La première fois que j’ai vu Octave Mirbeau, ou plutôt que je l’ai entendu, dans la fumée d’une réunion publique, c’était pendant l’affaire Dreyfus. Il présidait je ne sais plus quel meeting dans je ne sais plus quel quartier. Il m’a donné l’impression d’un énergique et d’un solide. Ses sourcils proéminents, ses mâchoires puissantes, son cou de taureau, ses moustaches énormes embroussaillant la bouche étroite ; tout cet ensemble de traits nettement accusés lui composait une physionomie terrible de vieux capitaine en retraite ou de lutteur de foire. Ajoutez à cela l’accent brutal avec lequel il parlait à ses auditeurs, ses gestes saccadés, ses brusqueries. Octave Mirbeau, ce soir-là, m’est apparu comme un rude, crâne et farouche batailleur.
Je l’ai rencontré, depuis, chez Durand-Ruel et dans différentes expositions. Ce n’était plus le batailleur. Il paraissait, au contraire, fatigué et comme désenchanté. Il semblait porter péniblement le poids de quelque vieille et invincible douleur. Et j’ai cru surprendre, dans ses yeux clairs, derrière la barre des sourcils, une expression d’indicible souffrance, comme un reflet de désespérance et d’irrémédiable nostalgie.
Et tout Mirbeau me paraît tenir là, dans ces deux attitudes. Batailleur, certes, il l’est, et ses adversaires en savent quelque chose. Mais c’est aussi un être tout de sensibilité et de faiblesse. Ce polémiste redoutable qui se jette à corps perdu dans la mêlée, qui se précipite sur ses ennemis et porte des coups furieux à droite et à gauche, a des timidités de jeune fille, des tendresses de gamin. Il adore les fleurs ; il a le culte des oiseaux. Ah ! surtout des oiseaux auxquels il ne veut pas qu’on touche. Rappelez-vous Isidore Lechat qui, dès son entrée en scène, fait chasser de son parc un pauvre petit oiseau. Dans ce geste, Mirbeau a voulu symboliser toute la crapulerie et toute la méchanceté humaines. Pour lui, un homme qui n’aime pas les oiseaux est classé ; c’est une brute, un criminel capable de tous les forfaits. A côté de ça, Mirbeau aime les chiens —sauf, peut-être, l’horrible petite bête du Calvaire. Enfin, il aime les hommes, malgré qu’il les connaisse trop bien et qu’il soit devenu le maitre dans l’art de présenter leurs vices et leurs travers ; mais il les aime quand ils sont faibles, chétifs, misérables ; quand ils peuvent l’inciter à la pitié fraternelle ; quand ils se rangent parmi les vaincus de la vie.
Et toute cette tendresse qu’il conserve au fond de lui-même ; toute cette sensibilité qu’il dissimule gauchement —par crainte : peut-être du ridicule— mais qui transparait malgré tout dans ses œuvres ; toute cette réserve de sentiments, d’aspirations, de désirs humains, fraternels, secourables, qu’il comprime et qu’il refoule opiniâtrement ; tout cela soudain fait explosion ; c’est de la colère, de l’indignation, de la véhémence. Et alors c’est une de ces pages merveilleuses de clarté, de précision, où tonnent les imprécations, où roulent les anathèmes, où les mots rageurs ou brûlants bouillonnent impétueusement ; c’est le torrent déchaîné qui emporte tout, charrie dans ses eaux tumultueuses les invectives féroces, les métaphores hardies, les paradoxes audacieux. C’est le chef-d’œuvre où l’on sent que l’auteur a mis de son sang et de ses nerfs ; où il a laissé déborder, éclater son cœur gonflé de pitié et d’amour.
L’époque, particulièrement ignominieuse, où nous vivons connaît peu d’écrivains de cette trempe. La domesticité littéraire et artistique reflète très fidèlement notre temps de démocratie et de suffrage universel. Littérateurs et artistes, autrefois valets et courtisans, sont aujourd’hui les larbins de la bourgeoisie triomphante.
