Il s’occupa plusieurs années du Révolté qui demeure l’un des journaux les plus intéressants, au point de vue de l’histoire du mouvement anarchiste. En 1894, le Révolté, devenu par la suite la Révolte, dut interrompre sa publication. C’était le moment de la bataille, les bombes, les arrestations, les lois scélérates. Jean Grave venait d’être arrêté, l’un des premiers. Il avait publié un volume qui fit grand bruit dans le Landerneau politique : La Société mourante et Anarchie. Ce volume, où les théories anarchistes étaient exposées avec une netteté et une clarté étonnantes et qu’on savait l’œuvre d’un simple ouvrier cordonnier, fit sensation. Il était préfacé avec enthousiasme par Octave Mirbeau, l’un des plus puissants parmi les jeunes écrivains d’alors. Du reste, l’anarchie était à la mode parmi les littérateurs Bernard Lazare, Paul Adam et bien d’autres, s’étaient signalés par leur sympathie pour les anarchistes. On sait que Paul Adam écrivit un Éloge de Ravachol et collabora à la feuille de Zo d’Axa, l’En-Dehors.
Le Parquet s’émut. Le jeune sociologue fut poursuivi et condamné à deux ans de prison. Son livre fut détruit.
Quelques mois après, Jean Grave était traduit devant la Cour d’assises, en compagnie de vingt-neuf autres accusés. Il nous faut dire quelques mots de ce procès qui est demeuré fameux et qui a été appelé le procès des Trente.