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L’un s’appelait Sacco et l’autre... ?

samedi 22 avril 2023, par Bernard (Gr. Sacco et Vanzetti) (CC by-nc-sa)

L’affaire Sacco et Vanzetti souleva une réprobation si massive que diffé­rents horizons politiques furent entrai­nés dans la tourmente. Les artistes et intellectuels de nombreux pays, se vou­lant avant gardistes, coopérèrent au combat contre l’injustice. Cette parti­cipation se manifesta soit par une si­gnature ou une présence dans un co­mité de soutien, soit par une évocation de l’arbitraire du procès à travers leurs moyens d’expression. Ainsi de nom­breux peintres, dessinateurs et poètes prirent ce sujet comme thème pour une œuvre. Il faut dire que tous les ingré­dients sont ici fournis pour l’inspira­tion : innocence probable des accusés, procédure pénale plus que douteuse, verdict scandaleux et enfin deux victi­mes aussi hautes en couleur que cou­rageuses ?

Le cas Sacco et Vanzetti donna ain­si aux intellectuels la force de défier l’ordre établi et ses moyens de répres­sion. La morale nationale de l’État américain, qui se voulait le paradis ter­restre où chacun possédait les chances de la réussite sociale, fut marquée pro­fondément par ces deux martyrs. La justice de classe en se prononçant pour l’assassinat des deux italiens révéla son vrai visage. Plusieurs années après elle trainait toujours « l’affaire » com­me un véritable boulet.

Quand une partie de la population américaine contesta la guerre du Viet­nam, l’exemple de Sacco et de Vanzetti ressortit de l’histoire pour dénoncer jusqu’où l’État américain pouvait aller dans la machination et la répression. Et oui, la démocratie américaine, com­me celle de n’importe quel autre pays d’ailleurs, était capable de passer par­dessus ses lois pour faire un exemple lorsqu’elle jugeait ses propres intérêts en danger. Hier elle brisait les agita­tions ouvrières en assassinant deux anarchistes accusés d’être véritable­ment des truands meurtriers. Au­jourd’hui elle faisait intervenir son ar­mée face à ses étudiants pacifistes et les coups de feu résonnaient dans les uni­versités.

Avec la sortie du film Sacco et Vanzetti de nouvelles générations dé­couvrirent l’horreur vécue par les ac­cusés malgré la puissance du soutien in­ternational. Ce long métrage de quali­té obtint un succès « grand public » dans plusieurs pays. Les mélodies al­liant J. Baez et E. Morricone (même si nous les jugeons un peu « canti­ques ») furent propagées dans le monde entier. Moustaki reprit en France le thème musical, où quelque soit la ver­sion il fut largement fredonné. G. Montaldo se contenta dans son film d’exposer simplement les faits mais comme le cinéma s’intéresse rarement aux anarchistes, les idées défendues par nos deux compagnons apparurent à beaucoup pour la première fois. Ce fut pour certains un révélateur comme d’autres découvrirent l’anarchisme par une lutte, un livre ou une intervention orale.

Leny Escudero, fils d’émigré de la CNT-FAI, apporta sa propre pierre à l’edifice. Pour lui, profondément mar­qué par la guerre d’Espagne où tant de copains sont tombés, il ne suffit pas de pleurer deux innocents mais de les re­lier à tout les combats menés sur la pla­nète. Même si les raisons d’espérer sont faibles, si on abandonne la lutte et qu’on les oublie, ils seront morts pour rien.

 

SACCO ET VANZETTI (Leny Escudero)
Tristes et noirs de peau
Trop grand et trop petit
L’un s’appelait Sacco
Et l’autre Vanzetti.
De Guy Mocquet au vieux lamart
De Lorca à Daniel Ferry
Il n’y a pas qu’au Danemark
Que quelque chose soit pourri (bis)

Vous marcherez la tête haute
Dans l’enfer des innocents
Nous, nous oublierons notre faute
Et la couleur de votre sang

Patrice Lumumba
L’Afrique a immigré
Paris paye ses bras
Pour se faire une beauté
Tes frères de Soweto
Meurent en criant ton nom
Que tu es mort trop tôt
Et que l’Afrique est en prison (bis)

Refrain
Vous étiez des millions
A tant aimer la vie
J’en demande pardon
A tous ceux que j’oublie
Le monde a peu changé
Depuis votre destin
J’en suis à m’ demander
Si vous n’êtes pas morts pour rien (bis)
Refrain
Il n’avait pas 20 ans
Ce matin là à Prague
La vie pour un printemps
La mort pour Yan Palach
Ce n’est pas le désert
L’espoir est dans la rue
Mais c’est toujours l’hiver
Le printemps n’est pas revenu (bis)

Refrain
De Martin Luther King
A Baader Ulriké
Mon pauvre Bakounine
Tu dois bien rigoler
De Guy Mocquet au vieux clamart
De Lorca à Daniel Ferry
Il n’y a pas qu’au Danemark
Que quelque chose soit pourri (bis)

Refrain
Tristes et noirs de peau
Trop grand et trop petit
L’un s’appelait Sacco
Et l’autre Vanzetti
Tristes et noirs de peau
Trop grand et trop petit
L’un s’appelait Sacco
Et l’autre ... ?
L’un s’appelait Sacco
Et l’autre ... ?

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