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Marinus et Georg : comment résister au nazisme ?

Marinus Van der Lubbe (1909-1934) & Georg Elser (1903-1945)

mardi 9 juillet 2024, par François Roux (CC by-nc-sa)

Jusqu’au putsch manqué du 20 juillet 1944, les tentatives les plus abouties contre le régime de Hitler ont été deux actes personnels l’incendie du Reichstag et l’attentat de la brasserie Bürgerbraükeller.

Pendant plus d’un demi-siècle Marinus Van der Lubbe (1909-1934) et Georg Elser (1903-1945) ont été présentés par les historiens comme des agents hitlériens. La preuve est faite aujour­d’hui qu’ils ont résisté au nazisme au prix de leur vie. Pourtant, la plupart des livres scolaires, des dictionnaires et des encyclopédies persistent à affirmer que les deux combattants solitaires ont été manipulés, l’incendie du Reichstag comme l’atten­tat de la brasserie munichoise Bürgerbraükeller ayant objectivement servi les desseins de Hitler [1]. L’incompréhension rencontrée par ces deux actes de résistance et leur récupération par le régime national-socialiste illustrent l’extrême difficulté de la lutte contre une dictature totalitaire.

L’INCENDIE DU REICHSTAG

Un mois après que les conservateurs allemands eurent installé Hitler à la Chancellerie en dépit de son échec électoral de novembre 1932, le Reichstag brûlait. Le jour même (le 27 février 1933), un jeune militant du KPD (Kommunistische Partei Deutschlands ; Parti communiste allemand) trans­mit la nouvelle dans une lettre à son correspondant français, Daniel Guérin [2]. Sous sa plume, la provoca­tion ne faisait pas l’ombre d’un doute : J’aimerais voir l’idiot qui a incendié le Reichstag en croyant agir dans l’intérêt du prolétariat ! s’exclamait-il. Puis, prévoyant la terreur de masse qui allait se déchaîner quelques heures plus tard, il concluait sobrement : Cette lettre sera probablement la der­nière  [3]. Déjà la radio de Goebbels annonçait la ver­sion officielle de la culpabilité des « bolcheviks »...

Le Reichstag en flammes
le 27 février 1933.

Les militants du KPD qui connaissaient l’état de faiblesse de leur parti et son incapacité à orchestrer un soulèvement furent les seuls à ne pas croire à un attentat communiste. Sur le moment, cette explica­tion parut logique à la plupart des Allemands, y compris aux chefs nazis, totalement paniqués ce soir-là aux dires des témoins et des policiers pré­sents devant le Reichstag. Persuadés que le KPD ne se laisserait pas abattre sans résistance, les nou­veaux maîtres de l’Allemagne se préparaient depuis leur arrivée au pouvoir à une insurrection. Le 31 janvier, au lendemain de l’intronisation de Hitler, le journal intime de Goebbels relate une conférence consacrée à jeter les grandes lignes de la lutte armée contre la terreur rouge dès que se manifesteraient les tentatives de révolution bolchevique. Le soir du 27 février 1933, le ministre de la Propagande nota que l’incendie constituait l’ultime tentative [des communistes] pour semer la confusion par le feu et la terreur afin de s’emparer du pouvoir à la faveur de la panique générale  [4].

Photographie d’identité judiciaire de Marinus van der Lubbe prise peu après son arrestation.

Interpellé dans le bâtiment en flammes, le mili­tant internationaliste hollandais Marinus Van der Lubbe avait immédiatement revendiqué son acte et les enquêteurs firent part à Göring de leur convic­tion qu’ils tenaient là le seul coupable. C’est alors que les nazis, rassurés, décidèrent de présenter l’embrasement du Reichstag comme le signal d’une insurrection de « l’Armée rouge » dont le KPD les menaçait depuis des mois.

Quelques années plus tard l’opposant Sebastian Haffner revint sur les réactions de l’opinion au lendemain de l’incendie : l’aspect le plus inté­ressant de l’incendie du Reichstag fut peut-être que tout le monde, ou presque, admit la thèse de la culpabilité communiste. Même les sceptiques trouvaient au moins que ce n’était pas tout à fait impossible. C’était la faute des communistes eux-mêmes. Au cours des dernières années, leur parti était devenu de plus en plus puissant, ils n’avaient cessé de brandir leur détermination, et en fait personne ne les croyait capables de se laisser interdire et exterminer sans défense. Durant tout le mois de février on avait louché sur la gauche, attendant la riposte des commu­nistes. [...] Le mythe nazi du putsch communiste déjoué tomba sur un terrain de crédulité préparé par les communistes eux-mêmes. Qui pouvait savoir qu’il n’y avait rien derrière leurs poings brandis  [5] ?

