Si la Convention nationale veut réellement le salut de la patrie, qu’elle nous le prouve, en mettant sur le champ en réquisition [1] tous les sans-culottes de cette ville immense, sans distinction d’état ni d’âge ; que les barrières soient fermées, ainsi que les boutiques ; que toute affaire cesse, excepté les manufactures d’armes et surtout une fois que le peuple sera debout, qu’il ne soit pas réduit à se retirer, comme le 29 mai au soir, épuisé de besoins et tombant d’inanition et de fatigues ; que des tribunaux populaires soient sur le champ formés et qu’on mette deux guillotines en permanence sur la place de la Révolution, alors avec un décret, ou sans décret, d’après les ordres d’un comité révolutionnaire qui, j’espère, ne sera pas composé come on a fait d’ordinaire d’hommes faibles ou mal intentionnés ; la force armée se portera par pelotons chez tous les accapareurs, les agioteurs, les gens suspects, les égoïstes, les hommes qui se sont enrichis depuis la Révolution, les pillards de la République en général de quelque masque qu’ils soient couverts (...).
Cette opération faite, et Paris purgé des scélérats qui l’infectent, alors on pourra s’occuper de classer les citoyens français, non pas par âge, mais par les différents degrés d’utilité dont ils sont dans l’intérieur ; soit à leur société, soit à ceux qui les entourent, car tout le monde peut sentir que l’oisif célibataire, qui jouit d’une certaine aisance, l’homme marié sans enfants ou avec des enfants, qui aurait de la fortune, devrait partir de préférence [2] au jeune homme qui à dix-huit, vingt, ou vingt-cinq ans, nourrirait du fruit de ses sueurs, un père invalide, ou des frères infirmes, ou une mère malade, ou des sœurs indigentes.
C’est donc aux comités révolutionnaires des sections, à se faire représenter et à vérifier par eux-mêmes, la position et les moyens d’existence de ceux qui y habitent ; et d’après le nombre demandé, de faire un état de ceux qui doivent, les premiers, être mis en réquisition.
Que bonne et prompte justice soit faite, de cette poignée de brigands, qui sourit à nos revers, tressaille au bruit d’une nouvelle désastreuse, et se berce de l’espoir, tant déçu, de la contre-révolution. La liberté outragée demande vengeance, il est temps de la lui donner, puisque les monstres l’ont voulu.
Crois-moi peuple, les despotes seront bien faibles, lorsque leurs amis et leurs complices auront disparu de ton territoire, soit persuadé qu’en rétablissant la paix intérieure, c’est un grand acheminement à une pacification au-dehors.