Les anarchistes étant par définition difficiles à comptabiliser, peut-on néanmoins évaluer le nombre des héritiers de Bakounine à la veille de la « Grande guerre », et leur capacité à influencer le cours des événements ?
L’ANARCHISME, COMBIEN DE DIVISONS ?
Une enquête de police datée de mai 1914 [1] décomptait en tout et pour tout 613 militants actifs, dont 282 membres de la Fédération communiste anarchiste révolutionnaire, prolongement de la FCA, l’organisation nationale constituée en 1911. Une autre estimation, très approximative, peut être obtenue en additionnant les ventes des hebdomadaires anarchistes (Les Temps nouveaux, Le Libertaire, L’anarchie) en activité avant la guerre, soit 13 000 à 14 000 exemplaires [2]. En extrapolant, on pourrait situer à une quarantaine de milliers le nombre des proches sympathisants, sachant qu’un même journal était souvent lu par plusieurs personnes, mais que quelques-uns devaient acheter plusieurs journaux [3]. Si l’on s’en tient strictement aux chiffres, la mouvance anti-étatique du mouvement ouvrier ne pesait donc pas lourd en face de l’organisation marxiste. Avec les 90 000 adhérents, 1 400 000 électeurs et 101 députés de la Section française de l’Internationale Ouvrière (SFIO), la social-démocratie semblait en voie de réussir son pari de conquérir bientôt le pouvoir par les urnes.
Le tableau était en réalité moins contrasté et de nombreuses passerelles allaient de l’anarchisme aux organisations de masse du mouvement ouvrier.
Gustave Hervé, par exemple, membre de la SFIO et qui n’avait jamais appartenu à aucun groupe libertaire, défendait dans son journal La Guerre sociale des thèses antipatriotiques et antimilitaristes radicales. D’autres adhérents de la SFIO provenaient quant à eux directement de l’anarchisme comme Eugène Vigo — dit Miguel Almereyda [4] —, ou Léon Werth, tous les deux ayant rejoint le parti de Jean Jaurès en 1912, par souci d’efficacité. Mais c’est principalement de la jeune Confédération Générale du Travail, alors en plein essor [5], que le courant anti-étatique et anti-autoritaire tirait son influence. L’adhésion, à la CGT embryonnaire, de la Fédération des bourses du travail, dont l’anarchiste Fernand Pelloutier fut le secrétaire général et l’âme de 1895 jusqu’à sa mort en 1901, lui avait donné l’impulsion décisive pour devenir le syndicat révolutionnaire de masse du mouvement ouvrier français. Trois de ses quatre premiers dirigeants, Pouget, Delesalle, Yvetot, étaient de formation libertaire, Victor Griffuelhes venant du blanquisme. Ils pensaient que le syndicalisme révolutionnaire avait intégré le meilleur de l’anarchisme, et qu’il était à présent la seule voie menant à la révolution sociale, la propagande par le fait
ayant échoué. Et s’il est vrai qu’après le congrès et la Charte d’Amiens (1906) [6] la tendance syndicaliste révolutionnaire
dominante prit ses distances par rapport aux partis et aux sectes
, la CGT, à la veille de la guerre, restait fortement marquée par ses origines libertaires : la Charte d’Amiens prônait la grève générale comme arme décisive pour obtenir l’expropriation capitaliste
et la suppression du patronat, et elle fixait pour mission au syndicat, non seulement d’organiser la résistance et la revendication, mais surtout de se préparer à constituer pour l’avenir, le groupement de production et de répartition, base de la réorganisation sociale
. Le secrétaire général de la CGT en 1914, Léon Jouhaux, qui avait été élu en 1909 comme candidat des révolutionnaires
, venait tout droit du mouvement anarchiste, ainsi que Pierre Monatte, l’animateur du journal La Vie ouvrière. Lors du congrès anarchiste d’Amsterdam de 1907. Monatte, répondant à Errico Malatesta qui reprochait aux libertaires de la CGT de considérer le syndicalisme comme une finalité et non comme un simple moyen, avait défendu le principe de l’indépendance politique du syndicat
et appelé les anarchistes à entrer dans la nouvelle organisation du mouvement ouvrier pour y renforcer le courant révolutionnaire.