Anton Pannekoek

Quant à Marinus, une fois arrêté, il lui fallut reconnaître, lui qui n’avait pas abandonné la cause, que la cause l’avait abandonné  [6]. Pendant le procès de Leipzig où il comparut à l’automne 1933 en même temps que plusieurs dirigeants communistes, le jeune homme qui avait été maltraité, sans doute drogué, et qui souf­frait d’une quasi-cécité, parut totalement à la dérive. Entouré d’ennemis, traité de provocateur nazi par les communistes et de provocateur com­muniste par les nazis, il avait cependant trouvé quelques défenseurs hors d’Allemagne, dans la mouvance « conseilliste » et chez les libertaires. Son comité de soutien aux Pays-Bas, animé par des militants connus et respectés tel que Jan Appel et Anton Pannekoek, ainsi que le Comité International Van der Lubbe à Paris diffusaient ses écrits qui révélaient un jeune homme intelli­gent et solitaire, sans attache avec aucun groupe politique mais animé d’un sens aigu de l’injustice face à la misère de la classe ouvrière dans le sys­tème capitaliste  [7]. Ces quelques voix avaient le plus grand mal à se faire entendre, y compris au sein du mouvement anarchiste. André Prudhommeaux, défenseur passionné de Marinus, dut cesser sa collaboration au Libertaire qui dénonçait l’incendiaire du Reichstag comme un agent d’Hitler [8]. Pendant ce temps, le Komintern, soucieux de faire oublier sa stratégie suicidaire au moment de l’ascension électorale du parti national-socialiste et l’écrasement sans combat du KPD après l’arrivée au pouvoir de Hitler, organisait la diffusion du Livre brun sur l’incendie du Reichstag et la terreur hitlérienne publié sous la direction de Willy Münzenberg. Cet ouvrage traduit en quinze langues et tiré à un million d’exemplaires, truffé de calomnies et de documents aussi faux que ceux produits par les nazis à Leipzig, accusait Marinus d’être un agent hitlérien et, entre autres affabulations, d’avoir été l’amant de Göring... Le « contre-procès du Reichstag » organisé à Londres en septembre 1933, avant même que le Reichsgericht ouvre le sien, présenta les mensonges du Livre brun comme des faits avérés. Ses débats et son verdict furent retranscrits par les journaux du monde entier. Face au rouleau compresseur de la propagande du Komintern, quel impact pouvait avoir le Livre rouge [9] publié le 21 septembre par les amis de Marinus ? La conclusion de Daniel Guérin à son recueil d’articles sur l’Allemagne de 1933 exprimait bien le sentiment général à gauche : Tout s’éclaire. Les assassins de Karl et de Rosa, les incendiaires du Reichstag, telle est l’engeance à laquelle recourt la bourgeoisie aux abois pour prolonger sa domination  [10].

Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose...
Helmut Rüdiger

La thèse mensongère du Livre brun influença durablement les antifascistes, bien au-delà des staliniens. Rudolf Rocker, militant anarchiste allemand réfugié aux États-Unis après 1933, la reprit à son compte dix ans plus tard dans ses Mémoires. Daniel Guérin ne rectifia pas non plus son juge­ment dans les rééditions successives de ses articles en 1945 et en 1965. Helmut Rüdigerfut l’un des rares internationa­listes à reconnaître publiquement s’être trompé sur Marinus. (cf., lettres envoyées à André Prudhommeaux le 30/10 et le 14/11/1959, citées dans Nico Jassies, op. cit.)

Le procès de Leipzig ayant démontré que ni le KPD ni le Komintern n’avaient à voir avec l’incendie, la thèse d’une machination nazie sem­blait en effet s’imposer. Un solide faisceau de pré­somptions accréditait l’idée que le feu aurait été mis par les hitlériens eux-mêmes, avec ou sans le concours de Van der Lubbe : l’incendie tombait trop bien ; les décrets pris la nuit même et le lende­main avaient manifestement été préparés à l’avance et Göring, dont la résidence se trouvait reliée au Reichstag par un souterrain, se serait vanté d’avoir organisé lui-même l’attentat [11]. Enfin et surtout, comment imaginer qu’un étranger de vingt-quatre ans qui ne semblait pas en pleine pos­session de ses facultés intellectuelles ait pu, sans complicités, déjouer la vigilance des sentinelles, pénétrer par effraction dans le bâtiment et mettre le feu à un édifice aussi vaste en quelques minutes [12] ?

Le journaliste et historien américain William L. Shirer qui résida à Berlin de 1934 à la fin 1940 concluait, vingt-cinq ans plus tard, à la quasi-certitude de la culpabilité des nazis. Un com­muniste hollandais à demi idiot, un maniaque incendiaire, Marinus Van der Lubbe avait été leur dupe, écrivit-il. La coïncidence qui veut que les nazis aient trouvé un communiste pyro­mane prêt à faire exactement ce qu’eux-mêmes avaient décidé d’entreprendre peut paraître incroyable, mais les preuves ne manquent pourtant pas à l’appui de cette thèse. [...] c’étaient des troupes d’assaut qui – à son insu naturellement – devaient faire le plus gros du travail. Il fut même établi au procès qui eut lieu par la suite à Leipzig que le débile mental hollandais ne possédait pas les moyens de mettre si rapidement le feu à un bâtiment aussi vaste  [13] Ce point de vue fut par­tagé à l’issue du procès de Leipzig par presque tous les antinazis.

