Nous aurions voulu donner ici de nombreux textes de notre camarade. Faute de place, nous nous bornerons, aux lignes ci-dessous, extraites d’un article intitulé « L’Anarchisme », paru dans le Réveil du 2 Décembre 1939. Leur actualité s’impose :
Toutes les déclamations pour la guerre ou pour la paix ne servent à rien ; le public les écoute indifféremment et continue dans une morne soumission à se prêter à tout ce qui lui est demandé, crainte du pire s’il s’avisait de résister. La période de guerre qui devrait être celle de la tension de toutes les énergies et volontés, en réalité offre le spectacle d’un automatisme, formidable tant qu’on voudra, mais d’où la vie proprement dite est absente. Des machines fonctionnent mais ne vivent pas.
Rien n’est plus bête que cette horreur de l’anarchie, de l’individu ayant sa propre gouverne, au lieu d’être gouvernable, de l’homme décidant lui-même au lieu d’attendre les décisions d’en haut ou du dehors, de l’être conscient et non inconscient en somme. L’humanité ne se distingue de l’animalité que pour avoir atteint un plus haut degré de conscience, mais si elle renonce à s’en servir, à la développer, à l’éduquer, pour se borner à bien comprendre et exécuter des commandements, il n’y a plus de vie morale à proprement parler, mais seulement physique.
Jamais peut-être le monde n’a eu plus besoin du souffle vivifiant de l’anarchisme ; jamais la nécessité de briser la règle, la discipline, la loi, n’est apparue plus grande qu’aujourd’hui.