Des mots tels que : phénomène, élément, individu, objectif, catégorique, efficace, réel, de base, primaire, promouvoir, constituer, exploiter, utiliser, éliminer, liquider sont utilisés pour habiller certains énoncés et donner un air d’impartialité scientifique à des jugements partisans. Des adjectifs tels que : (...) épique, historique, triomphant, suranné, inévitable, inexorable, véritable servent à donner un air digne aux processus sordides de la politique internationale, tandis que le style qui vise à glorifier la guerre a d’ordinaire recours à une coloration archaïque, ses mots caractéristiques étant : royaume, trône, char, bras armé, trident, sabre, bouclier, bannière, (...), clairon. Des mots et des expression étrangers tels que cul-de-sac, Ancien Régime, deus ex machina, mutatis mutandis, statu quo, gleichschaltung, weltanschauung sont utilisés pour se donner un air de culture et d’élégance. Hormis les abréviations utiles (i.e., e.g., etc.) il n’y a pas besoin de ces centaines d’expressions d’origine étrangère qui sont devenues courantes dans l’anglais d’aujourd’hui. Les mauvais écrivains, en particulier les scientifiques, les hommes politiques et les sociologues sont presque toujours hantés par l’idée que les mots latins ou grecs sont meilleurs que leurs correspondants saxons, et des mots superflus comme : expedite, ameliorate, predict, extraneous, deracinated, clandestine, subaqueous, et des centaines d’autres dominent de plus en plus leurs correspondants anglo-saxons.
Une illustration intéressante les noms anglais de fleurs, qui avaient cours encore tout récemment, sont aujourd’hui supplantés par des termes grecs, napdragon devenant antirrhinum, forget-me-not devenant myosotis, etc. Il est difficile de trouver une raison pratique à ce changement de mode : il est probablement dû à un détournement instinctif devant les mots les plus proches, et à un sentiment vague qui attribue au mot grec une saleur scientifique.
Le jargon particulier au style marxiste (hyène, bourreau, cannibale, petit-bourgeois, ces aristocrates, laquais, larbin, chien enragé, garde-blanc, etc.) consiste largement en expressions traduites du russe, de l’allemand ou du français ; mais la façon habituelle de forger un nouveau mot est d’utiliser une racine grecque ou latine, avec l’affixe approprié et, si nécessaire, le suffise -iser. Il est souvent plus facile de fabriquer de tels mots (délocaliser, impermissible, extraconjugal, non-fragmentaire) que de trouver les mots anglais correspondant à sa pensée. En général, le résultat est un accroissement du laisser-aller et de l’imprécision.