Dans ce troupeau de timorés et de flagorneurs, parmi ces pieds plats pressés de jouir et en quête d’adulations, l’homme de génie se développe péniblement ; l’écrivain de tempérament a quelque peine à se manifester. Dès qu’il balbutie, le troupeau inquiet se tourne vers lui, cherche à l’étouffer. Mais s’il persiste, s’il fait front à ses adversaires, s’il rend coups pour coups, s’il attaque, alors le boycottage s’organise, le silence se fait autour de lui ; on le laisse se débattre dans le vide et mourir d’inanition.
Deux écrivains robustes, deux tempéraments ont résisté et persisté : Octave Mirbeau, Léon Bloy. Du second, nous aurons à nous occuper. Quant au premier, il a su de bonne heure s’imposer, forcer l’indifférence. Il a bien fallu qu’on l’accepte. Son génie est apparu de façon si claire qu’il a été impossible de nier.
Seulement, il s’est attiré des haines qui ne pardonnent pas. Il a eu du génie alors qu’autour de lui on avait du mal à obtenir du simple talent. Il a dit des vérités alors qu’autour de lui on s’efforçait de répandre le mensonge. Il s’est montré audacieux et vaillant alors qu’autour de lui on s’aplatissait. Il a été une leçon vivante de virilité, d’énergie, de révolte, alors que le troupeau bêlait autour de lui. Aussi, sans l’attaquer ouvertement, il faut voir comment on le déchire sournoisement ; comment on s’efforce de le déchiqueter des dents et des ongles ; comment on signale ses erreurs ses fantaisies, ses travers ; comment on cherche à le diminuer, à le rapetisser, à le rendre semblable aux autres.
Ses erreurs, ses travers, certes nous les connaissons, et nous pouvons les signaler. Mais, faut-il l’avouer, nous aimons Mirbeau jusque dans ses défauts et même à cause de ses défauts qui manifestent si bien son tempérament et qui sont peut-être ses meilleures qualités. Nous les noterons sans regret, par excès d’impartialité. Cela nous permettra ensuite de prendre l’homme en bloc et de le hisser sur un piédestal.
Octave Mirbeau est né le 16 février 1850 à Trévières, dans le Calvados ; il est le compatriote de Flaubert ; il est aussi celui de Barbey d’Aurevilly.
Sa famille —du côté paternel— était une vieille famille de tabellions, dont un, sous Louis XIII, fut, on ne sait pour quel crime, décapité à Mortagne. Son père était médecin à Regmalard, dans l’Orne, où le jeune Mirbeau passa son enfance. Sa mère qu’il adorait et dont, vraisemblablement, il a hérité les qualités de sensibilité, était une femme charmante et douce. Il y avait aussi dans sa famille, un oncle, ce terrible abbé Jules dont l’écrivain nous a conté l’histoire.
Mirbeau, d’ailleurs, nous a donné l’histoire de sa famille et de ses premières années dans ses romans. Nous trouvons son père dans le Calvaire et dans l’Abbé Jules, avec la description des vallées de l’Orne, des champs et des forêts du Besnin, d’Isigny, avec des pommiers, des peupliers et la mer comme fond de tableau
.
L’enfance de !’écrivain s’écoula donc au milieu des arbres, en pleine nature et il s’en souvint plus tard. Puis, avec Sébastien Roch, nous le voyons chez les jésuites de Vannes où il nous montre comment on flétrit l’intelligence d’un enfant.
Au sortir du collège, il hésita quelque temps. Devait-il faire son droit ou sa médecine ? Finalement il opta pour le droit et vint à Paris.
Après ça ce fût la guerre de 1870. Mirbeau servit comme lieutenant de mobiles dans l’armée de la Loire. Il s’est souvenu de cette période et dans le Calvaire encore, on trouve un merveilleux chapitre où Mirbeau nous dit son horreur de la guerre et des massacres.
