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La Commune démolit la Colonne Vendôme

samedi 14 mai 2022, par Michel Auvray (CC by-nc-sa)

Le 16 mai 1871 se déroule l’acte le plus spectaculaire de l’histoire de la Commune de Paris : la démolition de la colonne Vendôme, considérée comme un monument de barbarie, un symbole de force brute et de fausse gloire, une affirmation du militarisme. Cérémonie rituelle, voire séance d’exorcisme, ce moment fort d’une guerre civile au symbolisme puissant vaudra au peintre Gustave Courbet, tenu pour responsable, d’être condamné à en payer la restauration. Un événement important, à la portée souvent méconnue.

Henri Place, dit Verlet.

Laide et maigre, noire et sombre, couverte du sang des vieux guerriers de la République, elle supporte sur un piédestal de boue et de fumier la copie grotesque du despote Napoléon. Dès le 4 avril 1871, Verlet dit, dans le Cri du Peuple de Vallès, son dégoût de la colonne élevée sur le cadavre de la Révolution. Pour lui, comme pour tant d’autres Parisiens qui sont entrés en insurrection le 18 mars, la colonne de la place Vendôme est assurément un symbole : Il faut l’abattre !, poursuit Verlet. Le peuple de Paris déboulonnera un à un les cylindres de ce monument d’infamie. On en fera des sous pour les malheureux ou des canons pour sauver la patrie. Et ainsi disparaîtra le dernier souvenir de notre esclavage et des débauches napoléoniennes.

Abattre la colonne Vendôme, tout au moins jeter à terre la statue de l’empereur qui la domine, plusieurs y ont déjà pensé. Et la place a déjà connu bien des vicissitudes.

Un symbole à abattre

Destruction de la statue équestre de Louis XIV place Vendôme.

Construite, non loin du Palais-Royal, à la demande de Louvois, la place des Conquêtes avait été conçue, à l’origine, pour y recevoir la statue équestre de Louis XIV. Plus tard, elle était devenue place Louis-le-Grand, puis place Vendôme en 1799. Et, déjà, le peuple de Paris y avait manifesté sa volonté de rompre avec un passé fait d’oppression, de morgue et de souffrances : la statue du Roi-Soleil avait été détruite à la Révolution. Depuis 1810 y avait été érigé un monument de 44 mètres de hauteur, inspiré de la colonne Trajane de Rome, et censé être coulé dans le bronze de 1 200 canons pris aux Russes et aux Autrichiens, à la bataille d’Austerlitz. Bref, un monument élevé à la gloire de la Grande-Armée. Et surtout, bien sûr, de son empereur, Napoléon 1er.

Tout pouvoir politique veille, de toute évidence, à accorder les signes et symboles représentatifs de sa puissance avec l’image qu’il se plait à donner de lui. Point n’est donc besoin d’être surpris que les régimes politiques qui se succèdent dans cette première moitié du 19e siècle changent à plusieurs reprises la statue qui surplombe la place : le 13 mars 1814, des cordes avaient arraché la première statue de Napoléon, remplacée par un drapeau blanc à fleurs de lys. Puis l’emblème royaliste avait fait place à un Napoléon en redingote, à la fin de la Restauration. Quand le Second Empire s’écroulera, la statue aura été encore une fois modifiée : un césar en toge, digne de la Rome antique, dominait, conquérant, l’impressionnante colonne.

Badinguet une fois déchu, le peuple entrant en scène, l’heure est alors venue que soit justifiée, après trente ans, la prophétie du poète et publiciste Henri Heine :

Déjà une fois, les orages ont arraché du faîte de la colonne Vendôme l’homme de fer qui pose sur son fût et en cas que les socialistes parvinssent au Gouvernement, le même accident pourrait lui arriver une seconde fois, ou bien même la rage d’égalité radicale serait capable de renverser toute la colonne afin que ce symbole de gloire fût entièrement rasé de la terre. [1]

Une idée de Courbet ?

Gustave Courbet.

Peintre, lithographe et dessinateur, Gustave Courbet s’est fait, depuis la révolution de 1848, l’ardent défenseur du réalisme. Il a fréquenté Proudhon et Baudelaire, et s’est orienté, sous l’influence des théories socialistes, vers une conception de l’art plus démocratique et populaire. Devenu célèbre dans toute l’Europe, même s’il a des ennemis chez les tenants de l’académisme, c’est, en 1870, la plus grande gueule de la peinture française [2].

Dès la proclamation de la République, le voilà nommé président de la Commission artistique qui doit veiller à la protection des musées et des œuvres d’art. C’est à ce titre que, le 14 septembre 1870, il adresse une pétition au Gouvernement de la Défense Nationale, lui demandant l’autorisation de déboulonner la colonne, ou qu’il veuille bien lui-même en prendre l’initiative, en chargeant de ce soin l’administration du Musée d’artillerie, et en faisant transporter les matériaux à l’hôtel de la Monnaie [3].

