Nous avons dit sur Grave à peu près ce qu’il y a à dire. Son histoire est celle de ses livres, de ses brochures, de ses journaux, elle se lie intimement aux événements et c’est pourquoi nous avons insisté sur le procès des Trente.
Pour achever de le peindre, il nous faut indiquer le. brave homme qui se dissimule un peu trop sous des dehors de sauvage et de frustre. Cela tient à ce que Grave aime avant tout la tranquillité. On le rencontre toujours chez lui au milieu des fleurs qu’il adore et parmi ses bouquins. D’autre part, il ne voit pas sans surprise s’élever les nouvelles chapelles anarchistes qui ressemblent de fort loin aux écoles d’autrefois et au milieu desquelles il fait un peu figure d’antédiluvien.
L’anarchisme s’est transformé en effet. Aujourd’hui tout est à la logique, à la géométrie, à l’éducation, à l’abus du raisonnement. Les communistes-libertaires, les révolutionnaires, les partisans de l’organisation, les adversaires de certains procédés aussi dangereux qu’inutiles, tels que Jean Grave, nous apparaissent comme vieux, très vieux, comme les représentants d’une époque abolie et les jeunes d’aujourd’hui les traitent volontiers de « primitif » ou de « vieille barbe. »