Peu de gens savent que le célèbre écrivain suédois était aussi un anarchiste. Stig Dagerman, né en 1923, est l’auteur de plusieurs chef-d’œuvre de la littérature comme Le Serpent ou L’Enfant brûlé, Appartenant à une génération qui a connu la neutralité suédoise pendant la Seconde Guerre mondiale, il exprime une profonde angoisse jointe à un sentiment de culpabilité. Une partie de son œuvre est un peu une réponse au prétendu « miracle suédois ». Dagerman était aussi anarcho-syndicaliste. Son père l’avait très tôt amené aux réunions du mouvement et son beau-père appartenait au mouvement anarchiste allemand. Mais, celle filiation n’est pas la seule raison de son engagement : Dagerman était anarchiste, il est temps que l’on accepte, en France, cette vérité sur laquelle on a plus ou moins fermé les yeux jusqu’à maintenant. Et pas un
.anar
opportuniste, prêt à retourner sa veste à la vue de la première médaille en chocolat. Non, un anarchiste viscéral, comme on dit. Convaincu, militant. C’est dans le cadre du mouvement de jeunesse des anarchistes suédois qu’il fit ses premières armes de journaliste et d’écrivain.
A partir de 1941, il participe à la rubrique culturelle du quotidien anarcho-syndicaliste Arbetaren, organe de la Svériges Arbetaren Central Organisationen (S.A.C.). Il y collaborera jusqu’à sa mort. Arbetaren inaugure sa page culturelle sans aucune illusion mais, malgré tout, dans l’espoir de réussir, une fois de temps en temps, à troubler le calme parfait de la mare aux canards au moyen d’un pavé juste assez agressif ».
Doté d’une profonde sensibilité, Dagerman balancera entre son pessimisme littéraire et son rêve de fraternité. Finalement, il se suicidera en 1954, en pleine célébrité. Il nous reste son œuvre, presque complète en français et un dossier réalisé par la revue Plein Chant, d’où nous tirons quelques extraits. Ils montrent que son talent de romancier n’avait d’égal que son engagement.