personnes chargées de diriger leur enseignement, seront les seules leçons qu’ils recevront dans cette période.

Plus d’école arbitrairement gouvernée par un pédagogue, et dans laquelle les élèves tremblants soupirent après la liberté et les jeux du dehors. Dans leurs réunions, les enfants seront complètement libres : ils organiseront eux-mêmes leurs jeux, leurs conférences, établiront un bureau pour diriger leurs travaux, des arbitres pour juger leurs différends, etc. Ils s’habitueront ainsi à la vie publique, à la responsabilité, à la mutualité ; le professeur qu’ils auront librement choisi pour leur donner un enseignement, ne sera plus pour eux un tyran détesté, mais un ami qu’ils écouteront avec plaisir.

Dans le second degré, les enfants, parvenus à l’âge de douze ou treize ans, étudieront successivement dans un ordre méthodique les principales branches des connaissances humaines. L’enseignement ne sera pas remis entre les mains d’hommes qui en feront leur occupation exclusive : les professeurs de telle ou telle science seront en même temps des producteurs, qui occuperont une partie de leur temps au travail manuel ; et chaque branche comptera non pas un, mais un aussi grand nombre qu’il se trouvera dans la Commune d’hommes possédant une science et disposés à l’enseigner. En outre, la lecture en commun de bons ouvrages d’enseignement, les discussions dont ces lectures seront suivies, diminueront beaucoup l’importance qu’on attache aujourd’hui à la personnalité du professeur.

En même temps que l’enfant développera son corps et s’appropriera les sciences, il fera son apprentissage comme producteur. Dans le premier degré de l’enseignement, le besoin de réparer ou de modifier le matériel de ses jeux aura initié l’enfant au maniement des principaux outils. Pendant la seconde époque, il visitera les divers ateliers, et bientôt, entraîné par son goût vers l’une ou l’autre branche, il se choisira une ou plusieurs spécialités. Les maîtres d’apprentissage seront les producteurs eux-mêmes ; dans chaque atelier, il y aura des élèves, et une partie du temps de chaque travailleur sera consacrée à leur montrer à travailler. À cette éducation pratique seront jointes quelques leçons théoriques.

De cette manière, à l’âge de seize ou dix-sept ans, le jeune homme aura parcouru tout le cercle des connaissances humaines, et sera en état de poursuivre seul ses études ultérieures, s’il le désire ; il aura en outre appris un métier, et se trouvera dès lors au rang des producteurs utiles, de façon à pouvoir rembourser à la société, par son travail, la dette que son éducation lui aura fait contracter envers elle. [1]

Il nous reste à dire un mot des relations de l’enfant avec sa famille.

Il y a des gens qui prétendent qu’une mesure d’organisation sociale qui met l’entretien de l’enfant à la charge de la société n’est autre chose que « la destruction de la famille ». C’est là une expression vide de sens ; tant que le concours de deux individus de sexe différent sera nécessaire pour la procréation d’un nouveau-né, tant qu’il y aura des pères et des mères, le lien naturel de parenté entre l’enfant et ceux à qui il doit la vie ne pourra pas être effacé des relations sociales.

Seulement le caractère de ce lien devra nécessairement se modifier. Dans l’Antiquité, le père était maître absolu de l’enfant, il avait sur lui droit de vie et de mort ; dans les temps modernes, l’autorité paternelle a été limitée par certaines restrictions ; quoi de plus naturel, par conséquent, que dans une société libre et égalitaire, ce qui reste encore aujourd’hui de cette autorité s’efface complètement, pour faire face aux relations de simple affection ?

Nous ne prétendons pas, sans doute, que l’enfant doive être traité en adulte, que tous ses caprices aient droit au respect, et que lorsqu’il y a opposition entre sa volonté enfantine et les règles établies par la science et le sens commun, il ne faille pas enseigner à l’enfant à céder. Au contraire, nous disons que l’enfant a besoin d’être dirigé : mais la direction de ses premières année ne doit pas être confiée exclusivement aux mains de parents souvent incapables, et qui généralement abusent du pouvoir qui leur est remis. Le but de l’éducation que reçoit l’enfant étant de le mettre aussi vite que possible en état de se diriger lui-même, par le large développement de toutes ses facultés, il est évident qu’aucune tendance étroitement autoritaire n’est compatible avec un pareil système d’éducation.

Mais parce que les relations du père au fils seront, non plus celles d’un maître à un esclave, mais celles d’un instituteur à un élève, d’un ami plus âgé à un ami plus jeune, pense-t-on que l’affection réciproque des parents et des enfants aura à en souffrir ? N’est-ce pas au contraire alors qu’on verra cesser ces inimitiés, ces discordes dont la famille offre aujourd’hui tant d’exemples, et qui presque toujours ont pour cause la tyrannie exercée par le père sur ses enfants ?

Que personne ne vienne donc plus dire que la société affranchie et régénérée détruira la famille. Elle apprendra au contraire au père, à la mère, à l’enfant, à s’aimer, à s’estimer, à respecter leurs droits mutuels ; et en même temps, elle leur mettra au cœur, à côté et au-dessus des affections de famille qui n’embrassent qu’un cercle restreint et qui peuvent devenir mauvaises si elles restent exclusives, un amour plus haut et plus noble, celui de la grande famille humaine.

VIII. — Assistance

Nous employons le terme d’assistance pour désigner non point une œuvre de charité, mais les institutions au moyen desquelles la société s’acquitte d’une partie de ses obligations qu’elle a contractée envers chacun de ses membres, et spécialement de l’obligation d’assurer l’existence et l’entretien des malades, des infirmes et des vieillards.

Nous n’avons pas à indiquer les détails de l’organisation des établissements que chaque Commune devra instituer dans ce but ; nous dirons seulement qu’afin d’assurer partout le fonctionnement régulier de ces institutions si importantes, la Fédération des Communes devra prêter son appui à celles des Communes dont les ressources seraient insuffisantes ; et nous ajouterons que les membres de la société que leur grand âge ou le mauvais état de leur santé aura rendus incapables de travailler et qui par conséquent auront recours à l’assistance publique, ne seront point considérés comme des indigents auxquels la compassion jette une aumône, mais comme des égaux envers lesquels la société a des engagements qu’elle est tenue de remplir. De même que l’enfance a droit à l’éducation, la vieillesse et la maladie ont droit aux soins et au repos : et c’est justement pour se garantir les uns aux autres ces droits et ces avantages, que les hommes se sont donné des institutions sociales et se sont unis par les liens d’une étroite solidarité.


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[1On peut consulter avec fruit, sur cette importante question de l’enseignement un excellent travail publié il y a quelques années sous le titre : De l’enseignement intégral, par Paul Robin.