Un « Gruppe V. d. Lubbe » sur le front d’Aragon
André Prudhommeaux

Accouru en Espagne en 1936, André Prudhommeaux tenta de créer un « Groupe Marinus Van der Lubbe » au sein de la FAI, mais le Gruppe DAS (Deutsche Anarcho-Syndikalisten s’y opposa. Les Giménologues me signalent néanmoins un courrier interne au DAS mentionnant un « Gruppe V. d. Lubbe » sur le front d’Aragon en 1937 (IISG archives FAI, 1 page II des lettres au camarade Michel 2-2-37). En 1959, dans un échange de lettres avec l’anarcho-syndicaliste Helmut Rudiger, André Prudhommeaux observait : En Espagne, la ligne de démarcation entre anarchistes partisans ou adversaires de Marinus passait par les mêmes hommes que le militarisme et l’antimilitarisme, le gouvernementalisme et l’anti-étatisme (cité dans Nico Jassies, op. cit..

Willi Münzenberg.

Dans Hiéroglyphes, Arthur Koestler, pourtant on ne peut plus au fait des manipulations staliniennes, persiste dans les mensonges du Livre brun à la rédaction duquel il avait participé vingt ans plus tôt. Il brosse le portrait d’un Marinus psycho­pathe, menteur, maladivement avide de gloire, manipulé par des amis homosexuels et symbole de la génération désaxée d’entre deux guerres  [14]. Koestler reprend sans précaution la biographie de Marinus fabriquée de toutes pièces par le Komintern, en particulier l’histoire de ses relations avec les milieux homosexuels qui gravi­taient autour du capitaine Roehm. L’auteur du Zéro et l’infini que la presse stalinienne avait si souvent traîné dans la boue retrouve, pour décrire Marinus, les mêmes termes que les journaux communistes (et nazis) de l’époque : Lubbe, une apparition affreuse, moitié homme, moitié bête. La salive coulait de sa bouche et la morve de son nez, sur le plancher. [...] Debout, Lubbe laissait pendre ses mains et penchait le menton sur sa poitrine, tel un chimpanzé. L’ancien collaborateur de Willy Münzenberg reconnaît pourtant que la composi­tion du Livre brun reposait sur des informations fragmentaires, des déductions, des suppositions et du bluff. La seule certitude que nous possédions était que des nazis étaient parvenus à incendier le parlement, mais il ne lui vint pas à l’idée que Marinus ait pu, comme lui-même et tant de révolu­tionnaires, être victime du fascisme rouge.

LA BOMBE DE LA BRASSERIE BÜRGERBRAÜKELLER

Georg Elser

Le contexte dans lequel éclata la bombe fabri­quée par Georg Elser, le 8 novembre 1939 à Munich, était tout différent. Les hitlériens tenaient le pouvoir depuis presque 7 ans et aucune opposi­tion ne se manifestait plus. Le Reich était en guerre avec la France et l’Angleterre depuis l’invasion de la Pologne. Derrière la façade de l’unanimisme obligatoire, de nombreux sujets de mécontente­ment agitaient les Allemands : la peur d’un deuxième conflit mondial, les difficultés écono­miques aggravées par le blocus, l’exaspération contre la corruption des faisans dorés du NSDAP, sans compter la militarisation de la société qui s’était renforcée depuis la mobilisa­tion [15]. Mais comment résister ? Les Églises et l’armée, seules institutions à avoir échappé à la nazification, soutenaient le régime. L’état de guerre avait provoqué le renforcement des moyens et des pouvoirs de la police. La délation et la tor­ture institutionnalisées rendaient presque impos­sible l’organisation d’une résistance collective, sans même parler d’une insurrection. Rien ne sem­blait en mesure de déstabiliser le pouvoir nazi, sinon la disparition de Hitler.

Nombreux devaient être les Allemands parvenus à cette conclusion. Cependant, qui, hormis les militaires, aurait eu les moyens de commettre un attentat contre le dictateur ? Lorsqu’ils apprirent qu’une bombe avait manqué le Führer à quelques minutes près dans la Bürgerbraükeller, la pre­mière réaction des antinazis fut de penser à une nouvelle manipulation.

Georg Elser. Photo prise pendant les interrogatoires du 19 au 23 novembre 1939.