Ses premières années à Paris furent assez agitées. Le jeune homme n’avait pas encore trouvé sa voie. Il s’essayait à la littérature. Dugué de la Fauconnerie, ami de sa famille le fit rentrer à l’Ordre qu’il venait de fonder. Le premier article de Mirbeau fut un article lyrique sur Manet, Monet, Cézanne, avec de terribles injures à l’adresse des académiciens. Cet article lui fit tout simplement retirer la critique picturale. Il passa alors à la critique théâtrale. Mais en peu de mois, après avoir consciencieusement éreinté nombre d’artistes, il avait fâché le journal avec tous les directeurs de théâtre.
Alors, raconte Edmond de Goncourt, il passa quatre mois à fumer de l’opium : il a rencontré quelqu’un de retour de la Cochinchine qui lui a dit que ce qu’a écrit Beaudelaire sur la fumerie de l’opium est une pure blague, que ça procure au contraire un bien-être charmant, et l’embaucheur lui donne une pipe, une robe cochinchinoise. Et le voilà pendant quatre mois dans sa robe à fleurs, à fumer des pipes, des pipes, des pipes, allant jusqu’à cent quatre-vingts par jour et ne mangeant plus, ou mangeant un œuf à la coque tous les vingt-quatre heures. Enfin il arrive à un anéantissement complet, confessant que l’opium donne une certaine hilarité au bout d’un petit nombre de pipes, mais que, passé cela, la fumerie amène un vide, accompagné d’une tristesse, d’une tristesse impossible à concevoir. C’est alors que son père, auquel il avait écrit qu’il était en Italie, le découvre, le tire de sa robe et de son logement, et le promène, pas mal crevard, pendant quelques mois, en Espagne.
Rétabli, Mirbeau qui, à cette époque, était franchement réactionnaire, blaguait et combattait les républicains, fut nommé sous-préfet de Saint-Girons, pendant le 16 Mai. Mais quel sous-préfet il fit. Il lui arriva de scandaliser son administration par sa brusquerie et ses paradoxales allures. Il ne tarda pas à abandonner ce poste et revint au journalisme. Il entra au Gaulois.
A ce moment, il eut une terrible passion pour une femme. Il voulut gagner de l’argent et se fit boursier. Il parait qu’il y réussit et qu’il arriva à gagner jusqu’à douze mille francs par an. Mais bientôt, après une déception cruelle, il acheta un bateau de pêche en Bretagne et, pendant dix-huit mois, se mit à naviguer, fuyant le monde, fuyant les femmes.
Puis il revint à la littérature. En 1882, il publie dans le Figaro un article, le Comédien, qui lui vaut des polémiques retentissantes. Ensuite, il fonde les Grimaces avec Grosclaude et Paul Hervieu. Il y attaquait surtout les républicains. Il y ridiculisait ses confrères. Des duels, s’en suivirent avec Déroulède, avec Etienne, avec Bonnetain. Depuis, Mirbeau n’a plus voulu entendre parler de duel. Il a refusé de se battre avec Bernstein, jugeant qu’il s’est assez battu pour avoir le droit de ne plus se battre.
En 1886, il publie son premier volume : Lettres de ma chaumière, série de contes et de nouvelles dont quelques-uns peuvent bien soutenir le parallèle avec les œuvres de Maupassant, son ami. En 1887, il donne son premier roman, un pur chef-d’œuvre, le Calvaire, que traverse un souffle de passion et d’agonie, avec des cris de rage et de souffrance. Le Calvaire ! le meilleur drame d’amour qui nous ait été donné de lire : la passion de Jean Mintié, la perversité et l’inconscience de Juliette Roux, une héroïne un peu mieux campée et plus vivante que ses compagnes : Sapho et La Glu.