Déboulonner la colonne et non l’abattre ? La nuance est de taille, comme nous le verrons. Pour l’heure, l’idée de Courbet, la demande qu’il formule, reste lettre morte. La colonne et sa statue d’empereur romain se dressent encore, après l’insurrection du 18 mars, sur la place Vendôme où siège désormais l’état-major de la garde nationale.

La Commune à peine proclamée, Courbet prend parti pour elle. Sans hésitation ni ambiguïté, il s’engage au côté du peuple en révolution : Qui a peint la Fileuse, les Casseurs de pierres, l’Enterrement d’Ornans, doit être inévitablement —le jour où il faut choisir— du côté où il y a le travail, la misère et les pavés, écrira à son propos Jules Vallès [4].

Gustave Courbet s’occupe activement de la formation de la Fédération des artistes, dont il devient le président. Le 12 avril, la Commune l’autorise à rétablir, dans le plus bref délai, les Musées de la ville de Paris dans leur état normal, d’ouvrir les galeries au public et d’y favoriser le travail qui s’y fait habituellement. Et, le 16 avril, le grand peintre est élu par le VIe arrondissement de Paris, et va donc siéger au Conseil de la Commune qui le nomme à la Commission de l’Enseignement. Or, quelques jours avant qu’il n’y soit élu, le Conseil de la Commune a pris un décret appelé à faire grand bruit : la destruction de la colonne Vendôme vient d’être décidée. L’initiative venait-elle réellement de Félix Pyat, qui ne faisait que relayer une idée d’Alfred Picard, le directeur de l’Electeur libre et frère du ministre de l’Intérieur de Versailles ? Le fait est que Courbet réclama l’exécution de ce décret, et c’est pourquoi on fit plus tard comme s’il en était responsable. [5]

Patriotisme et antimilitarisme

Le texte du décret pris par la Commune ce 12 avril 1871 est sans doute lyrique, voire grandiloquent, mais ô combien lucide et généreux :

La Commune de Paris, considérant que la colonne impériale de la place Vendôme est un monument de barbarie, un symbole de force brute et de fausse gloire, une affirmation du militarisme, une négation du droit international, une insulte permanente des vainqueurs aux vaincus, un attentat perpétuel à l’un des trois grands principes de la République française, la Fraternité, décrète : Article unique. La colonne de la place Vendôme sera démolie.

Née du refus d’accepter la défaite face aux Prussiens, opposée à l’humiliante paix conclue par les représentants de la bourgeoisie, la Commune de Paris fait montre, c’est incontestable, d’un patriotisme certain. D’autant que c’est une Prusse militariste et monarchiste qui fait la guerre, maintenant, à une démocratie naissante. Les Fédérés ont aussi, il est vrai, un goût prononcé de l’uniforme, quitte à témoigner d’une « galonnomanie » théâtrale : nombreux sont les gardes nationaux qui souhaitent garnir abondamment leurs manches d’or et d’argent, et surtout venir parader à cheval, sabre au côté, dans les rues de leur quartier [6]. Patriotisme exacerbé, goût de la parade certain, mais aussi, paradoxalement, haine virulente du militarisme.

La Commune et les artistes
Fort répandue est l’inclination d’assimiler les révolutions, toutes les révolutions, à des entreprises de démolition. Surtout, bien sûr, lorsque la réaction finit par l’emporter. L’ère des bouleversements un moment close, la répression triomphant, les tenants de l’ordre rétabli ne manquent alors jamais de s’indigner des transformations et des signes de rupture, de se scandaliser des coups symboliquement portés aux représentations de leur toute-puissance menacée.
La Commune de Paris détruit certes solennellement l’hôtel particulier de Thiers, la guillotine et la colonne Vendôme, symboles de tout ce contre quoi elle lutte : le pouvoir de l’argent, la peine de mort, le militarisme... Mais elle ne rase ni même ne s’empare de la Banque de France et de la Bourse, ce qui lui coûtera fort cher. Non seulement la Commune détruit très peu, mais encore a-t-elle une incontestable action de création. Sous les bombardements des canons de Versailles, et avant que Paris ne soit défiguré par la terrible répression de la Semaine sanglante, la Commune protège, construit, innove. Elle entreprend même une œuvre culturelle ambitieuse que les fusils des militaires ne lui laisseront pas le temps d’achever.
Les écrivains Alphonse Daudet, Alexandre Dumas fils, Théophile Gautier, George Sand, Gustave Flaubert et même Zola ont, face à la révolution communale, des réactions de bourgeois apeurés. Ils se terrent, fuient et volent au secours de leur classe de privilégiés menacée par l’irruption du peuple sur la scène politique. Or, si la majorité des écrivains se montre violemment opposée aux Communards, nombre de savants, en revanche, les rejoignent. Ainsi, Elie Reclus, frère d’Elisée, est-il nommé directeur de la Bibliothèque nationale, laissée à l’abandon par le départ de ses responsables. Et la plupart des artistes, dont les conditions de vie sont plus proches de celles du peuple, s’engagent plus encore en faveur de la révolution.
La Commission fédérale des artistes, élue, comprend des peintres, sculpteurs, architectes, graveurs lithographes de renom : Corot, Daumier, Manet, Millet, Courbet, par exemple, y représentent les peintres. Son but : La libre expansion de l’art, dégagé de toute tutelle gouvernementale et de tous privilèges, la défense des artistes dans leur indépendance et dans leur dignité. La Fédération des artistes a pour président Gustave Courbet, et un Comité des Beaux-Arts, chargé de sauvegarder les œuvres du passé et de faire connaître l’art contemporain, protège effectivement bien des monuments et réalisations artistiques des éclaboussures de la guerre civile : tableaux et statues du Louvre sont emballés, l’Arc de triomphe et les chevaux de Marly sont abrités, ainsi d’ailleurs que les bronzes de Thiers. Parallèlement, Courbet et ses amis animent un jeune mouvement qui rassemble des naturalistes et réalistes, de même que les premiers impressionnistes ; dans l’enthousiasme, des peintres entreprennent de critiquer l’académisme étouffant, l’art figé des maisons de Rome et d’Athènes. Ce faisant, ils contribuent à la reconnaissance de cette peinture de la réalité, de cette peinture libérée qui fera date.
Le Comité des Beaux-Arts se donne même pour ambition de répandre l’art jusque dans les mairies des villages : Le Comité, proclame-t-il, concourra à notre régénération, à l’inauguration du luxe communal et aux splendeurs de l’avenir, et à la République universelle. Vaste projet d’artistes révolutionnant leur discipline, de citoyens œuvrant au changement social. Comme l’écrivaient voici vingt-quatre ans ceux qui n’étaient encore que de tout jeunes historiens, Jean-Pierre Azéma et Michel Winock : Le côté exubérant d’un tel vœu n’enlève rien à l’idée prometteuse d’offrir au peuple la beauté, jusque-là confisquée par l’argent*.
* - J.-P. Azema et M. Winock, op. cit., p. 104.