En 1914, le sang n’avait pas encore coulé entre les familles du mouvement ouvrier. Elles pouvaient se croire en accord quant au but, sinon sur la stratégie : la Deuxième Internationale proposait toujours la transformation de l’ordre capitaliste de propriété et de production en un ordre socialiste de production et de propriété [7]
, mais par la voie parlementaire. Entre les anarchistes et les marxistes, d’importants courants spécifiquement français, l’allemanisme et le blanquisme [8], puisaient dans la tradition jacobine et communarde. Les militants de toutes ces organisations se disaient socialistes, héritiers des Sans-culottes, de Proudhon et des insurgés de la Commune. Victor Griffuelhes, le secrétaire général de la CGT de 1902 à 1909, qui voulait la protéger des réformistes autant que des braillards
, personnifiait la synthèse des différentes tendances de la gauche révolutionnaire française.
DES PAROLES...
Les affrontements étaient nombreux et meurtriers en ce début de siècle entre la classe ouvrière et la troupe. Les anarchistes, pour qui l’armée était l’ennemi naturel du peuple, avaient impulsé en 1904 la création de l’Association Internationale Antimilitariste (AIA) où se côtoyaient Miguel Almereyda, Georges Yvetot et Gustave Hervé. L’AIA avait alors deux préoccupations : la guerre sociale et la guerre internationale. Une affiche de 1905 proclamait : Quand on vous commandera de décharger vos fusils sur vos frères de misère [...] vous tirerez sur les soudards galonnés qui osent vous donner de pareils ordres
et, plus loin : Quand on vous enverra à la frontière [...] à l’ordre de mobilisation vous répondrez par la grève immédiate et par l’insurrection...
. Elle valut trois à quatre ans de prison aux responsables de l’association. L’affiche fut reproduite l’année suivante en janvier, puis en février avec 3 000 signatures, mais l’AIA était épuisée et ses animateurs sous les verrous.
Le risque de conflit avec l’Allemagne grandissant, les organisations anarchistes en vinrent à envisager des dispositions plus précises contre l’entrée en guerre. Lors de son premier congrès, le 4 juin 1911, la FCA prit la résolution de saboter les voies ferrées et d’arrêter les représentants de l’État au premier jour de l’appel sous les drapeaux. L’année suivante, son secrétaire général, Louis Lecoin, proposa, pour empêcher la mobilisation, que dix camarades conscients
par régiment abattent chacun un officier, déclaration qui lui coûta une condamnation à cinq années de prison.
Ces menaces, proférées par quelques militants environnés de mouchards, ne troublaient guère le ministre de l’Intérieur. Plus inquiétante aurait pu être la brochure rouge de 36 pages dont des centaines d’exemplaires furent saisis dans différentes villes de France au début de l’année 1914. Ce document, intitulé « En cas de guerre », avait été rédigé par des anarchistes de la CGT. Tiré à 2 000 exemplaires, il circulait depuis avril 1913 entre les syndicats et les groupes d’extrême gauche. La première partie rappelait les thèses anarchistes, la seconde appelait à la grève générale insurrectionnelle en cas de mobilisation, et la troisième, beaucoup plus pratique, expliquait, croquis à l’appui, comment saboter la guerre
.
Cependant, même si certains des auteurs de ce manuel de sabotage occupaient des responsabilités dans la CGT, il s’en fallait de beaucoup pour que la Confédération épouse ces thèses jusqu’au-boutistes.
En fait, toutes les composantes du mouvement ouvrier s’étaient heurtées à la même difficulté : déclencher la grève pour empêcher son propre pays d’agresser ses voisins, soit ; mais que faire lorsqu’il est attaqué ? [9] Tous continuaient à raisonner d’un point de vue national plutôt qu’en termes de lutte des classes. L’insurrection patriotique de la Commune de Paris et de la guerre des francs-tireurs contre l’invasion prussienne restait la référence révolutionnaire, et la germanophobie un sentiment très partagé.
