Qualifié de brute sanguinaire ou, au mieux, d’aventurier, Fournier n’a fait l’objet d’aucune étude. Né en Haute-Loire, il doit son surnom au fait qu’il possédait une fabrique de tafia à Saint-Dominique. Ruiné, il rentra en France. En 1789, il est capitaine de la Garde nationale et l’un des principaux agitateurs. Il participe, comme organisateur technique, à la prise de la Bastille et à la marche sur Versailles. Lors de la manifestation populaire du Champ-de-mars (juillet 1791), il aurait, selon Michelet, tiré sur Lafayette qui commandait la troupe. Lors de la prise des Tuileries, Fournier encourage les bataillons marseillais à marcher pour chasser tous les scélérats et brigands qui conspiraient la perte totale des Français et leur esclavage
. On le retrouve avec Varlet (voir ce nom) lors de la tentative de siège de la Convention (31 mai 1793) et sa présence inquiète les députés jacobins. Fournier est ensuite chassé du Club des Cordeliers pour diverses malversations qui sont un prétexte en pleine répression jacobine contre les militants radicaux. Il échappe à la guillotine mais on l’arrête après la dernière émeute populaire de Prairial (1795). Il est libéré et se trouve impliqué plus tard dans un attentat contre Bonaparte, ce qui lui vaut la déportation. Indomptable, il complote encore sous la Restauration et retourne un temps en prison. Il meurt dans la misère en 1825. Son cynisme de fripon n’excluait pas des idées sincères qui ne lui rapportèrent guère, alors que des « idéalistes » de 1793 purent se reconvertir en rentiers.
Fournier a laissé quelques pamphlets et des Mémoires secrets assez intéressants (aux Archives nationales). C’est un exemple de ces agitateurs, placés entre les leaders et le peuple, qui prirent ensuite leur autonomie. |