La survie de l’œuvre poétique de Mandelstam est un témoignage remarquable de résilience et de dévouement. Nadejda, son épouse, a joué un rôle crucial en mémorisant l’intégralité de ses poèmes.
Cette méthode de préservation orale n’était pas seulement fidèle à la vision de Mandelstam sur la musicalité de la poésie, mais aussi une nécessité face à l’impossibilité de publication, aux risques de disparition de l’œuvre.
Après la mort de Mandelstam, Nadejda vécut une existence précaire, menacée par le NKVD qui voulait étouffer l’héritage du poète.
Pour fuir la traque des tchékistes, elle adoptera un mode de vie nomade, changeant fréquemment de lieu de résidence et d’emploi.
Il forge ses décrets comme des fers à cheval,
Et les jette à la tête, à l’œil, à l’aine.
Chaque mise à mort est une fête [*],
Et vaste est l’appétit de l’Ossète.
L’affaire Mandelstam connaîtra son dénouement à la fin du XXe siècle. Jusqu’en 1987, sous la Perestroïka, le poète était considéré comme un criminel. Après la chute de l’URSS sa poésie put enfin sortir du samizdat, sept décennies après l’écriture de la célèbre épigramme contre Staline.
Michel Aucouturier, préfacier des mémoires de Nadejda intitulées Contre tout espoir, souligne que l’on cherchait à effacer le crime commis contre Mandelstam. Pourtant il est impossible de lire son poème sans réaliser le prix terrible exigé pour son art et son courage.