Malato revint à Paris. Il trouva Rochefort et L’Intransigeant plus nationaliste que jamais et donna sa démission, sans bruit. Il espérait un réveil en Espagne, ne voyait rien à faire en France. Il franchit de nouveau les Pyrénées, cette fois comme correspondant d’un journal américain. C’était téméraire. On pouvait, en effet, le prendre pour un espion et le fusiller. Filé et accosté à différentes reprises, Malato ne crut pas devoir prolonger l’expérience et, au bout d’un mois, rentra à Paris.
Il devint alors rédacteur à l’Aurore où il avait suivi Ernest Vaughan. Malato n’avait pas attendu le capitaine juif pour savoir ce que valait la justice. Il ne s’occupa nullement de Dreyfus. Mais le républicain, qui sommeille toujours en lui, estimait qu’il était indispensable de refouler une réaction politique dont il connaissait les fureurs.
A l’Aurore, sa situation fut modeste. Il s’attacha surtout à conserver son indépendance. Pas une fois, il ne pénétra dans le bureau de Clemenceau, alors assiégé par une foule de jeunes arrivistes. Aussi lorsque plus tard, Clemenceau prit la direction de l’Aurore, Malato dut-il se retirer sans que l’autre insistât pour le conserver.