Dès le 22 mars, le Comité central de la garde nationale a défini de la sorte ses conceptions militaires dans une proclamation précisant les attributions de la future assemblée communale : Elle donne à la cité une milice nationale qui défend les citoyens contre le pouvoir, au lieu d’une armée permanente qui défend le pouvoir contre les citoyens [7]. C’est clairement définir la nature et le rôle du militarisme, les fonctions de l’armée, et résolument dire sa volonté de rompre avec tout un passé d’oppression et de massacres.

Dès le lendemain de sa proclamation, la Commune décide en effet, par un décret du 29 mars, l’abolition de la conscription. Elle veut briser l’armée permanente, la remplacer par une force armée issue du peuple et constamment contrôlée par lui. Fini les casernes et soldats, place aux gardes nationaux fédérés, dont les officiers sont élus.

Il faut, certes, agir dans l’urgence, dans des conditions dramatiques, sous la pression permanente des attaques des soldats de l’armée de France, et les maladresses vont s’accumuler, les erreurs et incohérences se multiplier pendant les 72 jours que dure la Commune. Le fait que le commandement soit longtemps confié à Cluseret et Rossel —deux anciens officiers de l’armée de ligne, qui ne connaissent que leurs méthodes traditionnelles et se trompent, au fond, de troupes— ne fait qu’aggraver la situation. Il n’en reste pas moins que la volonté de rompre radicalement avec le militarisme et ses funestes conséquences préside aux décisions de la Commune. Et c’est peut-être une des raisons qui explique pourquoi l’armée frappera avec tant de férocité, d’atroce cruauté, quand elle rentrera dans Paris.

Une séance d’exorcisme ?

Destruction d’une affirmation du militarisme, œuvre de salubrité publique, la démolition de la colonne n’en est pas moins envisagée comme une bonne affaire pour les finances de la Commune : le bronze des canons d’Austerlitz est censé permettre la fabrication d’un million de pièces d’un sou. Et, le 20 avril, le Journal Officiel annonce : Les matériaux qui composent la colonne de la place Vendôme sont mis en vente. Ils sont divisés en quatre lots : deux lots, matériaux de construction ; deux lots métaux. Ils seront adjugés par lots séparés, par vote de soumissions cachetées adressées à la direction du Génie, 84, rue Saint-Dominique-Saint-Germain. [8]

Intérêt économique, sans doute. Entreprise civique, acte solennel d’une guerre civile investissant largement le champ symbolique, sûrement. Ainsi la Commune décide-t-elle d’abattre également la chapelle expiatoire, symbole de la monarchie, qu’avait fait construire Louis XVIII. Et l’édifice religieux ne doit de rester intact qu’aux manœuvres d’un monarchiste, qui en retarde la destruction jusqu’au bout. Ainsi, dans le XIe arrondissement, place Voltaire, une guillotine est-elle symboliquement brûlée le 6 avril, devant une foule enthousiaste. Ainsi rase-t-on, enfin, l’hôtel particulier de Thiers, place Saint-Georges.

