De 1888 à 1891, Séverine fait du grand journalisme. Elle collabore à l’Écho de Paris, au Journal, à l’Eclair, au Matin, plus tard à la Libre Parole. C’est dans cette période qu’elle entreprend ses plus belles campagnes. On la voit défendre l’anarchiste Octave Jahn, condamné à mort en Belgique, lors de la grève du Borinage, poursuivi en France, poursuivi en Espagne, et qui, tout jeune, pas plus haut qu’une botte, doué d’une activité inlassable, exerçait une grande influence dans son milieu et à la tribune. On la voit défendre tous ceux qui sont traqués, victimes de la vindicte sociale, tous les révoltés. En même temps, elle fait appel à la bourse des lecteurs pour soulager les infortunes. Elle inaugure ses « petits carnets ». Combien de malheureux assistés et sauvés grâce à elle ! Séverine, en effet, ne se contentait pas de plaider la cause des pauvres, la plume à la main. Elle organisait une véritable œuvre de secours, avec des visiteurs et des visiteuses, qui s’en allaient à domicile voir la misère de près, apporter l’argent nécessaire. Séverine dirigeait activement cette sorte de société de bienfaisance. Elle eut jusqu’à trois secrétaires, qu’elle payait de ses deniers. L’argent reçu, elle le transmettait directement aux malheureux sur lesquels elle avait attiré l’attention. On se souvient peut-être que Rochefort mit sa probité en doute à la suite de polémiques retentissantes. Ce fut, pour Séverine, l’occasion d’établir son désintéressement. L’Association des journalistes parisiens, après examen, se prononça pour elle et proclama sa probité, pendant que son président, Édouard Hervé, du Soleil, la félicitait chaudement.
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Séverine (1855-1929) [08]
mercredi 31 mars 2021, par (CC by-nc-sa)
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