L’affaire Sacco et Vanzetti souleva une réprobation si massive que différents horizons politiques furent entrainés dans la tourmente. Les artistes et intellectuels de nombreux pays, se voulant avant gardistes, coopérèrent au combat contre l’injustice. Cette participation se manifesta soit par une signature ou une présence dans un comité de soutien, soit par une évocation de l’arbitraire du procès à travers leurs moyens d’expression. Ainsi de nombreux peintres, dessinateurs et poètes prirent ce sujet comme thème pour une œuvre. Il faut dire que tous les ingrédients sont ici fournis pour l’inspiration : innocence probable des accusés, procédure pénale plus que douteuse, verdict scandaleux et enfin deux victimes aussi hautes en couleur que courageuses ?
Le cas Sacco et Vanzetti donna ainsi aux intellectuels la force de défier l’ordre établi et ses moyens de répression. La morale nationale de l’État américain, qui se voulait le paradis terrestre où chacun possédait les chances de la réussite sociale, fut marquée profondément par ces deux martyrs. La justice de classe en se prononçant pour l’assassinat des deux italiens révéla son vrai visage. Plusieurs années après elle trainait toujours « l’affaire » comme un véritable boulet.
Quand une partie de la population américaine contesta la guerre du Vietnam, l’exemple de Sacco et de Vanzetti ressortit de l’histoire pour dénoncer jusqu’où l’État américain pouvait aller dans la machination et la répression. Et oui, la démocratie américaine, comme celle de n’importe quel autre pays d’ailleurs, était capable de passer pardessus ses lois pour faire un exemple lorsqu’elle jugeait ses propres intérêts en danger. Hier elle brisait les agitations ouvrières en assassinant deux anarchistes accusés d’être véritablement des truands meurtriers. Aujourd’hui elle faisait intervenir son armée face à ses étudiants pacifistes et les coups de feu résonnaient dans les universités.
Avec la sortie du film Sacco et Vanzetti de nouvelles générations découvrirent l’horreur vécue par les accusés malgré la puissance du soutien international. Ce long métrage de qualité obtint un succès « grand public » dans plusieurs pays. Les mélodies alliant J. Baez et E. Morricone (même si nous les jugeons un peu « cantiques ») furent propagées dans le monde entier. Moustaki reprit en France le thème musical, où quelque soit la version il fut largement fredonné. G. Montaldo se contenta dans son film d’exposer simplement les faits mais comme le cinéma s’intéresse rarement aux anarchistes, les idées défendues par nos deux compagnons apparurent à beaucoup pour la première fois. Ce fut pour certains un révélateur comme d’autres découvrirent l’anarchisme par une lutte, un livre ou une intervention orale.
Leny Escudero, fils d’émigré de la CNT-FAI, apporta sa propre pierre à l’edifice. Pour lui, profondément marqué par la guerre d’Espagne où tant de copains sont tombés, il ne suffit pas de pleurer deux innocents mais de les relier à tout les combats menés sur la planète. Même si les raisons d’espérer sont faibles, si on abandonne la lutte et qu’on les oublie, ils seront morts pour rien.
Tristes et noirs de peau Trop grand et trop petit L’un s’appelait Sacco Et l’autre Vanzetti. De Guy Mocquet au vieux lamart De Lorca à Daniel Ferry Il n’y a pas qu’au Danemark Que quelque chose soit pourri (bis) Vous marcherez la tête haute Dans l’enfer des innocents Nous, nous oublierons notre faute Et la couleur de votre sang Patrice Lumumba L’Afrique a immigré Paris paye ses bras Pour se faire une beauté Tes frères de Soweto Meurent en criant ton nom Que tu es mort trop tôt Et que l’Afrique est en prison (bis) Refrain Vous étiez des millions A tant aimer la vie J’en demande pardon A tous ceux que j’oublie Le monde a peu changé Depuis votre destin J’en suis à m’ demander Si vous n’êtes pas morts pour rien (bis) |
Refrain Il n’avait pas 20 ans Ce matin là à Prague La vie pour un printemps La mort pour Yan Palach Ce n’est pas le désert L’espoir est dans la rue Mais c’est toujours l’hiver Le printemps n’est pas revenu (bis) Refrain De Martin Luther King A Baader Ulriké Mon pauvre Bakounine Tu dois bien rigoler De Guy Mocquet au vieux clamart De Lorca à Daniel Ferry Il n’y a pas qu’au Danemark Que quelque chose soit pourri (bis) Refrain Tristes et noirs de peau Trop grand et trop petit L’un s’appelait Sacco Et l’autre Vanzetti Tristes et noirs de peau Trop grand et trop petit L’un s’appelait Sacco Et l’autre ... ? L’un s’appelait Sacco Et l’autre ... ? |