Les massacreurs, de leur côté, ne seront pas non plus avares d’un usage important des symboles. Thiers théâtralisera sa victoire, dès le 7 juin, par un sordide psychodrame : l’archevêque Darboy sera, pour l’occasion, déterré, embaumé et célébré à Notre-Dame, lors d’une cérémonie voulue grandiose de « réparation » publique. Et, deux ans plus tard, sera élevé sur les hauteurs de Montmartre une basilique grotesque dite expiatoire : le Sacré-Cœur. Pour l’heure, les Communards se livrent, dans leurs quelques actions collectives de destruction, à des cérémonies qui s’apparentent au meurtre rituel. Michel Winock a, en ce sens, raison d’écrire que cette guerre des symboles n’(est) pas plus innocente que la magie noire : on anéantit l’ennemi en intention faute de pouvoir en acte. [9] Moments de meurtre rituel donc, d’exorcisme aussi, dans la mesure où ce sont là des actes de destruction grandiose et publique, qui ne comptent que par leur valeur symbolique. [10] Grands moments de fête enfin : la démolition de la colonne va être l’acte le plus spectaculaire, le plus théâtral même, de la révolution communale, avec la proclamation de la Commune devant l’Hôtel de ville et la manifestation des francs-maçons.

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Le peuple souffletant le despotisme
Arthur Arnould fut élu au Conseil de la Commune et participa à diverses commissions (Enseignement, Relations Extérieures...), avant de devenir responsable de la rédaction du Journal Officiel. Dans son Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris*, il consacra par la suite une belle page à l’analyse de la démolition de la colonne Vendôme. Non dénuées d’un lyrisme bien légitime, ces lignes sont parmi les plus lucides qu’il m’ait été donné de lire sur cet événement ô combien significatif des aspirations de la Commune.
Le décret du 12 avril fut peut-être maladroit, écrit-il, en ce sens que le Parisien, comme jadis le peuple d’Athènes et de Rome, tient essentiellement à ses monuments. Il en est personnellement fier. Ils sont sa propriété. C’est un artiste. L’une des choses qui indignait les plus indifférents, des gens qui ne trouvèrent pas une larme pour tant de leurs concitoyens égorgés, c’était de voir les obus thiéristes entamer l’Arc-de-Triomphe, criblant de larges blessures ses bas-reliefs.
On peut aussi prétendre que la Commune avait des mesures plus urgentes à prendre que d’ordonner la démolition d’un monument quelconque. Néanmoins, ce décret, assez mal accueilli au début, par une notable partie de la population, restera marqué d’un grand caractère moral.
C’était une affirmation éclatante des principes qui dominaient la Commune. C’était la déclaration que la Commune brisait, sans esprit de retour, avec tout un passé où avaient régné la fausse gloire et les triomphes du canon.
C’était la condamnation de la guerre et de la conquête, c’était le jugement du peuple et de l’avenir sur ce despote qui avait fait de la Révolution du droit humain l’asservissement de la France et de l’Europe.
C’était, en face des Prussiens vainqueurs et conquérants, rejeter à leur place véritable et marquer du sceau du mépris les victoires et les conquêtes de la force brutale.
En renversant cette colonne faite du bronze pris à l’étranger, en couchant la statue de Napoléon 1er sur le lit de fumier où elle alla choir au son de la Marseillaise et du Chant du départ, la Commune tendait la main à l’Univers affranchi et effaçait du même coup la honte de nos dernières défaites, —car elle jugeait la victoire.
C’était l’idée se substituant au fait, le peuple souffletant le despotisme dans la boue, marquant à l’épaule, du fer rouge de la Révolution, tous les grands capitaines, tous les Bonaparte d’hier, tous les Guillaume d’aujourd’hui. tous les Bismark de demain.
* Arthur Arnauld, Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, réédition Jacques-Marie Laffont et associés, 1981, p. 175.

Sous les obus, la fête

L’ingénieur chargé de la démolition s’était engagé par contrat, au nom du Club positiviste de Paris, à exécuter le 5 mai, jour anniversaire de la mort de Bonaparte, le jugement prononcé par l’histoire et édicté par la Commune de Paris contre Napoléon 1er. Est-ce parce qu’on lui débauchait souvent les ouvriers employés au projet ? L’opération est retardée au 16 mai, soit plus d’un mois après la signature du décret en ordonnant l’exécution. Et, ce 16 mai, la situation a terriblement changé : les troupes versaillaises sont alors au pied des remparts, les forts d’Issy et de Vanves sont tombés, et la direction de la résistance armée, confiée depuis peu à Delescluze, est à vau-l’eau. Le dévouement des fédérés, moins enthousiastes et mal coordonnés, va s’éteindre dans le vide. On dirait, écrira Lissagaray, une chaudière de machine dont toute la vapeur fuirait par cent issues. [11]

