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La vie d’Anselmo Lorenzo en Bande dessinée [08]

mardi 11 avril 2023

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Après une période de production littéraire intense, Lorenzo se voue corps et âme à ce qui a été le rêve de toute sa vie : la constitution d’une grande organisation ouvrière de caractère national. La CNT, sans être née encore, était en train de se forger. Et, avec elle, l’arme qui devait être celle du prolétariat dans ses luttes contre le capitalisme et le Pouvoir. Cette arme c’était la grève générale. Trois hommes, aussi intéressant l’un que l’autre, la propagèrent en Espagne : José Lopez Monténégro, Anselmo Lorenzo et Francisco Ferrer Guardia.
Lopez Monténégro et Anselmo Lorenzo fondent à Barcelone « La Grève Générale », hebdomadaire qui propage la nouvelle tactique, et Ferrer le finance, y employant une partie de la fortune que lui avait légué Mlle Meunier, afin qu’il puisse continuer son œuvre de révolutionnaire et de libre-penseur. De 1900 à 1902 dans « La Huel ga General » et « Tierra y Li bertad » qu’avait fondé à Madrid Federico Urales, avant la première grève générale qui eut lieu en Espagne — celle des métallurgistes, en 1902, à Barcelone — on trouve fréquemment des articles signés F.F. et « Cero », qui sont de Ferrer.

L’un des événements les plus importants de la vie de Lorenzo fut sans doute son amitié pour Ferrer. Ferrer fait de lui son collaborateur et son homme de confiance. Si Ferrer fut l’âme de l’Ecole Moderne et de son Editorial, on peut dire, sans crainte de se tromper, que Lorenzo fut le cerveau de cette œuvre gigantesque, essai culturel et pédagogique encore jamais vu en Espagne et qui coûta la vie à Ferrer. Lorenzo se lia d’amitié avec lui et sa compagne, Léopol dine Bonnard, à Paris, pendant son exil. Léopoldine était la dame de compagnie de Mlle Meunier et c’est elle qui décida sa vieille amie à faire son testament en faveur de Ferrer et de son œuvre.
Lorenzo était l’ami intime de Charles Malato et de Laurent Portet à qui Ferrer légua sa fortune et la mission de continuer l’œuvre de l’Ecole Moderne. Quand Lorenzo rentre en Espagne, Ferrer le suit peu après. Et quand celui-ci fonde son Editorial, il pense à Lorenzo. C’est encore à Lorenzo que l’on doit la traduction et l’édition en espagnol de « L’Homme et la Terre » de Reclus ; de « La Grande Révolution », de Kropotkine ; de « Comment nous ferons la Révolution », de Pataud et Pouget ; de « Terre Libre » de Grave ; de « Psychologie ethnique », etc., etc.

Au moment où Barcelone vit les jours sombres et agités de la grande grève des métallurgistes de 1902, qui sera réprimée de manière sanglante, Lorenzo est arrêté et passe de longs mois en prison. On le considère comme l’« auteur moral » de la grève. Bien que ses activités aient un caractère de plus en plus intellectuel, Lorenzo ne se sauve d’aucune « razzia ». Sa maison est constamment envahie par la Police. Période trouble, pendant laquelle se produisent différents phénomènes dans le monde social et politique de Catalogne et d’Espagne : naissance du nationalisme catalan ; action dissolvante de Lerroux, envoyé comme agent provocateur par Moret, pour contrecarrer l’influence des anarchistes et des catalanistes ; attentat de Morral contre le couple royal, etc., etc.
C’est, enfin, la semaine sanglante, qui ravit les dernières années de Lorenzo. Son état d’esprit est exprimé par le texte d’une lettre qu’il écrit à son ami Fernando Tarrida, résidant à Londres. Il lui dit : Mon cher frère Fernando : C’est merveilleux ! La Révolution Sociale a pris son essor à Barcelone et c’est cette abstraction si mal connue, si peu comprise comme l’est cette réalité que l’on qualifie parfois de vile scorie — le peuple enfin — qui l’a commencée. Elle n’a été dirigée par personne ! Ni libéraux, ni catalanistes, ni républicains, ni socialistes, ni anarchistes ! .

A suivre

 

Cette BD est issue de Espoir, le journal de la CNT-AIT de Toulouse de 1962. Elle a fait l’objet d’une réédition en brochure publiée en 2006 par perspective libertaire CNT-AIT, et une nouvelle édition enrichie est prévue prochainement.

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