La Deuxième Internationale avait adopté en 1907 le principe d’une grève générale simultanée qu’elle savait parfaitement irréaliste, puisque le SPD allemand n’envisageait pas de sortir de la légalité [10].
La CGT avait fait preuve de la même irrésolution lors de son congrès de Marseille, en octobre 1908, en appelant à la grève générale révolutionnaire [...] du point de vue international
.
Mais les militants anarchistes eux-mêmes, malgré les déclarations enflammées de leurs porte-parole les plus en vue, étaient loin d’être unanimes sur la conduite à tenir. Pierre Kropotkine, de passage à Paris en novembre 1905, avait provoqué un véritable tollé en affirmant dans Les Temps nouveaux : Si la France était envahie par les Allemands, je regretterais une chose : c’est qu’avec mes soixante ans passés, je n’aurais probablement pas la force de la défendre... Non pas comme soldat de la bourgeoisie, bien entendu, mais comme soldat de la révolution, dans les légions franches de révolutionnaires, pareilles à celles des garibaldiens et des francs-tireurs de 1871 [...] Un nouvel écrasement de la France serait un malheur pour la civilisation. [...] C’est parce que j’ai vécu la révolution sociale et intellectuelle des trente dernières années que je pense que les antimilitaristes de toute nation devraient défendre chaque pays envahi par un État militaire et trop faible pour se défendre lui-même ; mais surtout la France, quand elle sera envahie par une coalition de puissances bourgeoises qui haïssent surtout dans le peuple français son rôle d’avant-garde de la révolution sociale...
Malgré la tempête de protestations qu’elle avait suscitée, la position du vieux leader russe devait rassembler la quasi-totalité des libertaires français à l’instant de vérité.
... AUX ACTES
Comme on pouvait s’y attendre, l’engrenage guerrier ne laissa aucune chance à une résistance si peu déterminée.
Le 29 juillet 1914, l’Autriche-Hongrie et la Serbie étant en guerre depuis la veille et tandis que la Russie commençait à mobiliser, les parlementaires socialistes allemands acceptèrent de voter les crédits militaires. Plus rien ne pouvait, dès lors, empêcher la conflagration.
Le 3 août, l’Allemagne déclarait la guerre à la France et envahissait la Belgique neutre. Le sentiment qui submergea la plupart des Français, celui d’être attaqué par un ennemi sans scrupule, était bien celui décrit par Kropotkine. Il n’y eut pour ainsi dire aucune manifestation d’opposition, aucun acte de sabotage, et encore moins d’assassinat d’officier.
L’entrée en guerre suscita les revirements les plus spectaculaires, non seulement celui de l’ensemble des dirigeants socialistes, mais également de la plupart des anarchistes.
Du côté des leaders d’opinion, Gustave Hervé, qui signait il y a peu ses articles Un sans-patrie
, s’était bien assagi depuis sa dernière sortie de prison, deux ans auparavant. Le déclenchement du conflit le transforma en ultra-nationaliste, partisan acharné de l’Union sacrée et de la guerre totale. Miguel Almereyda, son ex-camarade à l’AIA, à La Guerre sociale, et animateur depuis novembre 1913 du Bonnet rouge qui promettait de tout mettre à feu et à sang au premier coup de clairon, écrivit le 3 août sous le titre, « Notre guerre » : La guerre actuelle est une guerre sainte [...] Notre cause, c’est la cause de l’indépendance des peuples, c’est la cause de la liberté, celle pour laquelle nos pères allaient au combat et mouraient en chantant...
.
Presque tous les journalistes mobilisables des Temps nouveaux et du Libertaire rejoignirent les casernes qu’ils appelaient à brûler quelques jours auparavant [11].