En 88, parait l’Abbé Jules. C’est l’histoire de son oncle, un curé réfractaire et vicieux qui fait le déshonneur de sa famille et meurt de ses vices, misérablement, dans un spasme et une dernière tentative d’obscénité.
En 90 : Sébastien Roch, l’histoire d’un enfant élevé chez les jésuites, perverti moralement et physiquement, se révoltant contre la tyrannie imbécile de ses maîtres.
Et ce qu’il faut le plus louer dans ces livres, outre la passion qui déborde, la vigueur et le coloris des paysages, c’est la clarté, la limpidité d’un style abondant, coulant comme un fleuve majestueux ou se précipitant comme un impétueux torrent. Ce qu’il faut louer aussi, c’est la réalité et la justesse de l’observation, la profonde vérité de ses personnages qui souffrent, pleurent, vivent, autrement que les mannequins de Zola ou les baudruches vides de Bourget.
Depuis Mirbeau a abordé le théâtre avec les Mauvais Bergers, pièce révolutionnaire et un peu trop romantique. Il a continué avec des actes tels que l’Epidémie, le Portefeuille, où se révèlent ses qualités d’ironiste et qui font songer à Aristophane. Il a publié aussi Le Jardin des Supplices, le Journal d’une Femme de chambre, les Vingt et un jours d’un Neurasthénique, la 628-E8, son dernier livre, celui où s’accusent le plus nettement ses défauts et ses qualités, celui où Mirbeau se montre le mieux tel qu’il est, c’est-à-dire changeant, mordant, sentimental, amer, emporté, se trompant parfois, souvent même, mais toujours de bonne foi.
Il a fait jouer enfin, après Scrupules, après le Portefeuille, après les Amants, son chef-d’œuvre au théâtre, qui est aussi l’un des chefs-d’œuvre du siècle : les Affaires sont les Affaires. Là encore, il y a des défauts et d’extraordinaires qualités de style et d’observation.
Gœthe écrivait : Tout ce qu’on ne dit pas avec un parti-pris passionné ne vaut pas la peine d’être dit.
On ne pourra faire à Mirbeau le reproche de ne pas mettre de parti-pris passionné dans ce qu’il écrit. Peut-être même, en met-il trop et c’est là qu’apparait ce qu’on a appelé ses défauts. Avec la même sincérité dans la haine que dans l’amitié, il part en guerre. Il ne tient pas compte des contingences, des circonstances, des mobiles. Il juge âprement, condamne ou exalte. Il a des ardeurs subites et inexplicables, des passions soudaines ; puis des dégoûts, des brusqueries ; il fait comprendre merveilleusement cette phrase de Maupassant qu’on dirait écrite pour lui :
En certains jours, j’éprouve l’horreur de ce qui est, jusqu’à désirer la mort ; en certains autres, au contraire, je jouis, tout à la façon d’un animal.
