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[11] Charles Malato (1857-1938)

mardi 22 septembre 2020, par Victor Méric - Flax (Domaine public)

On connaît maintenant Malato. Sa vie n’est faite que de batailles, de coups de mains hardis, d’évasions, d’emprisonnements, d’exils. Aujourd’hui, Malato qui a dépassé le cap de la cinquantaine, est resté jeune de cœur. Il est prêt à d’autres aventures. Il se tient à la disposition des révolutionnaires. Le calme plat que nous traversons, seul, lui permet de se reposer. Vienne une période plus troublée et nous sommes certains de le revoir, au premier rang, parmi les combattants.

Après un stage assez court à l’Action, devenue l’organe ministériel par excellence, Malato a renoncé au journalisme. Il estime qu’il est difficile de conserver son indépendance dans la presse de nos jours et il n’a pas tort. Aussi Malato s’efforce-t-il de se tirer d’affaire en écrivant des romans-feuilletons, des livres de prix, des traductions. Sous le pseudonyme de Talamo, il a déjà donné plusieurs livres pour les enfants. On lui doit également des romans tels que Pierre Vaux, la Grande Grève, les Fiancés de l’An II, etc. Citons encore les Joyeusetés de l’Exil, De la Commune à l’Anarchie, les Classes sociales.

Malato s’est aussi essayé au théâtre. Son révolutionnarisme ne l’empêche nullement d’adorer l’opérette et la musique d’Offenbach ou de Lecoq. En pleine affaire, il a fait jouer (déplorablement !) une pochade Barbe à poux visant Edouard Drumont qui a fait quelque bruit. Dernièrement, il a fait représenter, rue de l’Église, une pièce irrespectueuse pour la religion : Fin de Ciel qui fut interdite par la censure.

Ajoutons, pour terminer, que Malato parvenu, grâce à son activité et ses travaux à une certaine aisance, met à peu près ce qu’il possède à la disposition de la propagande. Grâce à son concours, les révolutionnaires vont pouvoir fonder un grand quotidien. Ce journal, dont nous avions annoncé l’apparition comme prochaine, dans notre numéro sur Émile Pouget, et qui fut retardé après les événements de Villeneuve est prêt à paraître. Si rien n’intervient, il sera lancé le 1er février. Seulement son titre ne sera plus le même. Il devait s’appeler le Cri du Peuple. Il s’appellera la Révolution. Si l’on veut connaître les raisons de ce changement, on n’a qu’à s’adresser à certain socialiste communiste, possesseur du titre qui fut celui de Jules Vallès et dont l’instinct propriétaire se révolte à la pensée qu’on pourrait le frustrer de son bien.

Malato sera l’un des collaborateurs assidus de la Révolution. Son rôle, donc, est loin d’être terminé. Attendons-nous à le voir, comme à son habitude, payer bravement de sa personne dans les batailles futures.

 

Les Hommes du jour, 26 décembre 1908 - n°50