Arrêtons-nous. Nous ne pouvons nous étendre davantage sur l’action et le système syndicaux. Il faudrait un volume. Nous avons, de notre mieux, essayé de résumer les tendances, les moyens et le but poursuivi par les ouvriers syndiqués.
La Confédération Générale du Travail — cette effrayante et mystérieuse CGT qui, aux abords du Premier Mai, fait frissonner d’horreur la classe bourgeoise — réunit et exprime les vœux et les forces du monde ouvrier. Elle comprend la section des Bourses du Travail et l’Union des Syndicats. Georges Yvetot est le secrétaire de la section des Bourses.
A côté d’Yvetot, il y a d’autres militants, d’autres travailleurs délégués par leurs camarades et s’occupant de l’organisation et de l’administration syndicales. Malheureusement, il en est qui ont une tendance à tomber dans le fonctionnarisme et qui oublient trop facilement le rôle qu’ils ont assumé.
Yvetot, lui, représente la tradition révolutionnaire. Il combat avec sa belle vaillance le militarisme, le monde des politiciens et le capital. Pour lui, la période d’organisation est terminée. La classe ouvrière est assez forte. Le moment de l’action est venu.
C’est un réconfort que de voir un homme comme Yvetot se jeter aussi résolument dans la bataille. Il n’est pas de ceux qui considèrent le syndicalisme comme chose en soi, comme un but, mais simplement connue un moyen de transformation sociale.
Cette attitude lui a valu, plus d’une fois, les rigueurs des justes lois. Dès 1903, Yvetot était condamné, pour délit de parole, à Nantes, à 1 mois de prison. Poursuivi ensuite pour son Manuel du Soldat, il fut plusieurs fois acquitté à Paris, à Troyes, etc. Il était, après ça, condamné à Rouen, en février 1904, à 2 mois de prison ; puis, encore à Rouen, en juillet de la même année, à 3 mois par défaut ; enfin, en décembre, à 2 mois.