Parmi les militants de la FCA, Louis Lecoin et Pierre Ruff [12] étaient en prison depuis 1913 pour leurs appels à saboter la guerre ; Henry Combes [13], sur le point d’être arrêté, s’était enfui en Angleterre, de même qu’Édouard Boudot [14].
Les destins des trois principaux rédacteurs de la fameuse « brochure rouge », tous inscrits au « carnet B », se séparèrent à jamais lors de la mobilisation : si Jacques Long [15] s’enfuit en Espagne, Édouard Sené [16] et Eugène Jacquemin [17] se rallièrent à l’Union sacrée. Car de nombreux militants en vue, non contents d’endosser l’uniforme sans barguigner, revendiquèrent leur engagement dans le camp belliciste au nom de la guerre révolutionnaire. Ainsi Charles Albert [18] et Charles Malato [19], journalistes aux Temps nouveaux, le premier promettant aux ouvriers qu’ils allaient combattre pour la révolution
, le second que les soldats alliés apporteraient la liberté aux peuples d’Europe à la pointe des baïonnettes
.
Autre rédacteur des Temps nouveaux, Henri Gauche [20] s’engagea volontairement, et un intellectuel comme Léon Werth, qui allait, deux ans plus tard, témoigner sur l’horreur des tranchées dans l’admirable Clavel soldat, demanda à partir au front comme simple soldat, lorsqu’il fut mobilisé en août 14.
La CGT avait suivi le parti socialiste comme son ombre. Léon Jouhaux, en réalité fasciné depuis longtemps par la puissance des syndicats réformistes d’Angleterre et d’Allemagne, avait pris exemple sur les « bonzes » allemands et accepté la guerre plutôt que de risquer son organisation dans une aventure illégaliste. Le 1er août, il n’eut aucun mal à obtenir l’unanimité contre la grève générale au Comité confédéral de la CGT.
Tout s’était effondré sous mes pas, raconte Pierre Monatte dans ses souvenirs. [...] Stupéfaction devant l’explosion de chauvinisme au sein de la classe ouvrière. Plus encore devant le déraillement de tant de militants syndicalistes et anarchistes, de presque tous les socialistes. Le socialisme venait-il d’être tué ? La guerre avait-elle balayé l’esprit de classe, notre espérance en l’émancipation des travailleurs de tous les pays ? [...] Difficile de ne pas croire que nos idées d’hier n’étaient plus que de lamentables ruines
.
Une grève générale aurait-elle eu des chances de réussir ? Bien peu, dans l’état d’impréparation où se trouvaient les organisations ouvrières. Aurait-elle pu entraîner les ouvriers allemands ? Impossible à dire, mais le renoncement sans combat devant ce qui allait se révéler la pire tragédie jamais vécue par les peuples d’Europe brisa irrémédiablement et l’Internationale, et le syndicalisme révolutionnaire.
L’ANARCHISME AU PÉRIL DE LA PATRIE
S’ils étaient tombés de haut, les anarchistes, du moins certains d’entre eux, furent les premiers à se relever.