Bien peu de communards ont alors clairement conscience du danger qui se précise : dans moins d’une semaine, les militaires fusilleront dans les rues, aux carrefours, dans les jardins, partout. Pour l’heure, la Commune, qui est née dans la fête, célèbre en grande pompe la chute symbolique du césarisme. Assiégé, cerné, bombardé, le peuple de Paris fait la fête en couchant dans le fumier cette affirmation du militarisme. Dès 14 heures, une foule énorme remplit les rues proches de la place Vendôme. Des rumeurs circulent, s’enflent, prédisant toutes sortes de catastrophes : il y a là comme un acte sacrilège, on le sait bien. Gustave Courbet lui-même est inquiet : il a reçu, depuis quelques jours, de nombreuses lettres de menaces prétendument signées de rescapés de la Grande-Armée, qui lui promettent de venger par sa mort cette profanation. L’ingénieur, lui, s’est déclaré par contrat en mesure d’éviter tout danger. La colonne a été sciée horizontalement, tel un arbre, un peu au-dessus du piédestal. Une entaille en biseau doit faciliter la chute en arrière sur un vaste lit de fagots, de sable et de fumier, accumulé dans l’axe de la rue de la Paix. Un cble, attaché au sommet du monument, s’enroule autour du cabestan fixé à l’entrée de la rue. La place, isolée par des barricades, est remplie de gardes nationaux.

Tout est maintenant en place pour un spectacle de choix, une grande cérémonie officielle. Seuls les invités, porteurs d’un coupe-file à leur nom, orné d’une pique et d’un bonnet phrygien, peuvent s’approcher. Pas de surprise : les meilleures places sont au balcon du ministère de la Justice.

Un témoin de qualité : Vuillaume

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Le témoignage d’un de ces illustres invités nous est, parmi d’autres, fort précieux : celui de Maxime Vuillaume, l’un des rédacteurs du Père Duchêne, qui voulait ressusciter la feuille d’Hébert, et qui a conté dans ses très beaux Cahiers rouges ces moments d’émotion. L’arrivée sur la place, d’abord : Droite dans le ciel d’une pureté superbe —un ciel de floréal— la colonne se dresse. Le drapeau rouge, fixé à la balustrade, caresse mollement la face de César. (...) Les boutiques sont fermées. Collées sur les carreaux, de longues bandes de papier en croix, pour amortir les vibrations. [12]

Suivons notre témoin sur le balcon de Protot, le délégué à la Justice : Il y a foule dans la grande salle du ministère. Le balcon est déjà tout occupé. Par les fenêtres largement ouvertes, la place apparaît, grouillante d’uniformes. Le soleil brûle les pavés. Debout, appuyé contre la grille de la colonne, un jeune commandant d’un des multiples bataillons de Vengeurs, de Défenseurs, ou de Turcos. (...) Aux angles de la place, des musiques, dont les cuivres étincellent. Au-dessous de nous, cinq ou six membres de la Commune. Miot, avec sa haute taille et sa longue barbe blanche. Ferré, tout petit, le masque envahi par la barbe noire, le nez busqué, deux yeux noirs, noirs, très doux, qui brillent cependant, derrière le lorgnon, d’une flamme étrange. Sur le piédestal de la colonne, une demi-douzaine d’hommes, courent avec animation, interrogeant du regard l’écorchure du fût [13].

A 15h30, les fanfares des 172e et 190e bataillons de fédérés ouvrent la cérémonie en jouant la Marseillaise. Le Chant du départ lui succède et l’on commence à tendre les cordes du cabestan. On tire. Crac... Le cabestan cède. Les cordes se détendent... Murmures de déception. On dit qu’il y a des blessés [14]. Dix sept hommes ont été en effet projetés au sol, l’un d’eux est blessé. Des bruits de trahison circulent. On va chercher d’autres poulies... Une grande heure d’attente. Et l’on roule, dans un coin de la place, à l’abri, la lunette de l’astronome en plein vent, oubliée là, et qui allait être écrasée, elle aussi. bien innocente cependant [15].

17h 15 - Sur le piédestal, on enfonce des coins au pied du fût. Le drapeau rouge, qui flottait depuis quelques jours au sommet du monument, vient d’être enlevé. Simon Mayer, le commandant de la Place, paraît tout là-haut, sur la balustrade. Il agite longtemps un drapeau tricolore, le fixe à la grille et redescend vite. Très vite, mais cela paraît interminable aux spectateurs qui attendent ; et s’impatientent. Enfin ! Voilà le cabestan qui, à nouveau, vire.

Il est maintenant 17h 26. Ecoutons une nouvelle fois Vuillaume : Devant nos yeux passe subitement le battement d’aile d’un oiseau gigantesque... Un zigzag monstrueux... Ah ! je ne l’oublierai jamais, cette ombre colossale qui traversa ma prunelle !... Blouf !... Un nuage de poussière... Tout est fini... La colonne est à terre, ouverte, ses entrailles de pierres au vent... César est couché sur le dos, décapité. La tête, couronnée de lauriers, a roulé, tel un potiron, jusqu’à la bordure du trottoir [16].

Lissagaray.

