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Georges Yvetot (1868-1942) [04]

lundi 17 février 2020, par Victor Méric - Flax (Domaine public)

Il nous faut dire ici quelques mots sur Fernand Pelloutier, qu’on affecte aujourd’hui d’ignorer, et qui fut l’un des plus dévoués et des plus clairvoyants parmi ceux qui luttèrent pour le triomphe de la classe ouvrière.

Pelloutier, auteur de l’admirable Histoire des Bourses du Travail, était un fils de bourgeois, et comme beaucoup de fils de bourgeois, il fut l’un des défenseurs les plus convaincus et les plus solides des travailleurs qui les méconnaissent trop souvent. De bonne heure il collabora aux journaux avancés. Natif de Nantes, il était lié avec Aristide Briand, futur ministre, et il lui arriva de soutenir sa candidature.

Membre du Parti Ouvrier français, il fut directeur d’un journal où collaborèrent Vaillant, Landrin, Guesde, et fonda, à Saint-Nazaire, une section du Parti. Mais bientôt, dégoûté de l’action électorale, mal à l’aise dans ce Parti Ouvrier discipliné et pondéré qui n’a pour unique objectif que le mandat à conquérir, Pelloutier, considéré de bonne heure comme l’enfant terrible du Parti et qui, dès le Congrès de Tours, avait fait voter le principe de la grève générale, s’orienta rapidement vers les idées communistes-libertaires. Il se sépara des Marxistes et se mit, patiemment, à organiser les Syndicats révolutionnaires.

En 1894, il était délégué à la Fédération des Bourses par Nantes et Saint-Nazaire et se faisait remarquer par son ardeur à défendre la grève générale. En 1895, il devint secrétaire de la Fédération des Bourses du Travail. Il avait, comme appointements, 100 francs par mois, et, jusqu’à la fin de sa vie, il connut la gêne, sinon la misère et se refusa à compter parmi les profiteurs du Syndicalisme. Imbu de l’esprit qui animait l’Internationale, selon Bakounine, il s’appliqua à donner à la Fédération des Bourses, l’impulsion révolutionnaire. C’est à lui qu’on doit le développement du Syndicalisme qu’il orienta de plus en plus vers les conceptions communistes-libertaires, et qu’il mit en garde contre l’autoritarisme des socialistes-étatistes et l’ingérence des politiciens. Il mourut le 13 mars 1901.


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