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La vie d’Anselmo Lorenzo en Bande dessinée [06]
dimanche 9 avril 2023
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La lutte entre l’anarchisme et les Pouvoirs constitués a désormais commencé dans le monde entier. L’assassinat, à Chicago, de cinq ouvriers pendus pour avoir pris part, en mai 1886, à un meeting dont le but était la demande des 8 heures de travail par jour, déclenche un vrai réveil dans la classe ouvrière, divisée et désorientée, depuis 1876, date à laquelle l’Internationale avait cessé d’exister. A partir de ce Premier Mai 1886, l’agitation ouvrière croit et chaque premier mai est marqué par des grèves et des émeutes, des chocs sanglants avec la police dans le monde.
En Espagne, de 1886 à 1896 ce sont dix années marquées par une suite de luttes, de souffrances, de sanglantes répressions. La « Mano Negra », Jerez — un soulèvement paysan — les grèves de Barcelone, les répercussions locales du terrorisme auquel est obligé de recourir le mouvement libertaire, utilisant aussi les méthodes du nihilisme russe. Lorenzo, avec les hommes surgis de « La Academia » oriente et dirige spirituellement le mouvement ouvrier en Catalogne.
Pendant les années qui vont de 1876 à 1896, il vit à Barcelone. Tous les vieux militants du mouvement ouvrier se souviennent de cet appartement de la Rue Tallers, où Paca, la compagne de Lorenzo, les accueillait tous maternellement. Combien d’exilés étrangers, français, russes, italiens, trouvèrent là un havre ! Les enfants, trois filles, Marina. Mariana et Flora, grandissent. Lorenzo est le patriarche aimé et respecté de tous.
Mais tant d’austérité, une vie si exemplaire et si droite, n’aura servi à rien. Lorsque commence la répression, déclenchée par le gouvernement de Canovas, au service de la ploutocratie catalane, Lorenzo, avec Tarrida del Màrmol, Teresa Claramunt, Juan Montseny, Pedro Corominas, José Lopez Montenegro et des centaines d’autres, est enfermé dans la forteresse de Montjuich. La Guardia Civil amène un Lorenzo déjà cardiaque, très épuisé, bien qu’il n’ait que 45 ans, au milieu d’une longue chaîne de candidats à la mort, qui marchent tous menottes au poing.
Voici l’Inquisition ressuscitée. La torture est appliquée à Montjuich. Le chef des tortionnaires, un capitaine nommé Portes, fait son choix parmi les malheureux emprisonnés. Lorenzo est enfermé clans un cachot avec Tarrida, Montseny et Molas, qui, plus tard, sera torturé et fusillé. Voir Molas traîné hors du cachot et marchant vers la mort, est pour Lorenzo un choc si terrible qu’il ne s’en remettra plus.
Cependant, Lorenzo peut éviter le « cero ». Ce « cero » n’est autre que le cachot où on emmène les prisonniers quand on va les soumettre à la torture. Après une longue captivité dans le Château Maudit — nom que le peuple barcelonais donnait à la forteresse de Montjuich — il est expulsé et déporté en France. Combien, moins heureux que lui, furent condamnés à mort, emprisonnés à vie ! Combien devinrent fous de terreur !
Cette BD est issue de Espoir , le journal de la CNT-AIT de Toulouse de 1962. Elle a fait l’objet d’une réédition en brochure publiée en 2006 par perspective libertaire CNT-AIT, et une nouvelle édition enrichie est prévue prochainement.