Steinlen est né à Lausanne en 1859 et décédé à Paris en 1923. Peintre, graveur, illustrateur, affichiste et sculpteur, ses thèmes favoris étaient l’injustice sociale, les chats et les nus féminins. Les titres de ses œuvres : Louise Michel sur une barricade (1885), Les Petits martyrs (1892), La Libératrice (1903), Les Prolétaires, Le Cri des opprimés ou Le Locataire (1913), Les Veuves de Courrières (1909), affichent sa fibre libertaire. Il a mis en lumière la dure condition des prolétaires et les luttes sociales qu’ils ont menées pour leur émancipation. Il illustra des ouvrages littéraires comme Les Soliloques du pauvre de Jehan Rictus, des chansons comme L’Internationale d’Eugène Pottier et Dans la rue d’Aristide Bruant. Habitant de Montmartre, il fréquenta le Cabaret du Chat noir dont il illustra le journal du même nom.
Par ses dessins, il enrichit livres et brochures liés au mouvement anarchiste : L’État, son rôle historique de Pierre Kropotkine, La Question sociale de Sébastien Faure, Évolution et Révolution d’Élisée Reclus, Guerre et militarisme de Jean Grave. Suite à une visite à Charles Malato et Ernest Gégout qui étaient emprisonnés à Sainte-Pélagie pour délit d’opinion, il illustra leur livre-témoignage Prison fin de siècle.
Il collabora à divers journaux humoristiques : L’Assiette au beurre, Le Rire, Gil-Blas, Les Hommes d’aujourd’hui, Les Humoristes. Principal illustrateur de La Feuille de Zo d’Axa, il s’engage contre les mensonges de l’armée et pour que justice soit rendue à Dreyfus. Il participa aux côtés d’autres illustrateurs libertaires (M. Luce, J. Grandjouan, F. Vallotton, P. Signac, C. Pissarro…) au journal de Jean Grave Les Temps nouveaux.
Pour ne pas être arrêté à la suite des lois scélérates de 1893 et 1894 visant à réprimer le mouvement anarchiste, il quitta la France pour Munich (où il publia dans Simplicissimus) et la Norvège. Steinlen milita pour la constitution d’un syndicat des artistes peintres et dessinateurs qui adhéra à la CGT en 1902. Il figure dans le comité constitué pour ériger la statue à Louise Michel. Il signe plusieurs pétitions pour dénoncer la condamnation à mort du cordonnier Jean-Jacques Liabeuf.
Pendant la Guerre de 14-18, Steinlen se rendit sur le front et dessina les corps brisés des poilus, les ouvriers exploités par la machine de guerre, le désarroi des populations déplacées. Il se servit de son art pour témoigner de la barbarie des guerres.