Georg Elser avait été arrêté le soir même en ten­tant de franchir la frontière suisse. Soumis à un interrogatoire musclé, il avait affirmé avoir fabri­qué et posé la bombe sans aucune complicité. Les chefs nazis ne pouvaient croire que le menuisier souabe ait pu agir seul. Pourtant ils devaient rapi­dement donner à l’opinion publique des explica­tions sur cette explosion qui avait fait sept morts et soixante-trois blessés parmi les membres du parti. Le lendemain, le journal fondé par Hitler, le Völkischer Beobachter, fut le seul à parler de l’attentat. Il annonça que les services secrets anglais avaient tenté d’assassiner le Führer sur ordre de Chamberlain. Pour corroborer cette thèse, Himmler avait envoyé aussitôt un commando de gestapistes en Hollande pour enlever deux agents de l’Intelligence Service qu’il présenta comme les commanditaires de l’attentat exécuté par Elser.

La mise en cause de l’Angleterre visait deux objectifs : souder le pays derrière Hitler – car le Führer restait bien plus populaire que son régime et beaucoup d’Allemands redoutaient un chaos total s’il venait à disparaître en pleine guerre – et assimiler les opposants à des traîtres prêts à s’allier à l’ennemi pour poser des bombes en Allemagne. La tentative d’assassinat va sans nul doute dur­cir l’opinion publique derrière Hitler et exciter la haine contre l’Angleterre, écrivit William Shirer dans son Journal le soir du 8 novembre. La plu­part d’entre nous pensent que cela ressemble étrangement à un autre incendie du Reichstag  [16].

Ruth Andreas-Friedrich

Même réaction dans le journal intime de Ruth Andreas-Friedrich, une journaliste allemande engagée dans les réseaux d’aide aux Juifs : On a monté de toutes pièces un nouvel incendie du Reichstag. [...] Étrange répétition d’un même comportement chez les deux coupables. Van der Lubbe, alors qu’il vient de mettre le feu au Reichstag et que les flammes roussissent déjà sa veste, glisse sa carte de membre du Parti commu­niste dans la poche de son pantalon. Soucieux de ce qu’on n’ait aucune peine à la trouver, au cas éventuel où on l’arrêterait. Elser fait la même chose avec le plan de son attentat. [...] Ruth retranscrit plus loin les interrogations de ses amis : Si au moins il existait cet Elser ! [...] Mais il suffit d’une photo pour apaiser le peuple  [17]. »

Pour établir le parallèle entre les deux affaires, Henri Berjar, un Français qui vivait alors clandestinement à Berlin, appliquait l’adage : cherchez à qui profite le crime ! Goebbels et Himmler, instigateurs de la mise en scène, avaient réussi un coup de maître : en un éclair l’opinion publique se dressa contre les Alliés, qui avaient voulu tuer le Führer. L’attentat de Munich ressemblait singulièrement à l’incendie du Reichstag, qui fut l’œuvre du pyromane Göring. Ce fut alors le prétexte pour déclencher une action de grande envergure contre les communistes, socialistes et syndicalistes allemands, qui furent arrêtés, envoyés dans les camps ou fusillés  [18].

Outre les rumeurs, les adversaires du régime ne disposaient pour leur information que de la propa­gande de Goebbels et de celle des Alliés. L’ex­-ambassadeur Ulrich von Hassel, conservateur anti­nazi, ne croyait pas, lui non plus, à un faux attentat : On chuchote évidemment qu’il s’agit là d’un deuxième incendie du Reichstag, donc d’un coup monté pour attiser la colère contre l’Angleterre. Je ne le crois pas, bien que les communiqués de la Gestapo rendent la supposition plausible. Il me semble que le plus vraisemblable est une action communiste ou d’éléments mécontents du parti  [19].

Helmut Hirsch

La première hypothèse est typique des fantasmes des opposants de la droite conservatrice. La seconde pouvait paraître plausible et séduisante à ces mêmes opposants : des attentats avaient été perpétrés après l’épuration sanglante de l’été 1934 par de mystérieux « vengeurs de Röhm » et Otto, le rescapé des deux frères Strasser [20], avait été impliqué dans la tentative de l’étudiant juif Helmut Hirsch [21] pour assassiner Hitler à Nuremberg le 4 juillet I 936. Or les conservateurs s’accrochaient à l’idée que les antagonismes entre chefs nazis pourraient un jour déboucher sur une lutte ouverte entre les « durs » (Himmler, Goebbels) et les « modérés » du régime (dont le chef de file aurait été Göring). Ils espéraient que l’armée se décide­rait à intervenir au côté des seconds, soit pour imposer un national-socialisme « raisonnable », soit pour restaurer la monarchie.

William Shirer s’était également posé la question d’une guerre entre les clans au pouvoir. Il rappor­tait cette confidence d’un ami allemand : Maintenant je suis certain que c’est Himmler qui a installé cette bombe  [22]. Mais s’agissait-il d’une mise en scène ou d’un véritable attentat ? Helmuth Groscurth, autre opposant conservateur, membre du contre-espionnage, donc en principe bien informé, penchait pour une vraie tentative d’assas­sinat : 9.11.1939. Attentat de Munich : cercle sup­posé des auteurs, éventuellement le dénommé cercle des pigeons voyageurs (anciens membres du parti déçus), ou bien la Gestapo elle-même, peut-être en liaison avec Göring. le Führer a été prévenu à temps et a quitté la brasserie  [23].