Mais, quand il est parti, rien ne l’arrête ; il y va carrément, avec sa belle vaillance, Que ce soit dans le domaine de l’art ou de la politique, il apporte la même féroce intransigeance, quitte à se retourner ensuite, sans cesser pourtant d’être sincère. C’est ainsi qu’il a été autrefois antisémite, et qu’on l’a vu prendre, plus tard, parti pour Dreyfus. Il est vrai que la fréquentation d’Arthur Meyer, ainsi qu’il l’a expliqué lui-même, justifie son antisémitisme,
On l’a vu rompre des lances pour certains artistes dont la plupart sont de grands artistes. Mais il n’est pas critique d’art. Il juge avec trop de passion. Il ne sait pas analyser froidement, examiner les détails. Il sent une œuvre ; il en apprécie la qualité et il sait admirablement exprimer ce qu’il sent. Dans une langue merveilleuse de simplicité et de précision, il nous montre les ciels légers, joyeusement respirables, de Giverny et de Vetheuil ; les atmosphères translucides et les pesantes mers de la Méditerranée
. Mais lorsque il se trompe, comme il demeure tout aussi excessif, l’impression produite est pénible. Dans la 628-E8, le livre où Mirbeau est le mieux lui-même, parce que ce livre est conçu sans ordonnance et sans méthode, écrit à la va-que-je-te-pousse, avec une verve endiablée et parce que son talent de polémiste a trouvé matière à s’exercer mieux encore que dans le Journal d’une Femme de Chambre, mieux qu’au théâtre, mieux que dans ses chroniques de journaux ; dans cette 628-E8 donc, Mirbeau nous raconte tranquillement qu’après avoir admiré toute une journée Rembrandt, il n’a pu trouver qu’un seul peintre capable de venir immédiatement au second rang ; Et il nomme Van Gogh. C’est aller un peu loin, surtout quand on songe que ce n’est pas pour le vain plaisir de paraître paradoxal. Ailleurs, il oppose Mayol, pâle héritier des Etrusques, à l’immense Rodin et le place au-dessus. Ce qu’il fait dans la critique d’art, il le fait également dans le roman, dans le théâtre, dans la presse ; il exagère. Les Amants, petit acte, dirigé contre la comédie de l’amour, tombe dans la farce de café-concert, pour vouloir être trop puissamment comique. Le Journal d’une Femme de Chambre, les Vingt-et-un Jours d’un Neurasthénique, surtout, contiennent des passages déconcertants, des appréciations énormes. De même encore, dans la 628-E8, quand il juge de l’intelligence des animaux d’après la diligence qu’ils mettent à se garder de l’automobile et qu’il donne la prime aux oies sauveuses de Capitoles.
Les voilà ses défauts à cet écrivain vibrant et enthousiaste, enthousiaste même dans le scepticisme et le dégoût. Les voilà ses défauts qui sont énormes comme ses qualités, et que nous aimons parce que ce sont les défauts de Mirbeau et qu’il faut admirer Mirbeau ou le rejeter complètement.
Bornons-nous. Nous n’avons pas la place suffisante pour examiner l’écrivain et l’homme. Aussi bien, dans cette brève silhouette, nous n’avons pas l’intention d’écrire une page de critique littéraire, ni même de donner la psychologie de notre personnage. Nous nous contentons de dire notre admiration et de tracer —très synthétiquement— la physionomie tourmentée, brutale et si attirante d’Octave Mirbeau.
Octave Mirbeau est le seul tempérament (avec Léon Bloy, nous l’avons dit), depuis Jules Vallès auquel il ressemble par tant de côtés, par son enfance malheureuse, par sa sauvagerie, sa verve féroce, ses indignations. Mais c’est surtout —pour l’instant— le seul romancier de génie, le seul que les Français puissent opposer au grand Tolstoï dont il n’est pas loin d’être le disciple —philosophie mise à part. Il a d’ailleurs pour Tolstoï la plus profonde admiration et l’on peut voir chez lui un portrait de l’écrivain russe avec une dédicace enthousiaste écrite de la main de l’apôtre de la résignation.
C’est, en outre, malgré ses bizarreries, ses brutalités voulues, ses dehors grossiers affectés, l’écrivain le plus sensible et le plus humain. On sent passer à travers ses pages une douleur immense qui se transforme souvent en colère, parfois en ironie. Tout ce qui est faiblesse et souffrance l’attire et l’apitoie. Et c’est encore l’écrivain le plus clair, le plus net, le plus délicieusement poète et le plus brutalement réaliste.
C’est pourquoi —pour une fois— nous avons tenté ce panégyrique que d’autres trouveront sans doute excessif, mais qui nous parait n’indiquer que faiblement ce que nous pensons. Notre excuse, on la cherchera dans la difficulté de l’entreprise et l’on songera que pour dire Mirbeau, il faudrait avoir à sa disposition, la langue de Mirbeau lui-même.