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Louis Lecoin - Un militant exemplaire [05]

vendredi 22 janvier 2021, par Sylvain Garel (Copyright)

En novembre 1916, Lecoin sort de prison. Pierre Martin vient de mourir. Quelques jours après sa libération, le 3 décembre, Lecoin se rend à une réunion au local du journal de Sébastien Faure C.Q.F.D. Il prend à parti le tribun anarchiste, l’accusant de continuer à faire paraître un journal censuré et d’être trop timide face aux socialistes et au gouvernement en raison de ses attaches avec les partis non anarchistes et de ses accointances [1]. Alphonse Barbé, alors déserteur, témoin de la dispute, rapporte : Sébastien Faure, qu’il accuse devant une centaine de camarades libertaires, non seulement de trahir la paix, mais d’être vendu au gouvernement, ceci parce que Malvy, ministre de l’Intérieur, avait mis Sébastien Faure en demeure de cesser sa propagande pacifiste, car il y allait de la vie d’un certain nombre de soldats des tranchées, dans les paquetages desquels on avait trouvé des tracts contre la guerre, signés Sébastien Faure ; placé en face de cette situation tragique et de ses responsabilités, Sébastien Faure accepta de suspendre sa campagne pour la paix ; c’est pour ce geste d’humanité que Lecoin tenta de fustiger ce dernier, il ne fut pas suivi par l’assemblée qui arbitrait le débat [2].

Lecoin, plus tard, regrette ses accusations : Ma jeunesse et mon impétuosité, mon inexpérience, me rendirent injuste envers lui à qui je reprochais, avec véhémence, ce que j’appelais ses coupables ménagements à l’égard des anarchistes de guerre [3].

De nouveau en prison, pour insoumission, Lecoin et d’autres détenus politiques de la Santé, rédigent en juin 1917 un numéro clandestin du Libertaire , ainsi qu’un peu plus tard, un manifeste, peut-être le premier, soutenant les maximalistes de Lénine.

L’armistice signé, Le Libertaire réapparaît à partir de janvier 1919. Lecoin, toujours en prison, y collabore dès les premiers numéros sous le pseudonyme de Leonic. Conscient de l’inefficacité du mouvement en 1914, il écrit un article intitulé « Organisons-nous » où il appelle à la constitution d’une organisation anarchiste [4].

Son opinion est importante pour le mouvement libertaire. Lecoin est un martyr qu’il convient de faire libérer. Le Libertaire mène une campagne et publie une brochure [5] Louis Lecoin est devenu pour nous jeunes libertaires, jeunes syndicalistes, un exemple à suivre. Il nous avait démontré qu’on pouvait être à la fois syndicaliste, libertaire et antimilitariste [6].

Le Libertaire doit attendre jusqu’à la fin novembre 1920 pour titrer sur trois colonnes à la une « Lecoin libéré » [7]. Il vient de passer huit années en prison !


[1Archives Nationales. F. 7/13061, rapport du 4 décembre 1916.

[2Défense de l’Homme, septembre 1971, p. 10.

[3Louis Lecoin, Le cours d’une vie, déjà cité p. 95.

[4Le Libertaire, 8 février 1920.

[5L’anarchiste Louis Lecoin et la guerre, Paris 1918 (6 pages).

[6May Picqueray, May la réfractaire, Paris 1980 (247 pages), p. 55. 1916.

[7Le Libertaire, 28 novembre 1920.