La danse des bombes
Michèle Bernard (2001) | Louise Michel |
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Oui barbare je suis Oui j’aime le canon La mitraille dans l’air Amis, amis, dansons La danse des bombes Garde à vous voici les lions Le tonnerre de la bataille gronde sur nous Amis chantons, amis dansons La danse des bombes Garde à vous voici les lions Le tonnerre de la bataille gronde sur nous Amis chantons ! L’acre odeur de la poudre Qui se mêle à l’encens Ma voix frappant la voûte Et l’orgue qui perd ses dents La danse des bombes Garde à vous voici les lions Le tonnerre de la bataille gronde sur nous Amis chantons, amis dansons La danse des bombes Garde à vous voici les lions Le tonnerre de la bataille gronde sur nous Amis chantons ! La nuit est écarlate Trempez-y vos drapeaux Aux enfants de Montmartre La victoire ou le tombeau Aux enfants de Montmartre La victoire ou le tombeau ! Oui barbare je suis, Oui j’aime le canon, Oui mon cœur je le jette A la révolution ! La danse des bombes Garde à vous voici les lions Le tonnerre de la bataille gronde sur nous Amis chantons, amis dansons La danse des bombes Garde à vous voici les lions Le tonnerre de la bataille gronde sur nous Amis chantons ! Oui mon cœur je le jette A la révolution ! |
Amis, il pleut de la mitraille. En avant tous ! Volons, volons ! Le tonnerre de la bataille Gronde sur nous… Amis, chantons ! Versailles, Montmartre salue. Garde à vous ! Voici les lions ! La mer des révolutions Vous emportera dans sa crue. En avant, en avant sous les rouges drapeaux ! Vie ou tombeaux ! Les horizons aujourd’hui sont tous beaux. Frères nous lèguerons nos mères A ceux de nous qui survivront. Sur nous point de larmes amères ! Tout en mourant nous chanterons. Ainsi dans la lutte géante, Montmartre, j’aime tes enfants. La flamme est dans leurs yeux ardents, Ils sont à l’aise dans la tourmente. En avant, en avant sous les rouges drapeaux ! Vie ou tombeaux ! Les horizons aujourd’hui sont tous beaux. C’est un brillant levé d’étoiles. Oui, tout aujourd’hui dit : Espoir ! Le dix-huit mars gonfle les voiles, O fleur, dis-lui bien : au revoir. En avant, en avant sous les rouges drapeaux ! Vie ou tombeaux ! Les horizons aujourd’hui sont tous beaux. |
Sous les niaoulis
Michèle Bernard (2001) | Louise Michel | |
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Sous les niaoulis Louise apprenait à lire Aux petits enfants de la Canaquie Sous les niaoulis Sous les niaoulis Louise, à quoi rêvait-elle Loin des barricades et loin des fusils Si loin du pays ? Soufflez dans vos conques, tapez le bambou Couvrez le bruit de la mitraille Liberté chérie, liberté debout Honte aux assassins de Versailles ! Sous les niaoulis Tous les hommes sont égaux En lettres jolies sur le grand tableau Louise avait écrit « Pour tous mes amis Là-bas, qu’on tue, qu’on enchaîne Enfants, écrivez : l’esclavage est mort Il faut qu’on l’oublie » Soufflez dans vos conques, tapez le bambou Tout ça c’est des mots, des bêtises Soufflez dans vos conques, tapez le bambou Tout ça c’est des mots, des bêtises Et sur les rochers, enfants de Lifou, S’écrase le Temps des Cerises Soufflez dans vos conques, tapez le bambou Enfants, réveillez la rengaine Liberté chérie, liberté debout Louise, il faudrait qu’on s’en souvienne Sous les niaoulis |
Sous les niaoulis, les arbres des tribus, Nous écoutons les flots aux murmures confus. Il faut que l’aube, se lève ; Chaque nuit recèle un matin. Pour qui la veille n’est qu’un rêve, L’herbe folle deviendra grain. Les flots roulent, le temps s’écoule, Le désert deviendra cité. Sur les mornes que bat la houle S’agitera l’humanité. Nous apparaîtrons à ces âges Comme nous voyons maintenant Devant nous les tribus sauvages, Dont les rondes vont tournoyant ; Et de ces races primitives, Se mêlant au vieux sang humain, Sortiront des forces actives. L’homme monte comme le grain. Sur les niaoulis gémissent les cyclones, Sonnez, ô vents des mers, vos trompes monotones ! |
Au cimetière de Levallois
Michèle Bernard (2001) |
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Au cimetière de Levallois Drôle de belle au bois Tu dors depuis cent ans, c’est fou Comme le temps creuse son trou ! Au cimetière de Levallois Carré vingt, te voilà Un monument te fait de l’ombre C’est pour fêter les hécatombes Du chemin des Dames aux djebels La mort entasse sa gabelle En cent ans, que d’idées nouvelles Le massacre à l’industrielle Une race part en fumée Et le Livre Rouge est fermé Au cimetière de Levallois Drôle de belle au bois Tu dors depuis cent ans, c’est fou Comme le temps creuse son trou ! Au cimetière de Levallois T’as des voisins de choix Madame Soleil, Léon Zitrone Le bonheur en casaque jaune Le rêve en paillettes dorées Tu vois qu’on a fait des progrès Ravel avec ses sortilèges Eiffel et sa tour sous la neige Théophile, ton bel ami Mort aux cerises, sans un cri Au cimetière de Levallois Drôle de belle au bois Tu dors depuis cent ans, c’est fou Comme le temps creuse son trou ! Du cimetière de Levallois Devine ce qu’on voit : Des tours aux cent mille fenêtres Qui lancent au ciel leurs grandes lettres Apple, Hitachi, Paribas Le monde emmêle ses cabas Une voie de chemin de fer Longe le mur et s’en va faire Un petit tour chez les zonards Où sont passés les Communards ? Au cimetière de Levallois Drôle de belle au bois Tu dors depuis cent ans, c’est fou Comme le temps creuse son trou ! Au cimetière de Levallois Un oiseau t’aperçoit Le voilà posé sur ta tête Ses ailes te font une aigrette Noire comme un drapeau têtu Et sautille sur ta statue Puis s’envole à travers la grille Qu’à tous les vents il éparpille Cet air qui ne veut pas mourir Où l’on refuse d’obéir Au cimetière de Levallois |
Cantate pour louise michel
Michèle Bernard - Album
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