Georg Elser

Malgré les tortures, Georg Elser avait maintenu sa version des faits et les enquêteurs de la Gestapo commençaient à croire qu’il avait effectivement agi seul, mais il n’était évidemment pas question d’accréditer l’idée qu’un simple ouvrier pouvait avoir été à deux doigts de tuer le Führer tout puis­sant. Le 21 novembre, les nazis affinèrent leur scé­nario et accusèrent Otto Strasser [24] d’avoir organisé l’attentat pour le compte des Anglais. Elser, dont le nom apparaissait pour la première fois, aurait déposé la bombe. Comme pour l’affaire du Reichstag, le complot inventé de toutes pièces brouitla parfaitement les cartes.

Méfiant et dépité, Ulrich von Hassel se contenta d’énumérer dans son journal les éléments de l’imbroglio tels qu’il les percevait : l’auteur de l’attentat, un homme qui avoue avec une éton­nante facilité, et dont le comportement est en plu­sieurs points énigmatique ; et ses instigateurs désignés, Otto Strasser et le Secret Service. La radio anglaise nie tout, évidemment  [25], ajoutait-t-il.

Un an plus tôt, un autre attentat avait servi de prétexte à Goebbels pour déclencher le pogrome de la Nuit de cristal [26]. Les Juifs restés en Allemagne virent donc naturellement dans la bombe de la Bürgerbraükeller une nouvelle menace. Dans la nuit qui fait suite à l’annonce de l’attentat (nous connaissons les coupables : l’Angleterre, et derrière elle la juiverie internatio­nale), je m’attends à des arrestations, des interne­ments en camp de concentration, voire à des fusillades  [27] écrivit Victor Klemperer le 12 novembre, dans son journal. Le même jour, Walter Tausk nota dans le sien : Le peuple s’interrogeait un peu partout : Que doit-on mettre en scène le 9.11 ? Il doit bien arriver de nouveau quelque chose. Ce jour-là ne pourra pas se passer sans un coup d’éclat. Mais on ne pourra rien faire aux Juifs, car on leur a déjà réglé leur compte l’année dernière  [28].

Fritz Kolbe

Une fois que la propagande nazie eût semé la confusion, plus aucun diariste ne soutint la bonne hypothèse, celle d’un homme seul, habile et déter­miné. L’idée qu’il ait pu agir en solitaire déroutait. C’était pourtant la condition pour mener à bien une telle entreprise. La détermination de Georg Elser inspira un autre résistant isolé, Fritz Kolbe. Après avoir d’abord cru à une mise en scène orchestrée par Himmler, il s’était interrogé : D’un autre côté, si les SS sont vraiment les auteurs de ce vrai­-faux attentat, comment expliquer qu’Hitler ait pris le risque de se placer auprès d’un mécanisme en marche, qui aurait pu déclencher l’explosion quelques minutes trop tôt ? Et si Georg Elser avait agi seul, comme il le prétend  [29] ?

LE JUGEMENT FRELATÉ DE L’HISTOIRE

À l’instar de son camarade hollandais, le menui­sier souabe continue d’être présenté comme un presque demeuré obtus [et] borné  [30] dont le courage n’aurait été que de l’inconscience et la ténacité de l’entêtement. En somme, l’héroïsme de Marinus et Georg ne pourrait s’expliquer que par leur manque de discernement.

La volonté plus ou moins consciente de rabaisser ces hommes qui sont allés au bout de leur engage­ment s’explique par le profond malaise que suscitè­rent leurs actions dans les partis et organisations antinazis d’alors, et qu’ils continuent de provoquer chez leurs héritiers. Le geste désespéré de Marinus renvoyait toute la gauche allemande à ses responsa­bilités dans l’accession de Hitler au pouvoir et à sa reddition sans combat après des années de procla­mations belliqueuses. Et si les communistes s’acharnèrent particulièrement à salir sa mémoire, c’était pour mieux faire oublier que la stratégie absurde du « social-fascisme [31] » imposée par Staline avait joué un rôle déterminant dans la vic­toire des nazis contre qui le KPD avait été inca­pable de mobiliser les travailleurs. Le Komintern voulait accréditer l’idée que le parti communiste allemand, avant-garde du prolétariat le plus puis­sant d’Europe, avait été empêché de combattre par le « coup de poignard dans le dos » de l’incendie du Reichstag. D’ailleurs, le coup avait été porté par un dissident communiste, c’est-à-dire, dans la logique stalinienne, par un « complice objectif » des nazis.