Autre communard illustre et superbe historien de la Commune, Lissagaray n’est pas moins lyrique pour décrire la chute de ce symbole du despotisme militaire : César oscille et son bras chargé de victoire vainement bat le ciel. Le fût s’incline, d’un coup se brise en l’air avec des zigzags et s’abat sur le sol qui gémit. La tête de Bonaparte roule et le bras homicide gît détaché du tronc. Une acclamation comme d’un peuple délivré jaillit de milliers de poitrines. On se rue sur les ruines et, salué de clameurs enthousiastes, le drapeau rouge se plante sur le piédestal [17].

Les acteurs de l’événement sont en liesse. Un, deux, trois orateurs de fortune se succèdent pour dire leur joie. Des hommes se précipitent pour se partager les débris. Mais la Monnaie veille, jalouse de ses prérogatives budgétaires. Et tout un chacun peut alors constater la matière dont était faite la colonne impériale. Le rédacteur de l’Estafette ne cachera pas sa surprise : Les privilégiés admis à contempler ce que fut la colonne ont pu constater avec nous, à leur grand étonnement, que les parties lisses du revêtement de bronze de cet édifice n’avaient pas plus de 2 cm d’épaisseur, ce qui nous autorise à réduire d’au moins moitié le prétendu chiffre de 1 200 pièces de canons dont se composait ce trophée de la sauvagerie césarienne [18].

Justice est faite !

Deux jours plus tard, le Cri du Peuple exulte : Elle est tombée ! La sentence du peuple est exécutée. Justice est faite ! Elle est tombée cette colonne faite de canons achetés par tant de cadavres, qui se dressait sombre, rigide, brutale, lourde et bête, portant au ciel un faux César aussi odieux, despotisme militaire au milieu du Paris républicain.

Tout le monde n’est pas de cet avis, il s’en faut. A Versailles, bien sûr, où le maréchal Mac-Mahon, qui commande l’armée de la France, proteste par un ordre du jour indigné : Soldats ! La colonne Vendôme vient de tomber. L’étranger l’avait respectée. Des hommes qui se disent Français ont osé détruire, sous les yeux des Allemands qui nous observent, ce témoin des victoires de nos pères contre l’Europe coalisée (...). Proclamation malhonnête, qui entretient la confusion entre Napoléon et ceux qu’il fit périr sur les champs de bataille. Mais texte habile, tant dans l’esprit populaire Badinguet et Bonaparte ne s’identifient pas. Le mythe napoléonien a la vie dure et les réactions sont, dans la capitale même, très partagées : Fallait-il vraiment abattre la colonne pour déboulonner une idole ?, se demande-t-on. La Commune n’avait-elle pas des mesures plus urgentes à prendre ? Et le Parisien n’est-il pas, au fond, très attaché à ses monuments ? Malgré les bombardements, malgré les exécutions sans procès, les ambulances mitraillées, les blessés achevés et les prisonniers fusillés, Versailles marque un point dans la guerre psychologique [19].

Décision maladroite pour certains, inopportune pour d’autres, la destruction sacrilège soulève les passions des amis de l’ordre. L’explosion de la cartoucherie Rapp, le lendemain 17 mai, apparaît à beaucoup comme un acte de vengeance des Versaillais. Et George Sand peut laisser éclater, deux jours plus tard, sa haine de classe : Paris tout entier est ivre-mort ! Le seul exploit c’est de jeter la Colonne à terre. Vive Courbet ! (quelle ignominie). On ne comprend pas que l’armée n’en finisse pas avec cette orgie.

Moins d’une semaine plus tard, cet écrivain bourgeois aura de quoi être comblé : libérés par Bismarck à cette fin, officiers et soldats d’une armée prisonnière massacreront et condamneront par dizaines de milliers ces hommes et ces femmes qui avaient eu l’affront d’afficher haut et fort leur liberté. La communarde Louise Michel pourra, bien plus tard, de retour du bagne de Nouvelle-Calédonie, dire sa rage et son dégoût : D’abord, la tuerie en masse avait eu lieu quartier par quartier à l’entrée de l’armée régulière, puis la chasse au fédéré, dans les maisons, dans les ambulances, partout. On chassait dans les catacombes avec des chiens et des flambeaux (...) [20].

La vengeance du parti de l’ordre

Le samedi 27 mai, alors que la soldatesque fusille à tour de bras, Rossel, qui est encore caché dans Paris, note dans son Journal que l’Assemblée de Versailles fait à la Commune une concurrence déloyale : elle décide que la colonne Vendôme sera rebâtie, et détermine même les inscriptions en style lapidaire qui seront gravées sur le socle [21]. La guerre des symboles est loin d’être morte : républicains ou monarchistes, les bourgeois sont bien décidés à se venger. Ils ont eu si peur de perdre leur pouvoir et leurs privilèges...

Gustave Courbet, arrêté le 7 juin, est l’objet de rancunes féroces. Ainsi, l’écrivain Barbey-d’Aurévilly suggère-t-il de montrer à toute la France le citoyen Courbet scellé dans une cage de fer sous le socle de la colonne... On le ferait voir pour de l’argent [22].

