Amilcare Cipriani est né le 18 octobre 1844 à Rimini, à un moment où l’Italie, agitée par les partis disputeurs, ne connaissait pas encore l’unité et rêvait de liberté. Sa jeunesse s’écoula parmi ces désirs. Dès l’âge de quinze ans, guidé par ce besoin ardent, qui l’a soutenu toute sa vie, de combattre et d’agir, Cipriani s’engageait comme volontaire, dans le régiment d’infanterie, au Piémont. Il se battait à Palestro. Il se battait à Solférino. En 1860 (il avait alors seize ans), il apprenait que Garibaldi préparait sa fameuse expédition des Mille. Cipriani se trouvait alors en garnison à Mortara. Il n’eut pas d’hésitation. Avec plusieurs de ses camarades, il déserta et rejoignit le héros de Sicile.
Sous les ordres de Garibaldi, Cipriani prit part aux combats de Milazzo, passa sur le continent, fut de la bataille de Maddaloni où il gagna le grade de sous-lieutenant. Bientôt, Victor-Emmanuel entrait à Milan ; Garibaldi plaida la cause des déserteurs italiens. Cipriani fut réintégré dans son régiment et s’en alla dans les Abruzzes combattre les brigands qui terrorisaient ces contrées ; il se battit à Totéa, à Aquila, à Civitella del Tronto. Mais cette existence de mercenaire ne lui convenait qu’à moitié. Il avait au cœur d’autres désirs et dans le cerveau d’autres rêves. Bientôt il désertait pour la deuxième fois et rejoignait Garibaldi à Bosco della Figuzze.
Battu à Aspromonte, Cipriani fut fait prisonnier. Il réussit à s’échapper, passa le détroit de Messine et se joignit à la colonne Tracelli. Peu après, l’ignoble commandant de Vilata s’emparait de sept de ses camarades et les faisait fusiller. Cipriani parvint encore à s’échapper avec son frère et quatre de ses compagnons. Il s’embarqua pour la Grèce.