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La vie d’Anselmo Lorenzo en Bande dessinée [02]
mercredi 5 avril 2023
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Tous ces hommes, ouvriers pour la plupart, et parmi eux, plusieurs typographes, sont tous républicains. Ce sont eux qui, virtuellement, feront naître la Fédération Régionale Ouvrière Espagnole, glorieuse ancêtre de la CNT L’UGT n’existait pas encore. Elle ne fut fondée qu’en 1888, réunissant sous ce nom les sociétés ouvrières qui fonctionnaient hors de la Fédération Régionale depuis 1871, c’est-à-dire après le voyage de
Lafargue , envoyé par Karl Marx. Lorenzo est, depuis la première heure, le dépositaire le plus zélé des plans de Bakounine en Espagne. Cette activité correspond en plus parfaitement à son caractère et à sa conception de la lutte.
La Section, constituée à Madrid par 21 hommes enthousiastes et dévoués, croît et s’étend dans toute l’Espagne. A Barcelone, les objectifs de l’Internationale trouvent un magnifique foyer : le groupe de typographes qu’entoure
Farga Pellicer , à l’« Academia », la célèbre imprimerie. De plus, en Catalogne, une forte organisation professionnelle, la grande « Union Manufacturière » adhère à la Fédération Régionale en 1871. A partir de ce moment, les sociétés de résistance prennent un caractère combatif qu’elles n’avaient pas dans le passé. De simples mutuelles, elles deviennent des organisations de lutte contre le capitalisme et contre l’Etat.
Bientôt la bourgeoisie et le gouvernement se rendent compte de l’évolution qui s’est produite dans la classe ouvrière espagnole. Les persécutions commencent contre les « internationalistes ». Ce nom fut donné pendant longtemps aux affiliés à la Fédération Régionale Ouvrière Espagnole — Régionale parce que, dans le concert universel des Fédérations qui constituaient l’Internationale, l’Espagne n’était qu’une « région » de plus. Cependant, une partie du prolétariat reste à l’écart de cette organisation et demeure groupée dans d’anciennes sociétés qui, comme « Las Très Claies de Vapor » de Catalogne, ne sont que des mutuelles pour l’entraide en cas de maladie, de chômage, etc.
Mais la Section est créée dans une période propice. Toutes les possibilités sont offertes par les journées de 1868. La révolution populaire est couronnée par la proclamation de la Première République. Les masses salariées, jouets, jusqu’alors, de la politique et des politiciens, se laissant entraîner dans des mutineries et des guerres civiles par les uns et par les autres, commencent à chercher des solutions aux problèmes qui les concernent. L’exploitation capitaliste, l’injustice sociale, l’inégalité économique, que n’envisage aucun parti politique, pas plus qu’il ne leur cherche une solution, apparaissent enfin aux yeux d’un grand nombre. Dans ce riche terrain, la semence internationaliste ne peut que se développer avec vigueur.
Le principal artisan de l’œuvre de l’Internationale parmi la classe ouvrière espagnole, fut, nous l’avons déjà signalé, A. Lorenzo. En 1870, il fonda le journal Solidaridad (Solidarité), feuille où, pour la première fois, les idées anarchistes furent expliquées en Espagne. Ce journal obtint un vif succès et influença considérablement la formation de la conscience ouvrière. On doit aussi à Lorenzo l’organisation du premier Congrès de Sociétés Ouvrières adhérentes à la Section Espagnole de l’Internationale. Par ce Congrès, la Fédération Régionale Ouvrière Espagnole fut officiellement constituée.
Le Congrès se célébra à Barcelone le 29 juin 1870 Lorenzo y assista en tant que délégué par la Section de Madrid. Il avait alors 29 ans. Il était en pleine maturité, il possédait cette persévérance dans le travail, cette ténacité dans l’action, qui ont toujours été les traits distinctifs de tous les organisateurs. Il présenta à ce Congrès un Mémoire qui le consacra comme une des plus importantes figures du mouvement ouvrier. Aux côtés de
Farga Pellicer et de Tomas Gonzalez Morago, il prenait place dans la trilogie des précurseurs du mouvement ouvrier espagnol actuel.
Cette BD est issue de Espoir , le journal de la CNT-AIT de Toulouse de 1962. Elle a fait l’objet d’une réédition en brochure publiée en 2006 par Perspective libertaire CNT-AIT, et une nouvelle édition enrichie est prévue prochainement.