Quant à l’attentat de Georg, réalisé avec une audace et une habileté inouïes sitôt la guerre décla­rée, il tranchait cruellement avec les tergiversa­tions des généraux allemands qui ne s’étaient déci­dés à agir qu’après six années de complots avortés et qui n’avaient pas été capables de faire mieux à eux tous, malgré leur science militaire, malgré leurs armes, qu’un simple ouvrier menuisier.

Comparé à l’attentat manqué du 20 juillet 1944, celui de la Bürgerbraükeller n’occupe qu’une toute petite place dans la plupart des livres consa­crés à la résistance antinazie. Au moins est-il reconnu comme un acte de résistance, ce qui n’est jamais le cas de l’incendie du Reichstag. Pourquoi ?

L’argument le plus souvent invoqué consiste à prétendre qu’en définitive, Marinus a exaucé les souhaits des nazis, quand on ne le rend pas directe­ment responsable de l’interdiction du KPD, de la terreur et de l’instauration de la dictature. Ce rai­sonnement pourrait s’appliquer à tout acte de résis­tance contre un pouvoir en situation de force, car il entraîne fatalement des représailles d’une violence supérieure à la sienne. Faut-il alors en conclure que résister à plus fort que soi est non seulement inutile, mais néfaste ? Ce fut la position implicite de la social-démocratie, avant et après la prise du pouvoir par Hitler. Pourtant, les mêmes auteurs qui reprochent aux socialistes d’avoir laissé détruire leurs puissantes organisations sans esquisser un geste de défense traitent le militant conseilliste hollandais avec le plus grand mépris.

L’affaire du Reichstag illustre la perversité de l’attitude légaliste face à un ennemi qui se moque de la légalité. Hitler avait-il besoin que le parlement brûle pour interdire le KPD et établir sa dic­tature ? Poser la question, c’est y répondre. Hitler n’a eu besoin d’aucun prétexte pour interdire tous les autres partis, y compris ses « alliés » de droite. Il tombe sous le sens que l’écrasement des com­munistes faisait partie des plans nazis. Les hitlé­riens étaient moins des stratèges agissant d’après des plans mûrement réfléchis que des hommes d’action capables d’improviser en fonction des événements : incendie ou pas, ils auraient vite réalisé l’incapacité dans laquelle le KPD se trou­vait d’engager la lutte armée, et ils seraient passés à l’attaque. Quand on considère l’acharnement avec lequel ils ont mené à bien leurs projets les plus odieux, il faut être bien malhonnête pour en rendre Marinus peu ou prou responsable.

Marinus et Georg dans des livres récents consacrés à la résistance allemande au nazisme
Dans l’ouvrage collectif d’historiens intitulé Des Allemands contre le nazisme, Oppositions et résistances 1933-1945 (Actes du colloque franco-allemand organisé à Paris du 27 au 29 mai 1996 publiés sous la direction de Christine Levisse-Touzé et Stefan Martens. Albin Michel, 1997), l’atten­tat de Georg Elser occupe moins d’une page sur 382. Barbara Koehn (La résistance allemande contre Hitler, 1939-1945, PUF, 2003), ne cite pas Marinus Van der Lubbe en tant que résistant, elle consacre trois lignes à Georg Elser, 38 pages à la résistance des ouvriers, 48 à la pseudo-résis­tance des Églises, et 150 à celle des conservateurs, envi­sagée sous tous les angles.

Marinus ne doutait pas que les nazis une fois au pouvoir réaliseraient les « prophéties » très explicites de Mein Kampf. Si le mouve­ment ouvrier laissait aux hitlériens le temps d’investir l’appareil d’État, la résistance devien­drait impossible. Il fallait agir immédiatement. En révolutionnaire conséquent, persuadé que les lea­ders des organisations de la gauche allemande seraient arrivés à la même conclusion, il partit donc en Allemagne pour se battre dès la nomina­tion de Hitler à la Chancellerie. Lorsqu’il arriva à Berlin, l’ambiance résignée des quartiers ouvriers le désespéra. Il tenta en vain d’ameuter la foule. Que pouvait-il faire d’autre, sinon mettre le feu au Reichstag où siégeaient ces députés conservateurs qui venaient de donner le pouvoir à Hitler contre la volonté de la majorité des Allemands [32] ? S’il y avait eu dans l’Allemagne de février 1933 quelques milliers de résistants aussi déterminés, l’histoire aurait peut-être pris un cours différent. En tout cas, les antinazis n’auraient pas été vaincus sans combattre.

Le geste de Marinus fit débat parmi ses amis conseillistes hollandais. Dans un article intitulé « L’acte personnel », Anton Pannekoek écrivit en mars 1933 : Même si un tel acte touchait et affai­blissait effectivement la bourgeoisie, la seule conséquence en serait de développer chez les ouvriers la conviction que seuls de tels actes indi­viduels peuvent les libérer. [...] Cela les éloigne­rait de l’action autonome en tant que classe  [33]. Six ans plus tard, alors que les ouvriers ne résis­taient plus que par l’absentéisme au travail [34], aurait-il dit la même chose de l’attentat de Georg Elser s’il avait réussi ?

