L’organisation chargée par les forces bourgeoises au pouvoir de surveiller, de s’infiltrer dans les mouvements d’opposition, à part les éternels mouchards et flics, est la franc-maçonnerie. La franc-maçonnerie est la bourgeoisie parlementaire, c’est son parti, son idéologie (d’où son libéralisme : une bonne organisation de classe se doit d’écouter tous les courants pour mieux diriger et harmoniser sa politique avec les intérêts de ses membres). Dernièrement, à chaque fois que la franc-maçonnerie a été persécutée, elle l’a été par les fascistes, d’où opposition anti-fasciste, avec laquelle nous nous sommes trouvés d’accord. Mais cet anti-fascisme est celui de la bourgeoisie, de même que certains catholiques et protestants sont antifascistes. La franc-maçonnerie protège le régime capitaliste. Tous les anarchistes en faveur des élections, ou qui refusent de se dire anti-électoralistes, ne sont-ils pas des francs-maçons ? Pour le montrer, nous donnons le texte qui suit « Nécessité de clarté, anarchisme et franc-maçonnerie », publié par Umanità Nova (11-2-1962) et écrit par Aurelio Chessa (administrateur de Volontà).
Je pense aussi qu’il est probable que la franc-maçonnerie et la
.démocratie
en général intriguent parmi nous avec l’espoir que nous ne leur serons pas trop hostiles le jour où le régime changera
... Nous avons eu des
camarades
francs-maçons qui, pour remplir leurs objectifs, se sont affirmés comme défenseurs d’un des deux blocs actuellement en présence. Et, naturellement, leur bloc favori est le bloc occidental, étant donné que dans les démocraties
occidentales la franc-maçonnerie règne et travaille pour la défense de ce monde libre
qui reste encore à libérer. Ils ne manquent pas de raisons pour se déclarer favorables à une intervention armée contre le bolchevisme ; bien des raisons que partagent aussi les anarchistes ; encore que nos raisons ne peuvent se confondre avec celles des anticommunistes bourgeois ; les nôtres ont pour base la liberté de l’homme que communistes, aussi bien que bourgeois, francs-maçons et partis gouvernementaux nient, bien qu’en apparence les démocraties
nous laissent le droit conditionnel de... ne pas sortir des rangs.
Nous avons encore, bien que très négligeable, le phénomène franc-maçon alimenté parmi nous par les vieilles amitiés du républicanisme franc-maçon d’origine antifasciste (...). Ces camarades qui se sont mis ouvertement au service de certains partis tel que le parti républicain, en arrivant à faire cause commune pour convaincre certains secteurs anarchistes d’entrer dans les compétitions électorales et, au nom d’une liberté unilatérale, déclarer publiquement que l’anarchisme n’interdit à personne de voter, ne se sont pas aperçus qu’ils se sont mis en dehors du mouvement anarchiste. Et même s’ils ne s’en sont pas aperçus, comme je le crois en vérité, ils ont l’attitude du franc-maçon qui cherche à semer le désordre dans notre camp. L’anarcho-franc-maçon, outre qu’il est en contradiction avec l’anarchisme qui ne reconnaît pas la hiérarchie de la franc-maçonnerie et des partis, est également insolent quand, toujours au nom de la liberté anarchiste, il cède à la tentation bourgeoise d’exploiter son prochain en faisant une question de droit parce que nous ne sommes pas encore en anarchie (...).
Le mal est qu’il continue à fréquenter nos groupes, nos assemblées, nos congrès, et parfois il y prend la parole et, toujours en hommage à la liberté anarchiste, on le laisse dire et faire sans qu’anarchistement parlant on lui dise de sortir et de ne plus reparaître.
Notre liberté ne doit pas être conditionnée par aucune sorte de camarade. Et puisqu’ils s’obstinent à nous noyauter, il faut les isoler, les éloigner. Ils peuvent avoir intérêt à rester parmi nous et à chercher à corrompre quelques-uns d’entre nous, proie facile de personnes qui ont eu un passé d’anarchistes, mais qui aujourd’hui exploitent ce passé lui-même pour des fins étrangères à l’anarchisme
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