Sébastien Faure lança la première proclamation publique contre la guerre en décembre 1914, en même temps que Pierre Monatte démissionnait du Comité confédéral de la CGT qu’il accusait de s’être déshonorée
en refusant de participer à une conférence socialiste internationale pour la paix, organisée par les partis scandinaves [21]. L’année suivante, les emprisonnés, les exilés, et des personnalités de tous pays comme Emma Goldman et Errico Malatesta réclamaient à leur tour l’arrêt des hostilités. Lecoin et Ruff, à peine sortis de prison, partaient dans les rues de Paris distribuer des tracts contre la guerre, et retournaient aussitôt derrière les barreaux. Pour courageuses qu’elles fussent, ces actions n’étaient que des piqûres d’épingle portées au Moloch déchaîné. Pendant ce temps, dans la boue des tranchées, combien de militants internationalistes pleuraient de rage avec Léon Werth ? Si j’ai prétendu faire la guerre pour imposer la paix, c’est parce qu’on m’a trompé... peut-être parce que j’ai bien voulu m’être trompé, parce que cela m’épargnait la révolte ou la désertion qui obligent à des actes difficiles... Je n’ai pas cru que les élus socialistes pouvaient mentir ou être dupes si complètement. Je croyais que les socialistes ministres avaient eu, à accepter d’être ministres, un scrupule au moins égal à mon scrupule d’accepter le risque de tuer ou de mourir. Sans quoi, quelles fripouilles seraient-ils ?... J’ai cru leurs scrupules levés par la plus indéniable certitude... Quelles raisons avions-nous de ne point nous exposer à notre propre mort, quand ils en trouvaient d’assez bonnes pour accepter la responsabilité de nous engager à mourir ? Et maintenant, on voit par les journaux qu’en Allemagne comme en France, en France comme en Allemagne, le peuple est réduit à l’obéissance par le moyen des mêmes dogmes, des mêmes sophismes, des mêmes arguments interchangeables, des mêmes abstractions inconsistantes, de la même rhétorique qui personnifie les nations... [22], Marc Pierrot [23] et de plusieurs autres rédacteurs des Temps nouveaux, affirmait que la poursuite de la guerre était nécessaire pour défendre la justice et le droit.
La rancœur tourna en haine. En mars 1918, Charles Malato parlait de coller au mur
les pacifistes. Un an plus tard, l’éditorial du premier numéro du Libertaire, nouveau autorisé à paraître, prétendait réduire le désastre du mouvement anarchiste à la faillite de quelques-uns :Si nous avons sujet de méditer, ce n’est pas sur la fragilité de nos doctrines, de notre idéal, mais bien sur le manque de conscience, sur la lâcheté, sur l’aberration dont ont fait preuve certains individus qui ne peuvent prétendre à eux seuls personnifier l’anarchie
.
La querelle ne cessa que bien des années plus tard, avec la mort des protagonistes.
Dans la CGT, les opposants à la guerre restèrent minoritaires tout au long du conflit. Parmi les grands anciens, Delesalle continua de soutenir la position de Léon Jouhaux, Victor Griffuelhes — germanophobe endurci — prétendit refuser à la fois le vote des crédits de guerre et la paix de compromis, Georges Yvetot et Émile Pouget se tinrent à l’écart des débats, le premier participant à des actions en faveur des orphelins de guerre, et le second écrivant des feuilletons patriotiques pour L’Humanité.
La résistance de Sébastien Faure, Louis Lecoin, et de militants toujours plus nombreux à reconnaître s’être trompés sauva l’honneur du mouvement libertaire, mais elle servit surtout d’épouvantail au gouvernement et aux chefs militaires. Puisque l’Union sacrée incluait le parti socialiste et que le consentement patriotique
des combattants à leur sacrifice ne pouvait faire l’ombre d’un doute, la résistance des soldats, les mutineries, les fraternisations, les grèves de la guerre, trouvèrent leur explication officielle dans l’action pernicieuse de mystérieux anarchistes. En réalité, la propagande pacifiste ne touchait pas les poilus de l’infanterie combattante, et on n’en trouve quasiment aucune trace dans leurs écrits. À partir de 1915, une fois les ouvriers renvoyés à l’arrière pour travailler dans les usines d’armement, les mines, ou pour servir dans les armes moins exposées, ce sont les paysans qui fournirent 80 % des effectifs de la « biffe » (l’infanterie) et l’essentiel des pertes. Abandonnés dans l’enfer des tranchées, ignorés du reste de la société, révoltés lorsqu’ils traversaient les grandes villes où les riches embusqués couraient à leurs plaisirs, incapables de faire partager leur souffrance aux civils abusés par le bourrage de crânes, réprimés par les soldats des autres armes quand ils se rebellaient, ceux-là n’avaient pas eu besoin de grandes théories pour comprendre que la patrie des généraux et des marchands de canons était leur ennemi mortel.