Procès de Marinus Van der Lubbe

Que Marinus ait cru, ou non, que son geste pou­vait donner le signal du soulèvement, il devait l’accomplir, pour l’honneur de la classe ouvrière ainsi qu’il le déclara après son arresta­tion. À l’autre extrémité du spectre politique, onze ans plus tard, les leaders de la conjuration du 20 juillet suivirent le même raisonnement : s’aper­cevant au tout dernier moment que certains des chefs militaires sur lesquels ils avaient cru pouvoir compter faisaient une fois de plus défection et que leur entreprise courait à l’échec, ils maintinrent malgré tout leur action afin qu’on ne puisse pas dire que toute l’armée avait suivi Hitler jusqu’au bout sans se rebeller. Leur geste, dont ils ont eux aussi revendiqué la valeur morale, n’eut aucun effet concret et ne précipita en rien la chute du nazisme ; il provoqua par contre l’exécution de tous ceux qui avaient eu connaissance du complot et de centaines d’antinazis déjà déportés. Les mêmes qui accusent Marinus d’avoir commis un acte « inutile » ayant entraîné une répression féroce ne le reprochent jamais aux hommes du 20 juillet : ils exaltent le sursaut courageux d’offi­ciers et d’hommes politiques qui avaient été long­temps pro nazis et dont la plupart ne sont passés à la résistance active qu’une fois le Reich militaire­ment battu, mais n’ont pas un mot d’admiration pour le jeune étranger qui s’était insurgé dès le pre­mier jour et le paya de sa vie.

Jamais aucune dictature totalitaire n’a été ren­versée de l ’intérieur. Une fois que le mouvement totalitaire a pris le contrôle de l’appareil d’État, de l’armée et de la police, le peuple désarmé se retrouve dans l’incapacité de s’organiser pour résister efficacement. Marinus Van der Lubbe l’avait compris. Puisque les partis et les syndicats ouvriers renonçaient à la grève générale, il ne res­tait plus qu’un espoir : déclencher l’insurrection populaire par un geste spectaculaire.

L’histoire a donné raison au jeune militant révolu­tionnaire contre les stratèges de tous les partis : les militaires et les conservateurs qui avaient hissé Hitler au sommet de l’État en croyant qu’ils s’en débarrasseraient quand ils le voudraient, les sociaux-démocrates qui espéraient composer avec le nouveau pouvoir et les communistes qui préten­daient voir dans la dictature nationale-socialiste l’ultime étape de la décomposition du capitalisme avant le triomphe de la révolution prolétarienne.

Comment pourraient-ils le lui pardonner ?

Merci à Charles Jacquier pour sa relecture et ses conseils.


[1Sur les circonstances de l’incendie du Reichstag et son historiographie, lire les articles de Jean-Jacques Gandini (Gavroche n° 131) et Jean-Luc Debry (Gavro­che n° 150) ainsi que le bel article de Paul Sarton, « Marinus van der Lubbe ou le mythe dans l’histoire » publié dans La Révolution prolétarienne (n° 437, mars 1959) et repris dans Agone, n°25, 2001, p. 171-195. Pour une connaissance plus approfondie de Marinus Van der Lubbe : Nico Jassies, Marinus Van der Lubbe et l’incendie du Reichstag, éditions antisociales, 2004 ; Yves Pagès et Charles Reeve, Marinus Van der Lubbe. Carnets de route de l’incendiaire du Reichstag, Verticale, 2003. Sur Georg Elser, voir le n°146 de Gavroche.

[2Daniel Guérin, Sur le fascisme I, La peste brune, « petite collection Maspero », 1965. Les extraits cités sont tirés du chapitre : « Avant la catastrophe » (1932).

[3Ibid., p. 52.

[427 février 1933.

[5Sebastian Haffner, Histoire d’un Allemand. Souvenirs 1914-1933, Actes Sud, 2002, p. 181-182. Exilé en 1938, Haffner écrivit son livre à la veille de la guerre mais celui-ci ne fut publié qu’en 2000. Le texte de 1939 annonçait les événements à venir, et notamment la Shoah, avec une telle clairvoyance que l’on crut à une superche­rie. Les tests scientifiques réalisés sur le manuscrit ont démontré son authenticité.

[6Georg K. Glaser, Secret et violence. Chronique des années rouge et brun (1920- 1945), Agone, 2005, p. 20.

[7Ian Kershaw, Hitler, t. I : 1889-1936, Flammarion 2001, p. 648.

[8Cf. la série d’articles d’André Prudhommeaux, « L’ordre règne en Alle­magne. Le bilan de douze ans de "bolchevisation" du prolé­tariat allemand », en mars-avril 1933, interrompue à ce motif. Ils ont été repris dans Agone, n° 35/36, 2006, p. 283-297.

