Nous parlions tout à l’heure des influences qui ont pu s’exercer sur l’esprit de Luce. En réalité, il n’a pas de maîtres véritables. Mais il a des admirations. Un des peintres qu’il révère particulièrement, c’est Le Poussin, dont il apprécie surtout la belle ordonnance. Nombre de ses contemporains, d’ailleurs, partagent son admiration. Avec Le Poussin, Luce prise surtout Corot. Mais celui qu’il étudie et qu’il aime avec une sorte de passion, c’est l’immortel Daumier. Il est assez difficile cependant de retrouver dans son œuvre la trace de ses admirations, si ce n’est celle de Daumier.
Si l’on cherche dans l’existence de Luce, parmi ses amitiés et ses fréquentations, il faut bien mentionner aussi l’influence du peintre Auguste Lançon. Ce dernier a surtout dessiné des animaux et des épisodes de guerre. Mais il ne faut pas se hâter de l’acoquiner aux Detaille, aux Galleron, aux Chaperon. Les peintres militaires (y compris Dujardin-Beaurnetz) sont d’ordinaire de notoires imbéciles, tout juste capables de nous représenter des piou-pious carnavalesques, Lançon, lui, part d’un autre point de vue. Ce sont les horreurs de la guerre qui l’inspirent ; ces toiles sont toutes d’émotion et de pitié, traitées avec une pâte solide, d’une grande richesse de coloris. Selon Luce, on ne lui a pas rendu suffisamment justice.
Notons encore son amitié avec Magottet, un aquafortiste et peintre de talent, malheureusement un peu oublié aujourd’hui.
Autres détails : une des meilleures toiles de Luce, un paysage de Charleroi ; acheté par la ville, dort, depuis des années, dans le magasin d’Auteuil. Un deuxième tableau de lui : Une rue de Paris en mai 1871 ; acheté par un amateur et offert à la ville, a été refusé par la commission des Beaux-Arts. Refus profondément imbécile. Ce tableau n’avait rien de politique, ne manifestait aucune tendance, et, d’ailleurs, même dans ce cas, on devait avant tout se préoccuper de sa valeur artistique. Mais ce serait perdre son temps que de récriminer contre la commission des Beaux-Arts.
Pendant que nous y sommes, rappelons que sept dessins de Seurat ont été offerts au Luxembourg par Pissaro et n’ont jamais été exposés. Qui pourrait nous dire ce que sont devenus ces dessins ?