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Maximilien Luce (1858-1941) [03]

lundi 26 octobre 2020, par Victor Méric - Flax (Domaine public)

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Né à Paris, rue Mayet, l’année 1858, Maximilien Luce est le fils d’un ouvrier charron qui devint par la suite employé de préfecture et, pendant quelque temps, fit de la peinture décorative. A l’âge de seize ans, il étudiait la gravure sur bois et commençait à dessiner. Son enfance écoulée au milieu des bruits de la rue, dans ce quartier populeux de la Gaité, parmi son grouillement d’ouvriers, le préparait à comprendre l’âme ardente de ce Paris, qu’il n’a jamais cessé d’aimer et dont il devait fixer les aspects âpres ou attendris sur la toile. Le spectacle du labeur et de la bataille quotidiens frappa vivement sa jeune imagination.

Devenu graveur uniquement pour gagner sa vie, il fréquentait les écoles de dessin du soir, consacrait ses dimanches à dessiner. Dès ses débuts, il fut encouragé par Ulysse Maillart, professeur aux Gobelins, dont il aime à parler, aujourd’hui encore, en termes affectueux et reconnaissants. Peu après, il entrait à l’atelier de Carolus Duran. On peut affirmer que l’influence de ce peintre fut absolument nulle, Il est douteux, d’ailleurs, que sur un tempérament comme celui de Luce, une influence quelconque ait pu fortement s’exercer. Luce est surtout un instinctif. En tous cas, on peut compulser ses premières études ; on n’y trouvera pas trace de Carolus.

Après deux années passées dans l’atelier de Carolus Duran, Luce partit au service militaire et fut caporal au 488 régiment d’infanterie. De retour, il se donna entièrement à la peinture et, en 1887, exposa pour la première fois des toiles qui furent remarquées. C’étaient des intérieurs d’ouvriers, des coins d’atelier, des échoppes de cordonnier, un portrait de vieille femme, des vues de Paris. Comparées à sa peinture présente, ces toiles étaient un peu noires. Mais bientôt Luce se liait avec Pissaro, Signac et Seurat. La fréquentation de ces artistes eut sur lui une bienfaisante action. Ils se retrouvaient souvent, se communiquaient leurs rêves, leurs désirs, leurs impressions, leur admiration ; ils étaient enivrés de couleur et de lumière. De la réunion de ces enthousiastes, naquit l’école néo-impressionniste.

Pourtant il faut considérer que Luce est plutôt en marge des néo-impressionnistes. Certes, dans ses toiles datant de 1889 et 1890, on peut voir qu’il appliquait intégralement les théories de Signac. Mais, par la suite, son instinct reprit le dessus. Les formules des Cross et des Signac, plus rigides, plus formels que lui, le gênaient. Sans se séparer nettement d’eux, il se plaça en dehors. Sans abandonner complètement leur manière, il se laissa aller plus volontiers à sa nature, écoutant davantage son instinct. On peut observer que Cross et Signac sont avant tout des amants de la lumière dont les lignes, grandes ou brèves, sont ascendantes dans les paysages lumineux, clairs et joyeux, descendantes dans les paysages graves, tristes et sombres. Chez Luce, sous la somptuosité de la couleur, on voit surtout la belle masse, la simplification du dessin, le caractère serré.


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