[9Roodboek Van der Lubbe en de Rijksdagbrand [Livre rouge sur Van der Lubbe et l’incendie du Reichstag], publié par le Comité international Van der Lubbe, Amsterdam, 1933.

[10Daniel Guérin, op. cit., p. 126.

[11Dans son livre, Le Troisième Reich, des origines à la chute, Stock, I 962, William L. Shirer cite, entre autres « preuves » de la cul­pabilité de Goring, la déposi­tion du chef de la Gestapo, Rudolf Diels, au procès de Nuremberg. Il oublie de dire que le tribunal ne retint fina­lement pas ce chef d’ accusa­tion contre Göring.

[12L’enquête de Fritz Tobias (Der Reichstagbrand, Rastatt, Grote, 1962) a mon­tré que le feu allumé par Marinus en bas des immen­ses rideaux verticaux du Reichstag avait été attisé par un effet « de cheminée ».

[13William L. Shirer, op. cit.,p. 213.

[14Arthur Koestler, Hié­roglyphes 2, Calmann-Lévy, 1955, p. 61 et sq.

[15Les journaux intimes et les récits des témoins alle­mands (Ruth Andreas­-Friedrich, Ulrich von Hassel, voir infra) ou étrangers (William Shirer, Henri Berjar, voir infra) témoignent du pessimisme des Allemands durant l’hiver 1939-1940. Pour une vue d’ensemble, lire : Jan Kershaw, L’opinion allemande sous le nazisme. Bavière 1933-1945, CNRS éditions, 2002.

[16William L. Shirer, op. cit., p. 695.

[17Ruth Andreas-Friedrich, A Berlin sous les nazis. Une Allemande contre Hitler, Flammarion, 1966, p. 61-62.

[18Henri Berjar, Dans la gueule du loup. L’odyssée d’un résistant français à Berlin pendant la Seconde Guerre mondiale, Olivier Orban, 1980, p. 20-21.

[19Ulrich von Hassel, Journal d’un conjuré, 1938-1944. L’insurrection de la conscience, Berlin, 1996, p. 104. Membre de la conju­ration du 20 juillet 1944, il fut exécuté le 8 août.

[20Otto Strasse, avait été exclu du parti nazi en mai 1930 pour déviationnisme « national-bolchevik ». Son frère Gregor, longtemps rival de Hitler, avait quitté le NSPAD peu avant la prise du pouvoir et avait été assassiné par les SS le 30 juin 1934 pendant la Nuit des longs couteaux.

[21Helmut Hirsch fut condamné à mort et exécuté le 4 juin 1937.

[22William L. Shirer, Berlin Diary, le 21 novembre 1939.

[23Cité par Hélène Camarade, Écritures de la Résistance. Le journal intime sous le troisième Reich, Presses universitaires du Mirail, 2007, p. 346. Officier proche de l’amiral Canaris et du général Halder, Helmuth Groscurth fut fait prisonnier à Stalingrad et mourut en captivité en 1943.

[24Otto Strasser fut expulsé de Suisse à la suite de cette accusation.

[25Ulrich von Hassel, op. cit., p. 106-107.

[26Le 7 novembre 1938 à l’ambassade d’ Allemagne à Paris, un Juif polonais de 17 ans, Herschel Grynspan, avait abattu le secrétaire de légation Ernst von Rath.

[27Cité par Hélène Camarade, op. cit., p. 345. Journaliste et écrivain, Victor Klemperer (1881-1960) tint son journal intime de 1918 à 1958. Après la guerre, il vécut et enseigna en RDA où il fut également député. Il a publié une étude sur le lan­gage nazi qui a fait date : LTI, la langue du Troisième Reich. Carnets d’un philo­logue, [1947], Albin Michel, 1996.

[28Cité par Hélène Camarade, op. cit., p. 345. Walter Tausk, écrivain juif de religion bouddhiste, fut déporté en Pologne avec toute sa famille en 1941 et disparut en 1942.

[29Lucas Delattre, Fritz Kolbe, un espion au cœur du IIIe Reich, Denoël, 2003, p. 50. Fonctionnaire au minis­tère des Affaires étrangères, Fritz Kolbe renseigna les Alliés par antinazisme et fut considéré comme un traître
après la guerre.

[30William L. Shirer ajoute : pas aussi idiot que Marinus Van der lubbe (op. cit., p. 697).

[31Sur instruction de Staline, le KPD renvoyait dos à dos nazis et socialistes en refusant toute alliance avec le SPD.

[32Le 31 juillet 1932, à son apogée dans des élec­tions libres, le NSDAP totalisa 31,45 % des voix des inscrits et 37 ,4 % des suf­frages exprimés.

[33Le 31 juillet 1932, à son apogée dans des élec­tions libres, le NSDAP totalisa 31,45 % des voix des inscrits et 37,4 % des suf­frages exprimés. p. 61-65.

[34Voir l’article de Tim Masan (Gavroche n° 149).