Traduit devant le 3e conseil de guerre siégeant à Versailles, et tenu pour responsable du sacrilège, le peintre a beau jeu de démontrer qu’il n’était pas encore membre du Conseil de la Commune lorsque fut signé le décret qui ordonnait la démolition de la colonne. Et puis, argumente-t-il à l’audience du 14 août 1871, lui, voulait seulement la déboulonner, la transporter aux Invalides, et non la détruire. A le croire, la colonne obstruait, elle était laide, affreusement laide : C’était de la sculpture comme un enfant en ferait. Pas de perspective. Rien. (...) Sur la place Vendôme c’était une prétention malheureuse d’œuvre d’art qui faisait rire les étrangers. Aux Invalides, c’était autre chose. C’était un souvenir militaire qui n’avait pas besoin d’être artistique [23].

Pauvre Monsieur Thiers !
Le 21 floréal, an 79, autrement dit le 10 mai 1871, alors que les combats font rage de Saint-Ouen à Neuilly et que les obus versaillais éventrent les maisons de Paris, le premier acte du nouveau Comité de Salut Public est d’ordonner la destruction du domicile parisien de Thiers, place Saint-Georges.
Le vendredi 12 mai, le drapeau rouge flotte sur la demeure du « chef de pouvoir exécutif », réfugié à Versailles. Et, le lendemain, Da Costa grimpe sur le toit, pioche en main. Destruction symbolique, rituelle, de l’hôtel particulier de celui que les Communards affublent volontiers de surnoms colorés : Adolphe-le-Petit, Cœur saignant, Obus 1er, Général Tom Pouce...
Comme tant d’autres, le journaliste Rochefort applaudit, dans Le Mot d’Ordre : Il est de toute justice que ce vieil évadé voie tomber sa maison dans un décret, puisqu’il a l’infamie de faire tomber les nôtres sous les obus.
Thiers en devient enragé. Et plus odieux encore. Le fait est que, notera Lissagaray, cette étourderie valut au bombardeur un petit palais que l’Assemblée rurale lui vota (...) [24]. L’historien réputé qui se prenait pour un fin stratège ne répugnait pas à soigner ses petites affaires personnelles : il se fit en effet rembourser son cher hôtel particulier. Au prix fort. Au fond, nous dit Bernard Noël, peut-être rien n’est-il plus révélateur de son caractère que le marchandage auquel il se livra devant l’Assemblée nationale alors que Paris sentait encore le cadavre. Il réclama 1 600 000 francs à titre de dommages, l’Assemblée offrit 1 000 000, somme jugée très large. Thiers finit par transiger à 1 053 000 francs. Les historiens ne l’en félicitent pas moins d’avoir magnifiquement redressé l’économie française (...). Le 17 mars 1873, à l’unanimité, l’Assemblée vota que Thiers avait bien mérité de la patrie (...) [25].

Souci esthétique, soit. Courbet n’était pas seul responsable de cette décision et l’on comprend qu’il ait choisi, comme tant d’autres, d’esquiver ses responsabilités devant ses juges, alors que tombaient encore sous les balles des pelotons d’exécution tant de ses amis. L’on a cependant peine à croire que le peintre n’était animé que de ce que le président du tribunal qualifiera de zèle artistique. A preuve, ces « Lettres de Gustave Courbet à l’armée allemande et aux artistes allemands », rédigées dès octobre 1870 et où l’on peut lire cette invitation : Laissez-nous vos canons Krupp, nous les fondrons ensemble ; le dernier canon, gueule en l’air, coiffé du bonnet phrygien, planté sur un piédestal acculé sur trois boulets, et ce monument colossal, que nous érigerons ensemble sur la place Vendôme, sera notre colonne, à vous et à nous, la colonne des peuples, la colonne de l’Allemagne et de la France à jamais fédérées [26].

Amour de l’art, d’un art libéré des tutelles académiques, des contraintes politiques et économiques, bien sûr. Mais aussi désir non moins sincère d’une paix, d’une fraternité universelle qui passe, sans coup férir, par la destruction de tous les édifices militaristes. Et Courbet de tonner en ces termes : Quand les frontières auront disparu, plus ne sera besoin de forteresses pour les garder. Plus de forteresses, partant, plus d’armées... Les assassins seuls tueront.... Belle utopie, prématurée sans doute. Mais en définitive non contradictoire avec son système de défense, qui préférerait mettre l’accent sur la protection des œuvres d’art qu’il avait assurée. La trempe d’une Louise Michel tenant tête aux juges militaires est, à proprement parler, exceptionnelle.

Courbet accablé

La modération relative de la peine (6 mois de prison, 1 500 F d’amende) qui frappe le peintre ne suffit pas à satisfaire la soif de vengeance des amis de l’ordre. Le 30 mai 1873, soit six jours à peine après son élection à la présidence de la République, Mac-Mahon propose la reconstitution de la colonne. Et un projet ubuesque, à peine croyable, germe : faire payer à Courbet cette reconstruction !

