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Erich Mühsam : « Le révolutionnaire » (1909)

samedi 27 juillet 2019, par Erich Mühsam (CC by-nc-sa)

Dédié à la social-démocratie, ce poème est en fait une critique des concessions permanentes de ce mouvement. Il es paru dans le recueil Der Krater (Berlin, 1909).

 

Il était une fois un révolutionnaire
Nettoyeur de lampes de son métier
Qui s’en alla au pas révolutionnaire
Avec les révolutionnaires

*

Et il cria : Je révolutionne
Et le bonnet révolutionnaire
Sur l’oreille gauche
Il devenait très dangereux

*

Et les révolutionnaires marchèrent
A travers les rues
Où il avait l’habitude
De nettoyer les becs de gaz.

*

Afin de les éloigner du terrain
On arracha les becs de gaz
Pour faire des barricade
Avec les pavés de la rue

*

Mais notre révolutionnaire
Dit : Je suis le lampiste
Je vous en prie ne faites rien
A ces bonnes lumières brillantes

*

– Si nous supprimons la lumière
Aucun bourgeois n’y verra clair.
– Laissez les lampes debout je vous en prie
Sinon je ne suis plus de la partie.

*

Les révolutionnaires se mirent à rire
Et ils brisèrent les becs de gaz
Alors le lampiste s’enfuit
En pleurant des larmes amères.

*

Et il resta dans sa maison
Et là , il se mit à écrire un livre :
« Comment on révolutionne
Sans démolir les becs de gaz ».

Erich Mühsam

 


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