Une saisie-arrêt est sur-le-champ prononcée sur tout ce que le peintre possède à Paris et à Ornans. L’artiste finit par se réfugier en Suisse, près de Vevey, pour échapper à la ruine. La colonne est reconstruite, à nouveau surmontée de l’effigie de l’empereur. Et, le 4 mai 1877, la facture lui est présentée : 323 091 francs et 68 centimes, soit la bagatelle de trois à quatre millions de nos francs actuels. Accablé, le peintre demande à payer par annuités. Faveur accordée : il devra payer quelque 10 000 F par an, pendant 33 ans, jusqu’à sa... 91e année. Epuisé, attristé de tant de bassesse, Gustave Courbet mourra le 31 décembre 1877 : la veille du jour fixé pour le paiement de sa première annuité.

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Une semaine plus tard, Jules Vallès, lui aussi en exil en Suisse, rendra au grand peintre ce bel hommage : Après tout ne le plaignons pas ! Il a eu la vie plus belle que ceux qui sentent, dès la jeunesse et jusqu’à la mort, l’odeur des ministères, le moisi des commandes. Il a traversé les grands courants, il a plongé dans l’océan des foules, il a entendu battre comme des coups de canon le cœur d’un peuple, il a fini en pleine nature, au milieu des arbres, en respirant les parfums qui avaient enivré sa jeunesse, sous un ciel que n’a pas terni la vapeur des grands massacres (...) [27].

La Commune avait eu l’insolence de vouloir déclarer la paix au monde. Elle posait les premières pierres d’une République qu’elle voulait universelle en couchant dans le fumier celles qui se dressaient en colonne pour immortaliser le despotisme militaire. Quel honneur !, éructait le très officieux Journal des débats au lendemain de la Semaine sanglante : Notre armée a vengé nos désastres par une victoire inestimable. Une victoire sur le peuple qui l’entretenait et dont elle se nourrissait. Quoi d’étonnant à ce que l’un des premiers actes de la bourgeoisie victorieuse fut de généraliser le service militaire obligatoire, de célébrer la soldatesque. De relever ce bâton énorme, symbole de sa souveraineté, écrira Lissagaray : Pour remonter le maître sur son piédestal, il fallut un échafaudage de trente mille cadavres [28].

 

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Voir en ligne : Cet article est extrait du n°44 de la revue Gavroche - Mars-Avril 1989. Tous les numéros de cette revue (1981-2011) sont sur le site Fragments d’Histoire de la gauche radicale.


[1Henri Heine, cité par P.O. Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871, Librairie contemporaine de H. Kistemaeckers, Bruxelles, 1876 - Réédition F. Maspéro, 1972, P. 290.

[2Armand Lanoux, Le Coq rouge. Une histoire de la Commune de Paris, Grasset, 1872 - Réédition Librairie J. Tallandier, 1972, P. 319.

[3Texte de la pétition cité par Maxime Vuillaume, in Mes Cahiers rouges au temps de la Commune, Paul Ollendorff, 1909. Réédition fac-similé, Albin Michel 1971, p. 251.

[4Julles Vallès, in Le Réveil du 6 janvier 1878, cité par Maurice Chourry, in Les poètes de la Commune, Seghers, 1970, p. 241.

[5Bernard Noël, Dictionnaire de la Commune, Fernand Hazan, 1971, p. 104.

[6Jacques Rougerie, Procès des Communards, Julliard, Collec. Archives, 1964, p. 185.

[7Cité par Bernard Noël, op. cit., p. 21.

[8Ibid., p. 358.

[9Michel Winock, La Fièvre hexagonale. Les grandes crises politiques (1871-1968), Calmann-Lévy, 1986. Réédition seuil, collec. Points, 1987, p. 40.

[10Jean-Pierre Azema et Michel Winock, Les Communards, Ed. du Seuil, collec. Le temps qui court, 1964, p. 123.

[11P.O. Lissagaray, op. cit., p. 224.

[12Maxime Vuillaume, op. cit., pp. 246-247.

[13Ibid., p. 248.

[14Ibid., p. 249.

[15Id.

[16Ibid., pp. 249-250.

[17P.O. Lissagaray, op. cit., p. 291.

[18L’Estafette, 19 mai 1871.

[19Armand Lanoux, op. cit., pp. 321-322.

[20Louise Michel, La Commune. Histoire et souvenirs, Stock, 1898. Réédition Maspero, 1970, t.II, p. 63.

[21Louis-Nathaniel Rossel, Mémoires, procès et correspondance, présentés par Roger Stéphane Jean-Jacques Pauvert, 1960.

[22Cité par Jean-Pierre Chabrol, dans sa préface à l’ouvrage de Maurice Chourry, op. cit., p. 29.

[23Cité par Maxime Vuillaume, op. cit., pp. 251-252.

[24P.O. Lissagaray, op. cit.. p. 285.

[25Bernard Noël, op. cit., p. 347.

[26Cité par Bernard Noël, op. cit., pp. 103-104.

[27Jules Vallès, in Le Réveil, 6 janvier 1878, op. cit.

[28P.O. Lissagaray, op. cit., p. 291.